Dans l’intervention télévisée de ce jour, le président Hollande s’est livré à une parodie d’exercice démocratique. Au milieu des ors de la République, avec la présence nonchalante et détendue des ministres tels que Valls, Belkacem, Taubira ou même l’ineffable Rebasmen, des journalistes triés sur le volet et dont les questions avaient de toute évidence été choisies par avance, sont venus entendre un long monologue poussif et brouillon. Mais que pouvions-nous attendre d’un président qui confond la Novorossia et la Russie ?

Nous avons eu droit à un passage rapide et sibyllin sur le cas de l’Ukraine. Dans ce discours éhonté, Monsieur Hollande nous parlait de la Démocratie ukrainienne, de la victoire des Droits de l’homme dans cette contrée… et des négociations à venir. Si nous nous conformions exactement à ce qu’il racontait, nous aurions pu croire que l’Ukraine avait été sauvée par un danger mortel. Le président Hollande oubliait de nous dire que le régime de Porochenko a été mis en place après un mouvement insurrectionnel suivi d’un coup d’Etat. Le mouvement Euromaïdan porte en effet bien son nom. La vraie poire de discorde a été une longue lutte depuis le début de l’année 2000 entre des oligarques richissimes de l’Ouest, dont Timochenko, 6e fortune du monde dans le classement féminin 2006 de Forbes est un exemple ; et des oligarques richissimes de l’Est qui trimballent les mêmes gamelles de la corruption, du désintérêt pour leur Peuple et plutôt un vif intéressement à retirer pour eux et leurs réseaux d’influences des avantages substantiels sonnant et trébuchant.

Nous avions d’un côté, un régime qui entendait geler le processus d’entrée dans l’Union européenne et entrer dans l’Union Eurasiatique et de l’autre une opposition prête à tout pour justement faire son entrée dans l’UE et vendre le pays aux Etats-Unis et à l’OTAN. Il ne fallut pas grand-chose pour pousser dans la rue les mouvements néo-nazis Svoboda et Pravy Sektor qui se chargèrent pour Porochenko de faire une Révolution qui bien qu’émaillée de quelques étudiants pacifiques et des paisibles grands-mères n’a pas fait longtemps illusion. Il est drôle de penser que le magazine Elle se prenait lui-même les pattes dans le filet de propagande ambiante qui fut déversée, en nous présentant comme une combattante de la liberté, une authentique jeune néo-nazie, justement affiliée au parti Pravy Sektor. C’était en novembre 2014, les mois ont passé.

Dans son allocution qui fut préparée par des journaux propagandistes comme Libération que nous dénoncions ce weekend, Hollande indiquait que les rebelles étaient armés et soutenus par la Russie, en omettant de dire que l’Union européenne et les Etats-Unis font de même depuis longtemps. Nous avons tous en tête les dizaines de photos qui montrent des soldats ukrainiens fraîchement habillés d’uniformes américains, de matériels américains saisis par les insurgés et même de ce soldat anglophone étrangement filmé dans Marioupol vers le 25 janvier et qui fuyait les caméras en indiquant : « Pas le visage, pas le visage ! [ne filmez pas] ». Que faisait donc ce brave soldat anglophone sous la bannière ukrainienne dans une ville désormais sur le front ? Quant était-il aussi de ce fusil autrichien Steyr, saisi par les soldats de la République de Donetsk et qui ne dote ni l’armée ukrainienne, ni l’armée russe ? Etait-ce un parachutage prévu pour les islamistes de Syrie et qui dans le brouillard estival s’était égaré au-dessus de l’Ukraine ? Sérieusement, à l’Elysée comme trop souvent, les gens sont pris pour « des lapins de six semaines ». Recevoir Porochenko à Paris alors que l’armée ukrainienne avait déjà massacré près de 8 000 civils dans le Donbass, parfois dans des conditions atroces, tortures, viols, pillages, tirs délibérés sur des quartiers résidentiels et des hôpitaux ; était déjà un camouflet à notre République. Mais parler dans le vide en laissant planer un doute et en sous-entendant que lesdits hôpitaux seraient bombardés par les insurgés, il y a eu une ligne franchie par le président Hollande.

Non Monsieur Hollande, les attaquants ne sont pas les insurgés. Les séparatistes ont proclamé librement leur indépendance et formés un gouvernement. Non Monsieur Hollande, ce gouvernement bien que russophone n’est pas sous les ordres de Poutine. L’offensive ukrainienne a frappé le Donbass de plein fouet. Les combats se déroulent sur les terres des habitants russophones du Donbass. Ils ont souvent de la famille partout dans le monde slave, en Crimée, dans le Caucase, en Russie, en Biélorussie, en Moldavie et bien sûr en Ukraine. Mais la Novorossia n’est pas la Russie. Si Monsieur Hollande avait un soupçon d’honnêteté, il saurait que des divergences existent justement entre elle et la Russie. Il y a même une certaine rancœur des gens du Donbass envers la Russie. Pourquoi pensent-ils la Russie n’intervient pas ? Vous comprendrez aisément qu’une telle pensée signifie que si la Russie aide bien comme elle le peut les populations du Donbass, elle ne peut-être assujettie à la Russie. C’est une entité indépendante qui n’a cessé d’ailleurs par le biais des médias (silencieux en France) de le crier.

Vous pourrez bien aller serrer les mains ensanglantées des massacreurs de Kiev, Monsieur Hollande. Vous pourrez bien aller rencontrer le président Poutine, un personnage d’une autre envergure que la vôtre. Mais vous oubliez que dans cette affaire, il y a le gouvernement, les autorités constituées des différentes régions séparatistes du Donbass. Croyez-vous sérieusement que la paix pourra se négocier sans les principaux intéressés ? Ceux qui sont bombardés et massacrés ? Ceux qui relèvent aujourd’hui la tête et donne une leçon magistrale de stratégie aux bandes ukrainiennes ? Nous avons bien entendu vos menaces Monsieur Hollande, celle d’armer puissamment les Ukrainiens censés « se défendre » mais qui ont été les agresseurs durant l’été 2014. Si l’avantage avait été pris par les Ukrainiens auriez-vous proposé d’envoyer des armes par équité aux combattants du Donbass Monsieur Hollande ? Que voulez-vous ici ? Vous faire le représentant des marchands d’armes américains ? Défendre la Démocratie ou nier le droit à disposer d’eux-mêmes des peuples ? Vous avez choisi cette négation, les marchands de mort et tendu la main à des assassins. Notre choix aussi est fait, vous n’avez jamais été le président que d’une coterie de mangeur de caviar. Craignez qu’un jour le Peuple français vous rappelle au bon souvenir de la Lanterne du ça Ira.

Par Laurent Brayard pour Novorossia Vision