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Le blog de Lucien PONS

L’exceptionnelle épopée du groupe de chasse « Normandie-Niemen »

18 Mai 2015 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Histoire, #La France, #La République, #La Russie, #Comité pour une Nouvelle résistance

L’exceptionnelle épopée du groupe de chasse « Normandie-Niemen »
L’exceptionnelle épopée du groupe de chasse « Normandie-Niemen »

Yves Donjon

L’exceptionnelle épopée du groupe de chasse « Normandie-Niemen », Espoir n°129, janvier 2002

1942, jours sombres pour la France dont l'armée a été vaincue deux ans plus tôt en quelques semaines.
Les Forces françaises libres ne se résignent pas à la défaite.

Un petit nombre d'unités continue la lutte. En Egypte, en Syrie, au Liban, au Tchad, en Libye, dans les îles du Pacifique, sur terre et dans les airs, l'armée française est présente.

Le général de Gaulle décide qu'une unité d'aviation de chasse française sera présente sur le front de l'Est.

Il existe déjà deux groupes de chasse l'« Alsace » et l'« Ile de France ». Le troisième groupe s'appellera « Normandie ».

Après de longues négociations avec l'URSS, le groupe constitué à Rayak au Liban, rejoint après un long périple, le 29 novembre, la base d'Ivanovo, ville située à 250 kilomètres au nord-est de Moscou.

Soixante militaires français, dont 15 pilotes (1) tous volontaires, vont représenter la France sur le sol soviétique pour combattre le nazisme. L'instruction des Français durera du 2 décembre 1942 au 14 mars 1943.

Il faut se familiariser avec la langue et surtout s'adapter aux conditions climatiques très difficiles de l'URSS.

Les Soviétiques, malgré les difficultés économiques liées au conflit, font le maximum pour aider ces combattants venus de l'Ouest.

La vie est très dure pour tous (température descendant jusqu'à -30° ayant une incidence directe sur l'entretien des avions), nourriture, difficulté d'adaptation pour les pilotes pour naviguer et retrouver leur terrain sur ces énormes étendues enneigées. Le matériel de combat choisi ne peut être que soviétique. Ce sera le chasseur Yak dont les versions successives satisferont toujours les Français.

Le 19 mars 1943, le général Petit, chef de la mission militaire française à Moscou et le colonel Levandovitch du commandement supérieur des Forces aériennes de l'Armée Rouge inspectent pendant deux jours « Normandie ».

De cette inspection, il est établi que : « Par ses qualités militaires et morales, cette unité est prête pour partir sur le front ».

L'aventure du «Normandie » commence et la première campagne se déroule du 22 mars au 6 novembre 1943.

Première campagne de mars à novembre 1943

Pendant cette première campagne, les 14 pilotes du « Normandie » vont, parfois au prix du sacrifice suprême, impressionner très favorablement le Haut-Commandement de l'Armée Rouge.

Les exploits et la fougue de nos pilotes en combat aérien vont faire l'objet d'un modèle de tactique qui va être cité en exemple et copié même par leurs homologues aviateurs soviétiques.

Le « Normandie » est à la pointe du combat. Les missions consistent notamment à escorter les bombardiers Pe2. La chasse ennemie du secteur est assurée par la très fameuse Première Armée aérienne Mölders.

Le 5 avril, la patrouille (sous-lieutenant Durand, lieutenant Préziosi) obtient les deux premières victoires du groupe.

Les combats vont succéder aux combats, toujours plus âpres, au cours des quels les victoires vont s'accumuler mais avec leur inévitable lot de pertes. Celles-ci vont devenir si importantes que des renforts seront nécessaires. Ils arriveront à compter du 10 mai 1943.

Le 19 juin pour la première fois, la Pravda publie le nom de cinq officiers français décorés de « l'Ordre de la Guerre pour la Patrie ».

Le 14 juillet, « Normandie », unité minuscule sur l'immensité du territoire soviétique, voit flotter le drapeau français lors d'une prise d'armes de dix minutes entre Français et Soviétiques.

Trois jours plus tard, c'est au tour du commandant Tulasne de ne pas rentrer. Il sera remplacé par le commandant Pouyade tandis que le sous-lieutenant Albert et le capitaine Préziosi obtiennent la trentième victoire du groupe.

Les mécaniciens français, débordés et trop peu nombreux, sont remplacés par des mécaniciens soviétiques. Trente-trois pilotes arrivent en renfort du 22 décembre 1943 au 28 février 1944, puis dix-huit autres en mai.

« Normandie », qui compte maintenant quatre escadrilles, est à juste titre considérée comme unité d'élite.

« Normandie » est désormais la seule unité de chasse française connue à ce jour à porter l'appellation de régiment et à être pourvue d'un drapeau.

« Normandie », qui compte alors 61 pilotes, entre dans sa deuxième campagne.

Deuxième campagne de mai à novembre 1944


Les actes de bravoure deviennent le quotidien des aviateurs français. Notons, lors de cette deuxième campagne, la faste journée du 16 octobre pour « Normandie » qui, en cent sorties, s'octroie 29 victoires sans une seule perte.

Deux jours plus tard, en quatre vingt-huit sorties, les casseroles d'hélices tricolores abattent 12 avions. Le 20 octobre, soixante-neuf sorties, onze nouvelles victoires, le 22, cinquante-six sorties, quatorze autres victoires sans perte.

Le 27 novembre 1944, « Normandie » a le privilège d'être la première unité française à stationner sur le sol allemand.

Le 28, les lieutenants Albert et de La Poype sont élevés à la dignité de « héros de l'Union soviétique » et, par ordre de Staline, l'unité reçoit le titre de « Régiment du Niemen ».

A compter de ce jour, « Normandie » portera fièrement l'appellation de Régiment Normandie-Niemen.

Le 9 décembre, le général de Gaulle accueille à Moscou tous les pilotes du « Normandie-Niemen » qui reçoivent honneurs et décorations.

Troisième campagne de janvier à mai 1945

Le 12 janvier, le rouleau compresseur soviétique se remet en marche sur la Prusse orientale et la Pologne. Les chars soviétiques se battent à sept contre un, l'aviation à dix-huit contre un.

Le lieutenant-colonel Pouyade, victime d'un accident de voiture, laisse son commandement au commandant Delfino.

Les anciens partent en permission et, le 30 décembre 1944, le lieutenant Marchi remporte la deux centième victoire.

Les 19, 21 et 23 janvier 1945, l'héroïsme du « Normandie-Niemen » est récompensé par trois citations à l'ordre du jour du maréchal Staline.

Le 21 février, il ne reste que vingt-cinq pilotes. Le 20 mars, le « Normandie- Niemen » se voit remettre l'Ordre du Drapeau Rouge.

Le 12 avril, le lieutenant Henry abat un FW 190 ; ce sera la dernière victoire du « Normandie-Niemen ». Hélas, ce pilote sera, quelques heures plus tard, victime d'une salve d'artillerie.

Le 9 juin 1945, considérant le comportement exemplaire des pilotes français sur le front soviétique, le maréchal Staline estime qu'il serait injuste de les désarmer. Il leur fait don de leurs avions Yak 3, qui se poseront, le 20 juin, au Bourget devant une foule énorme venue les accueillir.

Ainsi se termine l'épopée commencée le 22 mars 1943 ; le « Normandie-Niemen » a obtenu 273 victoires confirmées, 37 probables et 47 avions endommagés en 869 combats aériens.

Quatre pilotes ont été élevés à la dignité de « Héros de l'Union soviétique ».

Vingt-et-un ont été faits compagnons de la Libération par le général de Gaulle.

Quarante-deux pilotes français sont morts pour la France sur un total de quatre vingt-seize, qui participèrent aux trois campagnes. Leurs noms sont inscrits sur une plaque commémorative, scellée sur la façade de la maison de la Mission militaire française à Moscou.

Un musée, créé aux Andelys (Eure), retrace cette fabuleuse épopée (2). Quand vous visiterez ce musée, unique en France, vous serez pris comme nous par une espèce de culte pour toute l'abnégation, l'héroïsme, les joies, les peines, les sacrifices que représentent ces souvenirs que nous nous devons de citer en exemple aux jeunes générations.

(1) 14 pilotes de chasse et un pilote de liaison.

(2) Avec en 2009 la mise en sommeil des traditions du régiment de chasse et la dissolution de l’escadrille russe Normandie-Niemen, ce mémorial semble actuellement remis en question. Voir l’appel lancé à ce propos sur le site : http://normandieniemen.free.
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M
A part les anciens, qui connaît cette histoire ? Elle est soigneusement occultée par tous les médias.
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