Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble aimerait «forcer» la France à se réformer!
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble aimerait «forcer» la France à se réformer
Loin de l’Europe, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble s’est lâché. Devant la Brookings institution, un think tank basé à Washington, aux Etats-Unis, il n’a pas choisi des termes très diplomatiques. « La France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie », a-t-il dit lors d'un débat, après avoir évoqué les réformes selon lui « très réussies » menées en Espagne sous la supervision de la troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, et Union européenne). Elle contrôle la mise en oeuvre de réformes dans les pays européens bénéficiant d'une aide internationale.
« Si vous en parlez avec mes amis français, que ce soit (le ministre des Finances) Michel Sapin ou (de l'Economie) Emmanuel Macron, ils ont de longues histoires à raconter sur la difficulté à convaincre l'opinion publique et le Parlement de la nécessité de réformes du marché du travail", a dit juste avant ce fervent partisan de la discipline budgétaire.
Sa déclaration a été très mal reçue en France, surtout à gauche. Michel Sapin a répondu que « la France déteste qu'on la force », indiquant vouloir répondre « amicalement » à son homologue allemand. « Le vocabulaire de la punition, de la sanction, de la contrainte, c'est ce qui fait détester l'Europe », a souligné le ministre des Finances français, lui aussi à Washington pour des réunions avec le FMI et la Banque mondiale. « Le principe (partagé par Paris et Berlin) c'est que c'est le rôle de la Commission européenne » d'évaluer les politiques menées au niveau national, et non aux Etats membres de donner leur avis les uns sur les autres, a-t-il affirmé. « Connaissant bien Wolfgang Schäuble, c'était plutôt une forme d'encouragement », a voulu conclure Michel Sapin sur le ton de la plaisanterie.
Au Parti de gauche, la sortie du ministre allemand n’a pas du tout fait rire. Dans un communiqué, Jean-Luc Mélenchon a demandé que « l’odieux Schäuble » demande « pardon ».
« Encouragé par les pleurnicheries des ministres français qui se plaignent auprès de lui de leurs propres compatriotes, le bourreau de la Grèce et de l’Espagne voudrait étendre à la France ses remèdes mortels » estime l’ancien candidat à la présidentielle. « J’attends de Daniel Cohn-Bendit, qui avait insulté mes précédentes dénonciations de la nouvelle arrogance allemande qu’il prenne la défense de la France dont il a été député et dont il demande la carte d’identité » a-t-il ajouté.
Deux heures après, le co-président du Parti de gauche en a remis une couche sur Twitter : « Schäuble est un Bismarck d'opérette. Merkel devrait lui offrir un cerveau avec une mémoire de l'Histoire ».
Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche, est même allé jusqu’à estimer que les propos du ministre allemand « sont de la même logique que ceux des violeurs ».
Au PS, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis n’a pas été plus tendre. « La francophobie de Wolfgang Schäuble est insupportable, inacceptable et contre-productive » a-t-il affirmé.
Assez rare pour être noté, Jean-Luc Mélenchon a « félicité » le patron du PS d’avoir dénoncé « « la francophobie » de ce petit Bismarck de bal masqué ».
Le président PS de l’Assemblée nationale a aussi réagi sur Twitter : Les propos de Wolfgang #Schäuble ne sont pas acceptables. Preuve de la confrontation nécessaire pour construire une Europe solidaire.
Florian Philippot, vice-président du Front national, a quant à lui dénoncé des propos « graves » qui « compromettent gravement l’honneur de notre pays et imposent aux autorités françaises de réagir avec fermeté ». « Le gouvernement de Manuel Valls doit immédiatement convoquer l’ambassadeur d’Allemagne à Paris et exiger des excuses officielles de Mme Merkel » demande le proche de Marine Le Pen.