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Le blog de Lucien PONS

L'Union européenne contre l'identité nationale, selon Jean-Claude Milner. Reprise du blog: "La Lettre Volée".

30 Décembre 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Europe supranationale, #La nation ., #La France, #La République, #Politique intérieure, #Economie

Vendredi 19 décembre 2014

L'Union européenne contre l'identité nationale, selon Jean-Claude Milner

Les Zemmour, Millet, Finkielkraut, et autres identitaires, sont polarisés sur l'Islam, comme si là était le principal risque pour la démocratie française.

Le principal danger pour la démocratie française, il est symboliquement dans le portefeuille de chacun, sous forme de billets de Monopoly assez laids.

De fait, c'est l'Union européenne le principal ennemi de la France en tant que corps politique démocratique. Jean-Claude Milner l'exprimait fort bien dans un entretien accordé à Marianne le 5 septembre dernier :

Milner : ...le doute s'est installé dans l'esprit des français sur le caractère national de leurs gouvernements.

Marianne : Que voulez-vous dire ?

Milner : Aujourd'hui l'esquisse même d'un programme de type Front Populaire serait tout bonnement impossible. A cause de l'Europe.

Même le programme qui avait été défini par François Hollande lors de la dernière campagne présidentielle ne serait complètement applicable qu'à la condition de rompre avec plusieurs principes posés par l'Europe - je pense à la règle de libre concurrence qui interdit à l'Etat de soutenir des entreprises en difficulté.

Or, la possibilité que l'Etat soit un acteur économique faisait partie de l'identité nationale. [...] On soutient que le Parti socialiste, à la différence de son homologue allemand, n'a pas fait son Bad Godesberg et n'a pas voulu assumer sa mue sociale-démocrate. C'est vrai, mais le PS a choisi l'Europe. Or, cela revient strictement au même. Sauf qu'on demeure dans le non-dit. Au lieu d'une révision idéologique explicite, on a préféré maintenir un idéal programmatique, en y juxtaposant une idolâtrie européenne qui, de fait, voue ce programme à du pur bavardage. Conclusion : les socialistes subissent un tiraillement maximal entre deux fantasmes.

Dans sa conclusion, Milner note que la question de l'Islam est incluse dans celle de la nature de l'Etat, au sens propre c'est une question subalterne.

Marianne : En France, écriviez-vous dans « De l'école », « tout tient à quelques fragments de savoir ». Ce sont ces fragments de savoir qu'il faudrait remettre au cœur de notre actualité ?

Milner : Mais oui, car ces fragments de savoir et de culture spécifiques, liés à la singularité du modèle français, peuvent encore inspirer, en France, des décisions majeures. Un seul exemple : la neutralité de l'espace public. On ne peut que constater l'influence croissante du multiculturalisme ; elle s'appuie sur une donnée : la montée de l'islam politique, et sur une légende : les prétendus succès qu'auraient obtenus les modèles d'intégration fondés sur la juxtaposition et l'indifférence mutuelle des communautés. Or, ces modèles ont complètement échoué ; il suffit d'enquêter dans leurs zones d'influence : l'Europe du Nord et les nations anglophones. Quant à l'islam politique, plutôt qu'une menace, j'y discerne un rappel, qui n'a rien à voir avec l'islam.

L'erreur, c'est de croire que les libertés démocratiques, la tolérance, l'autonomie intellectuelle sont naturelles ; elles ne le sont pas. Elles sont artificielles. Elles dépendent d'une machinerie compliquée, dont le meilleur artisan et le meilleur protecteur est un Etat ; quant à cet Etat, le meilleur moyen qu'il a d'intéresser ses citoyens à son perfectionnement, c'est de prendre appui sur l'indépendance nationale. C'est pour avoir négligé cette donnée élémentaire qu'on a laissé se développer de véritables zones d'extraterritorialité, où s'imposent des contre-modèles antirépublicains. Face à l'imminence des fractures, un propos commun doit être réarticulé ; si l'on veut que ce propos soit audible dans l'opinion, on ne peut y parvenir qu'en donnant toute sa place à la détermination «Etat-nation». L'articulation de la dimension nationale et de la dimension étatique va devoir être réinscrite au cœur de nos préoccupations.

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