Ukraine : l’archétype de la femme slave et les créatures des ténèbres. Bonne fête, les femmes…
Ukraine : l’archétype de la femme slave et les créatures des ténèbres. Bonne fête, les femmes…
Début mars, dans les pays de l’ex-URSS, c’est le début du printemps et le moment de la fête des femmes, le 8 mars, que tout le monde croyait en Russie internationale et qui est peu fêtée ailleurs. Le 8 mars remplace pour les Russes la fête des mères et celle des grands-mères, c’est aussi celle des épouses, des institutrices, des infirmières, des petites amies, des amies et des collègues, et tout homme rencontré ce jour-là s’empresse de vous la souhaiter si vous appartenez à ce qu’on n’appelle pas là bas le « sexe faible » mais le « beau sexe ». C’est le jour des bouquets de fleurs, des petits cadeaux et des coups de fil. En cette période, il me revient en mémoire un certain nombre de figures féminines ukrainiennes à qui on peut souhaiter une bonne fête avec chaleur et enthousiasme et d’autres non.
La femme russe à laquelle on souhaite le 8 mars est une femme insérée dans la société, une femme qui travaille la plupart du temps, dans tous les secteurs d’activité, avec plus ou moins de diligence et de compétence, du médecin à la paysanne, de l’institutrice à l’artiste-peintre, de la biologiste à l’ouvrière, selon toute la mythologie du féminisme communiste à l’origine de la fête. Mais cette professionnelle est restée, malgré les excès des premières années de l’expérience soviétique, imprégnée des vertus orthodoxes de la femme slave éternelle, comme on peut le constater dans les divers films soviétiques de la grande époque, comme la Ballade du Soldat ou Quand passent les cigognes. Professionnelle compétente ou pas, elle reste une fiancée, une mère, une sœur, une amie tendre, celle qui attend et console, qui espère et encourage, qui se dévoue, jusque dans l’héroïsme guerrier. Ce qui n’empêche pas la Russie de compter de redoutables mégères et de tyranniques dragons, mais ce n’est pas là la figure idéale à laquelle on va porter les fleurs avec enthousiasme, même si on les lui porte quand même, parce que c’est la chef ou qu’on en a pitié…
La femme slave éternelle
En ce qui concerne l’Ukraine, nous porterons des fleurs avec enthousiasme à Elena Bondarenko, députée de la Rada ukrainienne qui répond entièrement à la définition : professionnelle compétente et courageuse, personnage politique, elle reste une femme, belle et humaine. Son appel qui date de plusieurs mois et qui avait été traduit par des bénévoles, n’avait pas été jugé digne d’attention par la presse occidentale à laquelle il était destiné, or c’était un appel au secours, une analyse précise de toutes les raisons qu’elle avait de voir en la junte de Kiev l’installation d’une dictature sanglante et téléguidée, à grands coups d’intox et de mensonge. «Tous ceux, dit-elle, qui appellent à la paix en Ukraine sont immédiatement inscrits par le gouvernement sur la liste des ennemis du peuple, comme ils le furent, par exemple, dans l’Allemagne des années 30-40 du siècle dernier ou au temps de la politique de McCarthy aux USA. » Elle explique avec précision les méthodes d’intimidation utilisées à son endroit ou à celui d’autres opposants, et évoque le bombardement du Donbass, et cela dès le début de l’affaire, car l’article d’Agoravox, daté de septembre est sorti longtemps après que les premières traductions eussent été proposées chez nous à des organes de presse qui n’ont pas daigné s’y intéresser.
Déclaration d’Elena Bondarenko, députée d’opposition au gouvernement de Kiev
Nous fleurirons de même Viktoria Shilova, leader du mouvement Antiguerre et députée du Conseil Régional de Dniepropetrovsk (où sévit le financier des bataillons néonazis, l’oligarque Kolomoïsky…) Elle affirme haut et fort son opposition aux crimes de guerre qui ensanglantent son pays et son refus de collaborer à la poursuite de cette boucherie. Elle le fait avec la précision d’une femme politique compétente qui connaît la question. Elle accuse clairement son gouvernement de crimes de guerre passibles d’un tribunal international, ce qui peut lui valoir de gros ennuis. Mais en femme saine et normale, elle n’aime pas la guerre, elle aime la vie. En femme de bon sens, elle voit la tromperie, le cynisme de gens qui massacrent toute une population en utilisant l’autre partie pour exécuter ses basses œuvres, sans la moindre considération pour cette chair à canon. Elle crie son indignation devant le massacre systématique des civils au Donbass : « faire la guerre en utilisant son propre peuple, c’est un crime. Qu’ils envoient leurs enfants là bas se faire bombarder ! Leurs propres enfants se promènent en Europe et profitent de la vie, tandis que 40 cercueils d’enfants s’alignent déjà au Donbass, ils s’en fichent, ce ne sont pas leurs enfants ! » Et profère la vérité ultime de la situation : « Nous avons échangé un pouvoir de voleurs contre un pouvoir d’assassins ». Il faudrait lui donner largement la parole, mais personne chez nous n’en prend la peine.
Puis nous irons porter un bouquet à Natalia Vitrenko, fondatrice et présidente du parti socialiste progressiste d’Ukraine, qui nous donne une analyse si profonde de ce qui arrive à son pays et qui pourrait arriver bientôt au nôtre. Là encore, le sous-titrage de ses vidéos est dû à un travail bénévole, car cette femme si percutante et profonde, qui nous donne une analyse exhaustive de ce qui arrive à son pays, et qui menace aussi tous les autres, qui nous ouvre des perspectives sur l’énormité effrayante des implications, n’intéresse pas les spécialistes homologués du monde slave. En suivant pas à pas ses explications argumentées, nous voyons nettement comment tout cela s’est mis en place, comment dès le départ, la junte avait désigné son ennemi, avant même que la guerre eût été déclenchée dans le Donbass. Et avec quelles méthodes de gangsters. Et sur quel monde orwellien tout cela débouche.
Complimentons aussi la brillante et ironique juriste Tatiana Montian, qui donne un tableau si incisif et clair de l’entière situation, et que feraient bien d’écouter nos médias :
Enfin n’oublions pas les femmes du Donbass, qui n’ont pas pris les armes pour concurrencer les hommes ou pour se donner des sensations fortes, mais pour défendre leur terre, leurs traditions, leur culture, leurs familles. Ici, elles mettent un instant la guerre entre parenthèses pour participer à un concours de beauté et se rappeler une époque plus normale :
« Même dans mon treillis militaire, je n’oublie pas que je suis une femme. D’ailleurs, mes camarades me le rappellent souvent » dit l’une. Et l’autre : « Si la paix arrive enfin, j’irai avec mes enfants. J’essayerai d’être une bonne mère et de continuer à aider les gens ».
Que notre plus gros bouquet soit pour la « courageuse Macha », cette enfant de dix-sept ans, privée par la guerre de son père et de son petit ami, et qui se bat avec les forces de la Novorussie pour « aider ses frères » et venger les siens, Jeune femme en guerre, au Donbass. Il a fallu sans doute un sacré bombardement pour persuader une jeune femme avec un tel visage de prendre les armes !
Les créatures des ténèbres
En revanche, toute une série de femmes ukrainiennes n’auront pas droit à nos félicitations qui n’ont d’ailleurs pas lieu d’être, puisqu’elles sont orientées vers l’Occident qui, lui, ne fête pratiquement pas le 8 mars, et considère qu’on ne doit plus être ni homme ni femme mais quelque chose d’indéfinissable et de protéiforme. Cette deuxième série de femmes, à défaut de nos bouquets et de nos félicitations, a toutes les faveurs de la presse et du milieu politique atlantiste.
La première à avoir suscité l’enthousiasme de la presse occidentale est Ioulia Timochenko, dont on pouvait déjà se méfier dès la première révolution orange. Une femme, dépourvue des moindres origines ethniques ukrainiennes, qui se croit obligée de coiffer une tresse postiche folklorique pour plaire au gogo nationaliste inspire d’emblée les pires soupçons aux mauvais esprits dont je suis. Son impudence, ses intrigues, son art de jouer sur les pires sentiments de la foule n’ont jamais déçu. Mais le summum de sa carrière d’aventurière est pour moi cette conversation téléphonique diffusée sur youtube il y a déjà un an, c’est-à-dire bien avant le déclenchement de « l’opération antiterroriste » dans le Donbass qui fait tant de victimes civiles, et dont la presse occidentale avait minimisé la portée :
Le programme énoncé avec autant de grossièreté que de cynisme, l’extermination de 8 millions de russophones dans le Sud-Est, a été depuis largement mis-en-œuvre et n’est contrecarré que par l’héroïque résistance des populations visées.
Nous ne donnerons pas non plus de fleurs aux Femen éhontées et vociférantes, qui en ont déjà sur la tête et qui, après avoir profané une croix mémoriale consacrée aux victimes du goulag, en Ukraine, sont venues en France nous empoisonner l’existence avec la bénédiction de notre gouvernement, de nos médias et d’une partie de notre intelligentsia. Elles ont les hommages du public qu’elles méritent.
Nous ne ferons pas non plus de cadeaux à la petite paumée néonazie Vita Zaveroukha, qui a eu droit aux « honneurs » sur papier glacé du magazine Elle, dont la conception de la féminité libérée laisse un tantinet perplexe :
Et nous ne verserons pas de larmes de crocodiles sur Nadia Savtchenko, volontaire du bataillon néonazi Aïdar, dont toute la physionomie revêche clame le peu d’humanité.
L’Occident préfère aux femmes intelligentes, sensibles, sensées et courageuses qui pourraient être pour toutes les autres un exemple à suivre, des aventurières sanguinaires, des viragos, des mégères, dont le modèle américain est celui de la carriériste ou de la combattante qui savent se conduire avec autant de brutalité et de grossièreté que les hommes et frapper l’adversaire entre les jambes. Ces « femmes libérées » qui m’auraient fait peur, dans mon enfance, si je les avais vues dans un dessin animé, ces Cruella et ces sorcières, constituent l’essentiel du personnel politique féminin américain et européen, elles sont proposées comme modèles par les séries américaines diffusées sur nos écrans, elles hantent nos journaux, et tout est fait pour nous brouiller la cervelle et nous les présenter sous un jour favorable.
Est-il possible que nous ne fassions pas la différence ? Que nous ayons perdu à ce point tout discernement, tout bon sens et tout instinct de conservation ? Ou pour mieux dire, tout respect de nous-mêmes ?
Aux vraies femmes, les fleurs du 8 mars. Aux autres, les compliments des démons et des insensés qui les écoutent.
Laurence Guillon pour Novorossia Vision