Transnistrie : un nouveau front ouvert par l'Occident aux frontières russes ?
la Transnistrie doit pousser la Russie à la faute
par Karine Bechet-Golovko
mercredi 3 juin 2015, par Comité Valmy
Avec l’impossibilité de résoudre le conflit en Ukraine, la situation autour de la Transnistrie s’est à nouveau durcie. Cette petite République autoproclamée indépendante de la Moldavie lors du démantèlement de l’Union soviétique est protégée par un contingent russe de forces de la paix, la Russie étant l’un des garants de la stabilité du territoire. Mais la Moldavie devenue pro-européenne et l’Ukraine majoritairement anti-russe, ce petit territoire se transforme en un instrument de destabilisation de la région, instrument à propos duquel la Russie n’a toujours pas réussie à se décider.
La Transnistrie ou République moldave du Dniestr, est une bande de terre entre la Moldavie et l’Ukraine qui, en 1991 a utilisé son droit de sessession, au moment où les populations des différentes composantes de l’Union soviétique faisaient leur choix. La Transnistrie a ainsi choisie de sortir de la Moldavie, a proclamé son indépendance et par référendum la population a demandé le rattachement à la Russie. La Russie ne l’a pas intégrée, mais la soutient. Avec l’aide des contingents militaires russes sur place, ce petit territoire peut ainsi défendre ses positions contre la Moldavie et le conflit a été gelé. Un accord avait été passé entre la Moldavie, l’Ukraine et la Russie permettant la rotation des forces de paix et le ravitaillement de la population.
La Moldavie, puis l’Ukraine viennent de le dénoncer. La Transnistrie est soumise à un blocus économique et social et les forces de paix ne peuvent plus opérer leur rotation.
La situation devient de plus en plus tendue, surtout que l’Ukraine ramène des forces militaires aux frontières. Elle avait déjà, par deux fois en un an, tenté de destabiliser la frontière, mais par deux fois, en raison des défaites dans le Donbass de Ilovaïsk et Debaltsevo, elle avait été obligée de retirer les forces frontalières pour les redéployer dans le Donbass.
Maintenant que militairement la situation ne demande plus à l’Ukraine d’intervention massive, elle peut à nouveau libérer hommes et armes et les tourner vers la Transnistrie. Selon les experts militaires, l’émergence d’un nouveau conflit à moyen terme est du domaine du fortement probable. Car si les forces armées russes sont touchées, la Russie ne pourra pas rester sans réagir. Et politiquement, elle ne peut perdre cette base avancée dans la région, ce serait une défaite politique considérable. Même si la configuration géographique complique largement la situation, car il n’y a pas de frontières communes. Il faut donc soit une intervention aérienne pour une intervention ponctuelle - avec tous les risques que suppose le survol des territoires ukrainiens , soit ... une entrée par le territoire ukrainien pour une large opération terrestre.
Et revient à l’esprit le scénario géorgien de l’Ossétie du Sud.
Et l’on repense immédiatement à la récente nomination à la tête de la région d’Odessa de Saakachvilli, le président géorgien à l’époque, qui avait provoqué la Russie en attaquant les populations civiles d’Ossétie. Et Odessa est très bien située. Surtout depuis que le projet de la Grande Novorossia a été stoppé. Les forces contraires sont totalement libérées.
Mais de nombreuses incertitudes restent. Les Etats Unis ont-ils réellement intérêt à provoquer un nouveau conflit armé ouvert dans la région ? En quoi cela va-t-il servir leurs intérêts ? La nomination de Saakachvilli est-elle le reflet du renforcement du clan militariste ? Si la Russie se voit obligée d’intervenir pour défendre ses soldats, où s’arrêtera-t-elle ? Fera-t-elle comme avec la Géorgie ou ira-t-elle plus loin ? Qui osera prendre le risque d’aller jusqu’au bout des Etats Unis ou de la Russie, ou est-ce un jeu de nerfs ?
A suivre.
Karine Bechet-Golovko
mardi 2 juin 2015