Les élections législatives israéliennes annoncent l’éclipse durable d’un état palestinien. Par Paul Monmaur.
Les élections législatives israéliennes annoncent l’éclipse durable d’un état palestinien.
Alors que pendant des siècles, arabes et juifs vécurent en bonne harmonie en Palestine, l'idée selon laquelle il n’y a pas de place pour deux peuples sur cette terre revient de façon récurrente, depuis les années 1920, dans le discours des figures emblématiques du sionisme. Les élections législatives israéliennes de mars 2015 confirment, sans ambiguïté, qu’une très large majorité d’Israéliens partagent encore aujourd’hui, bon gré mal gré, cette idéologie élitiste, communautariste, raciste, expansionniste et, disons-le, fasciste.
De sorte que l’expulsion et, à défaut, l’extermination dans des camps de concentration de moyenne intensité - comme certains ont qualifié les camps de réfugiés - des Palestiniens qui refuseraient de s’exiler d'eux-mêmes hors de leur patrie a été et reste à l’ordre du jour. En témoignent les successifs exils et nettoyages ethniques dont ont été victimes de nombreux Palestiniens depuis 1948 et l’actuelle abnégation des Gazaouis, peuple martyr.
S'appuyant de plus en plus sur les théories théistes sans rien renier du reste, les sionistes d'aujourd'hui ne sont, à l’évidence, pas près de trahir le projet initié par leurs ascendants pionniers, à savoir la réalisation du Grand Israël, de la mer au Jourdain. La large victoire électorale des faucons israéliens aux législatives a le triste privilège de confirmer, en concordance avec les déclarations radicales de politique de colonisation du premier ministre sortant en campagne électorale, assuré aujourd’hui de conserver son fauteuil, que ce projet sera poursuivi avec méthode et rigueur, jusqu'à son terme et ce quel qu’en soit le prix. Les colonisateurs sont par nature arrogants et sans pitié. Une sévère leçon pour ceux qui l’avaient oublié et pensaient, à contresens de l’histoire israélo-palestinienne, qu'une évolution vertueuse spontanée des mentalités au sein du peuple israélien était possible et qu'elle laisserait s’échapper quelques miettes du festin colonial au profit de Palestiniens priés de s’en réjouir alors qu’ils sont dépossédés de plus de 90 % de leurs terres ancestrales, relégués pour nombre d’entre eux dans des camps déshumanisés, et réduits structurellement à l'état d'êtres insignifiants voués à l’oubli ! Ces miettes : un état palestinien morcelé, exigu, sans réelle souveraineté, chargé de lourds contentieux, quasi ingérable géographiquement, incapable de faire face aux exigences du droit inaliénable au retour, et placé, de facto, sous tutelle israélienne qui lui est par essence hostile. Bref, un état dérisoire pour les Palestiniens. Pour les Israéliens, un leurre qui a deux objectifs distincts mais complémentaires : 1) Gagner du temps pour poursuivre, jour après jour, la colonisation rampante de la Cisjordanie riche en ressources diverses et de Jérusalem-Est, et la consolider afin de la rendre irréversible. Un objectif pratiquement atteint aujourd’hui ! 2) Isoler complètement et définitivement les habitants de Gaza dont 80% sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés qui forment la substance même de la résistance palestinienne, et les pousser inexorablement vers leur funeste sort : l’exil ou l’extermination. C’est en cours !
Quoi que ce contexte ait de dramatique et de désespérant, tous ceux qui sont épris de justice, de solidarité et du respect des droits pensent qu’un autre destin est possible pour ces deux peuples et qu’il est devenu quasi incontournable : vivre ensemble et ce en bonne intelligence. Comme cela était le cas avant l’avènement du sionisme. C’est à dire dans un seul état s’étendant sur tout le territoire de la Palestine historique, démocratique, laïc et social dans lequel tous ses membres, qu’ils soient musulmans, druzes, juifs, chrétiens ou autres, partageraient les mêmes droits et seraient astreints aux mêmes devoirs 1, 2. Pour qu’il se concrétise et s’inscrire dans la durée, toutes les forces progressistes, notamment occidentales, doivent peser sur leurs gouvernements impérialistes et à plus long terme remiser ces soutiens tout-puissants et inconditionnels de la délétère idéologie sioniste dont l’appareil politique et le système militaire sont les principaux responsables de la tragédie palestinienne et de la déstabilisation régionale chronique. La tâche est, évidemment, immense mais possible... Et nécessaire. Il y va, en tout cas, de la survie de toute une population, celle de Gaza notamment. Il y va également du devenir d’autres peuples du Proche et Moyen-Orient, notamment libanais, kurde, irakien, syrien, victimes directes ou collatérales des luttes d’influences meurtrières que se livrent les impérialismes dominants et leurs alliés locaux dont Israël, sur fond d’enjeux politiques, stratégiques et/ou énergétiques. Il y va enfin du futur du peuple iranien placé sous la menace persistante du feu conventionnel mais aussi nucléaire israélien, et de la paix dans le monde.
Réflexions, le 23/03/2015
Paul Monmaur.
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http://www.sitecommunistes.org/ch395israel.htm
Elections en Israël : Des choses bougent.
La liste d’union des communistes et des nationalistes arabes obtient 11% des voix et 14 députés. Elle arrive en troisième position. Cette alliance comprenant des citoyens juifs et arabes israéliens signifie que des choses bougent et que des possibilités nouvelles s’ouvrent dans la lutte pour la défense des droits des travailleurs et dans la lutte pour un État palestinien.
COMMUNISTES est solidaire des luttes des travailleurs israéliens quelles que soient leurs origines et il est solidaire de la lutte du Peuple palestinien pour la conquête de ses droits légitimes.
Pour des centaines de milliers d’israéliens les questions sociales occupent une très large place. Le coût de la vie a progressé très rapidement ces derniers mois au point qu’il est plus élevé que celui de nombreux pays européens et qu’il n’est plus possible de masquer l’ampleur du chômage.
Ce mécontentement croissant a pu être récupéré une fois de plus par les partis traditionnels tels le Likoud de Nétanyahou (23%, 29 sièges) et l’Union Sioniste (19%, 24 sièges) qui ont eu quelque mal à masquer leur accord de fond sur la politique de colonisation et de refus d’un Etat palestinien. Au fond rien ne sépare ces formations qui jouent les gardes-chiourmes contre la liberté et les droits des peuples. Elles sont au service du capital et de l’impérialisme.