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Le blog de Lucien PONS

Cinq ans et un jour: Vanetchka Ermilov dans la commune de Louganskaïa. Par Danielle Bleitrach

4 Juillet 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ukraine

Cinq ans et un jour: Vanetchka Ermilov dans la commune de Louganskaïa

Vanetchka Ermilov, il avait 5 ans et un jour…

Vanetchka Ermilov, il avait 5 ans et un jour…

Vanetchka Ermilov, il avait 5 ans et un jour… voici le tableau de chasse de nos médias, de Fabius, Hollande sans oublier ce porc de BHL tous ont offert ce petit cadeau à Obama… jusqu’où va la servilité ? (note de Danielle Bleitrach)

Mercredi 2 juillet à 11 heures du matin, une attaque aérienne a eu lieu dans la commune de Louganskaïa, près de Lougansk, dans l’Est ukrainien. Si le nombre de morts, tous des civils, reste encore méconnu, l’horreur de l’attaque, elle, ne peut être ignorée.

Message de l’auteur sur facebook : En temps normal, je ne donne pas mes impressions. Mais ce que nous avons vu aujourd’hui dans la commune de Louganskaïa, un maximum de gens doivent le voir, parce que les médias ukrainiens ont déjà fait des allusions selon lesquelles les « terroristes » auraient fait ça eux-mêmes. Et nos médias russes qui n’y prêtent même pas attention… S’il vous plaît, pas de « like », partagez.

Une poussette devant une maison détruite lors de l’attaque à Lougansk. Itar-tass

Une poussette devant une maison détruite lors de l’attaque à Lougansk. Itar-tass

Cinq ans et un jour

Mardi 1er juillet, Vanetchka Ermilov avait fêté ses cinq ans. C’était un petit bonhomme vivant, espiègle et rieur, adoré des enfants de son âge et de ses parents. Le lendemain, mercredi, à cinq ans et un jour, Vanetchka avait disparu. Lui et sa famille, pour le pouvoir de Kiev, étaient des ennemis, des « séparatistes ». Sa maison, avec des dizaines d’autres dans la commune de Louganskaïa, a été anéantie par une attaque aérienne. À 11 heures du matin – au beau milieu du jour. Son père Vladimir Ermilov est mort avec lui. On a essayé de sauver Vanetchka – son petit corps déjà carbonisé a été apporté à l’hôpital. Mais il n’avait aucune chance.

- Je suis partie travailler au magasin, mais j’avais un mauvais pressentiment, explique Olga Ermilova, qui a perdu son mari et son fils. Et quand on m’a appelée pour me dire ce qui s’était passé, j’ai voulu en finir. Les miens… Ils aimaient regarder la télévision ensemble, installés sur le canapé. Et ils seront ensemble aussi dans le même tombeau !!! Pour quoi ?! Mon Dieu ! Quelles mères ont enfanté ces monstres !!! Soyez maudits, les Timochenko, Porochenko et tous les fascistes.

Nous avons été surpris par les frappes aériennes dans la ville – les sirènes ont retenti, les insurgés se sont jetés sur les canons antiaériens et ont tiré quelques salves. Il semblait qu’ils les avaient repoussés. Mais visiblement, ces chasseurs du ciel se fichaient de qui ils bombardaient. Parce que Louganskaïa, finalement, c’est presque Lougansk.

Cette justice sommaire était absurde et impitoyable. Quand, apprenant ce qui s’était passé, nous sommes arrivés dans la commune, il y avait des trous causés par les explosions presque partout. Pourtant il n’y a pas de rebelles, ici. Ce pont détruit, là, il bloquait le chemin. C’est un pont piéton, il ne servait qu’aux pêcheurs de retour de la rivière. Et cette Lada Kopeïka, là, entièrement brûlée – j’ai appris par la suite qu’au moment de l’attaque, elle était conduite par un couple de retraités. Dans les rues sur lesquelles s’est abattu le feu, il n’y avait pas non plus de combattants de l’armée populaire : les check-points sont loin, au-delà du village.

Au centre de Louganskaïa se trouve le bâtiment de la police : toutes les vitres sont brisées. Et à côté, un trou au beau milieu d’une maison, dont il ne reste que des murs couverts de poussière de ciment. Derrière, une autre, et encore une… Kiev rapporte que les troupes n’ouvrent le feu que sur des objectifs reconnus. Ces objectifs, ce sont Vanetchka et les retraités, sans doute.

- Mon mari et son ami étaient dans le garage, raconte Nelly Sotelnik, une dame âgée qui porte un foulard noir. Ils bidouillaient la voiture. J’ai entendu le bruit d’un avion, et ensuite un grondement terrible, comme un tremblement de terre. Et à la place du garage – un incendie. Mon mari a reçu dix éclats, son ami, huit. Tous les deux en sont morts.

Beaucoup ne survivront pas jusqu’au matin

La rue Oktiabrskaïa, bombardée, est constellée de trous d’explosion. Quand nous sommes arrivés, quelques ruines brûlaient encore. Toits effondrés, débris de murs de briques, même la conduite de gaz est endommagée. De ma vie, je n’ai vu ça qu’après les inondations à Krymsk, avec ici, en prime, l’odeur de brûlé, les flammes et les éclats d’obus tout frais, dispersés au sol.

Voilà encore un trou au milieu de la route, à côté, une moto calcinée et… ce qui reste du motard, sous un drap déchiré. Dans une cour à côté, d’autres corps. Les morts n’ont pas été emportés – ils n’ont plus besoin d’aide. Les médecins ont tenté de sauver ceux pour qui il restait de l’espoir. Nous nous hâtons vers l’hôpital local. Sur la route, nous achetons de l’essence – il n’y a pas de lumière dans l’hôpital, ils fonctionnent sur un générateur diesel. Le médecin-chef adjoint Valeri Kononov attrape le jerrican, sincèrement reconnaissant. Il n’a pas dormi depuis plusieurs nuits, parce que des blessés sont amenés chaque jour. Mais ce que Valeri a vu mercredi, même lui en a encore les mains qui tremblent.

- 11 blessés sont arrivés chez nous, explique Kononov. Un seul avec des traumas moyens. Les autres avaient des blessures très graves, tous avaient été touchés à plusieurs endroits par des éclats d’obus et fortement brûlés. Quatre sont déjà morts. Les autres… Nous ne perdons pas espoir, mais les blessures sont telles que beaucoup ne survivront probablement pas jusqu’au matin.

Personne ne connait le nombre exact de morts. Selon certaines informations, il resterait dans les maisons les corps d’encore six victimes minimum de ce raid aérien.

- Salopards, murmure entre ses dents un habitant d’une des rues bombardées. Sa maison se trouve au bout de la rue, elle a été quasi épargnée. Je peux vous dire qu’après ça, ne serait-ce qu’en serrant la main de ces politiciens de Kiev ferait de quelqu’un monstre et un criminel. Je les aurais bien étranglés moi-même – un par un. Le moment viendra.

Habitants de la commune attaquée. Itar-tass
Habitants de la commune attaquée. Itar-tass

Note de l’auteur : En jetant un œil, par la suite, dans les médias ukrainiens, je suis resté sans voix : les représentants de la junte kiévienne annoncent que l’enfer de sang de Lougansk a été organisé par les rebelles eux-mêmes. Du genre, notre artillerie a frappé de l’autre côté, et de toute façon, l’aviation ne volait pas dans ce coin-là. Mais d’ailleurs, quoi d’étonnant… On a déjà vu ça, et plus d’une fois. À Slaviansk, ils disaient qu’ils tiraient sur les rebelles alors qu’ils visaient l’hôpital. Et maintenant, le brave pilote qui a appuyé sur la gâchette va sûrement faire son rapport sur la façon dont il a liquidé avec succès les séparatistes. Peut-être même qu’il aura une médaille.

http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/07/03/cinq-ans-et-un-jour-vanetchka-ermilov-dans-la-commune-de-louganskaia/

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