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Le blog de Lucien PONS

L’Ecole instrumentalisée au profit de « l’aventure européenne »

10 Mai 2015 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Europe supranationale, #Ecole, #La France, #La République, #La nation ., #Le capitalisme;, #La mondialisation, #La finance dérégulée

L’Ecole instrumentalisée au profit de « l’aventure européenne »

Par Magali Pernin, le 22/04/2015,

Le programme débutera lundi prochain (27 avril). Il est intitulé « Back to school », et sous-titré « retour à l’école » à l’attention des ploucs non mondialisés. Le principe en est simple : des dirigeants et fonctionnaires européens s’invitent dans des établissements scolaires de leur pays d’origine pour édifier les élèves sur le thème de l’Union européenne.

Pour la France, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Harlem Désir, est à la manœuvre. Ses services se félicitent : « en une semaine, 180 [fonctionnaires bruxellois d’origine française] ont accepté de venir ainsi parler d’Europe aux jeunes de façon concrète et raconter de l’intérieur l’aventure qu’est la construction européenne ».

L’ancien premier secrétaire du Parti socialiste a tenu à montrer l’exemple en se rendant en avant-première au lycée parisien Claude Monet (qui, en toute logique, devrait bientôt être rebaptisé Jean Monnet…). Il a tenté de captiver son jeune auditoire en déclarant : « l’Europe aujourd’hui vous parait évidente car vous êtes la génération qui n’aura presque connu que l’euro (…) Maintenant, il vous faudra ajouter à votre citoyenneté française une nouvelle patrie, l’Europe ».

Le secrétariat d’Etat précise que le projet – qui avait été imaginé par la présidence tournante allemande de 2008 – a été lancé en plein accord avec le ministère de l’Education nationale.

Or ce dernier prétend placer la laïcité au cœur de son action éducative. Ca commence donc mal. Car le fait de propager la bonne parole européenne auprès des collégiens et lycéens est manifestement contraire à ce principe. Il est d’autant moins exagéré de parler de catéchisme pro-européen que les partisans de Bruxelles omettent rarement de glorifier la « foi européenne » – le terme est même devenu courant.

Non seulement on peut supposer que les approches critiques, a fortiori radicalement critiques, de l’intégration n’auront guère droit de cité, mais le projet vise à poser le principe de l’Europe en nécessité objective et indiscutable, qui doit être donc « enseigné » ; alors même qu’il relève d’un choix politique (celui de la classe dirigeante depuis plus d’un demi-siècle), qui, par nature, mérite d’être débattu et contesté.

Ce qu’il faut bien appeler une tentative d’endoctrinement n’est du reste pas une exception de la part des plus hautes autorités de la République. Le ministère de l’Education nationale vient ainsi de demander aux établissements du second degré d’organiser des jeux de rôle : il s’agit de simuler les négociations internationales sur le climat qui doivent connaître un point d’orgue en décembre à Paris.

Tout comme l’acceptation de l’Europe, l’approbation de la « lutte contre le réchauffement de la planète » est posée en évidence qu’il n’est pas permis de discuter quant au fond. Les élèves sont simplement appelés à inventer des voies diplomatiques pour atteindre cet objectif sacré.

On connaît l’antienne : nous ne devrions pas faire porter à nos enfants le poids de nos « errements » actuels. C’est du reste le même argument qui est utilisé pour justifier les réductions « nécessaires » des dettes publiques, des dettes dont nous serions coupables de nous décharger « sur les générations futures ». Dans un cas, la « sobriété » s’impose, dans l’autre, l’austérité.

On ne devrait donc pas tarder à voir le ministère de la Vérité – dont la création n’est sans doute qu’une question de temps… – envoyer ses brigades dans les lycées et collèges pour mobiliser idéologiquement contre les dépenses publiques.

Faut-il rappeler que la laïcité, c’est précisément la liberté de conscience et de débat face aux dogmes imposés par des forces extérieures au peuple, avides de confisquer la souveraineté de celui-ci ?

Utiliser le service public d’enseignement pour promouvoir unilatéralement l’idéologie du clan européiste est inacceptable. Mais c’est aussi, en creux, un aveu de faiblesse de la part de celui-ci.

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