Source : Liberation, Laurent Joffrin, 20-01-2016

EDITO La gauche a oublié de se battre. Ou bien si elle l’a fait, elle s’y est prise comme un manche. Bien sûr, la montée en puissance des «intellos réacs» a des causes sociales et politiques profondes. La crainte de la mondialisation, la peur de l’immigration, le besoin de repères et d’autorité, les incertitudes de la modernité technologique et marchande : là sont les racines de la «Réac Academy». Dans des registres très différents, le succès d’un Finkielkraut ou celui d’un Zemmour, plébiscités par une opinion inquiète, a coïncidé avec l’ascension de la droite dure ou de l’extrême droite, qu’ils ont accompagnée, et parfois favorisée. Mais enfin, quelle cécité, quelle maladresse, quelle rigidité dans la gauche intellectuelle !

Il faut se souvenir, à l’origine, de la condescendance gênée, de l’afféterie arrogante avec laquelle le bouquin de Lindenberg, si prémonitoire, a été accueilli. Le livre est-il assez épais, assez farci de références ? L’auteur est-il assez titré ? N’est-ce pas un peu journalistique ? Et puis cette idée de faire une liste ! Cela rappelle les pires souvenirs… Et, enfin, s’attaquer à saint Houellebecq, alors l’idole du Paris branché ! Comme si le fait d’être un bon écrivain immunisait contre toute remise en cause politique. Lindenberg disait qu’une révolution conservatrice commençait. On ne l’a pas écouté. Pour avoir pris le relais, dans l’Obs ou dans Libé, on se souvient personnellement des leçons de morale reçues à l’époque, alors que l’évidence d’une dérive nationaliste crevait les yeux.

Si les intellos réacs tiennent aujourd’hui le haut du pavé, ils le doivent aussi à la gauche. Dans l’ancien camp progressiste, les uns ont été victimes d’une sourde attraction. Mettre en avant l’identité, l’autorité, l’héritage, la tradition, la laïcité vue comme une machine à éradiquer les différences et à dézinguer l’islam, c’était déjà la pente d’un certain chevènementisme, d’un souverainisme de gauche dont une bonne partie allait passer avec armes et bagages, tel Florian Philippot, au Front national, ou Natacha Polony au Figaro et dans la mouvance d’un Nicolas Dupont-Aignan, ou encore Jacques Sapir, dédié au projet une alliance antieuropéenne et rouge-brune. Mais ce n’est pas l’essentiel. Le reste de la gauche a négligé les sujets qui la gênaient. Pour certains, parler d’identité, d’immigration, de nation, de drapeau, c’était l’antichambre du fascisme ou, pire, du sarkozysme… Alors que sur tous ces points, une réponse de gauche existait, qu’on n’a pas su mettre en avant. La question de l’identité, maître mot de cette pléiade au talent médiatique réel, méritait mieux que des anathèmes. De ces débats, on s’est souvent détourné en se pinçant le nez, alors même que le bon peuple, inquiet pour la France qu’il avait connue, méritait tout de même une réponse. A l’identité «malheureuse» de Finkielkraut, le plus souvent immobile, passéiste, figée dans la nostalgie d’un âge d’or mythologique, il fallait évidemment opposer la vraie identité de la France, qui comporte dans son histoire suffisamment d’exemples progressistes depuis la Révolution française, en passant par la Commune, révolte sociale et patriotique, l’affaire Dreyfus ou le Front populaire, pour donner de la France, celle de la révolte et de la liberté, celle du drapeau tricolore des révolutionnaires de 1791, de Lamartine ou de Jean Moulin, un visage ouvert et tourné vers l’avenir, tout en parlant aux profondeurs d’un peuple qui croit toujours à la République, comme il l’a récemment montré dans le drame terroriste.

L’immigration ? Là aussi, les uns se sont mis à raser les murs en refusant de voir que l’accueil nécessaire des damnés de la planète poserait tout de même quelques problèmes d’intégration et de cohabitation dans les quartiers difficiles. Les autres ont réclamé, sans y avoir même réfléchi sérieusement, une ouverture totale des frontières qui n’est pratiquée nulle part à la surface du globe et qu’aucun gouvernement, le plus à gauche soit-il, n’a jamais pratiquée. Il fallait assumer l’accueil, à rebours de l’opinion, comme l’a fait cet été Angela Merkel pendant que le gouvernement français se mettait aux abonnés absents. Mais il fallait aussi assumer sa régulation, au lieu de s’évader, telle la gauche de la gauche ou certains écologistes, dans des palinodies inconséquentes teintées d’un humanisme hors-sol ignorant délibérément la situation des couches populaires, qui supportent l’essentiel des difficultés.

L’idée de progrès enfin, cible seconde mais décisive des intellos réacs, confits de déclinisme et de décadentisme, a été mal défendue. Il fallait évidemment en relever la bannière, au lieu de communier dans la déploration générale sur la mondialisation, qui comporte d’extrêmes duretés, mais qui porte en avant la technologie, le niveau de vie, qui sort de la misère des centaines de millions d’individus que trente ans de tiers-mondisme avaient laissés dans la stagnation. A force de dire que tout va mal en ce bas monde, l’opinion finit par le croire et réclame la protection des frontières, des nations et des lois. Il y avait une autre manière de parler du futur que d’en faire un film d’horreur. Sans optimisme historique, sans foi dans l’humanité, dans le savoir, dans la liberté, la gauche n’existe plus.

Laurent Joffrin Directeur de la publication de Libération

Source : Liberation, Laurent Joffrin, 20-01-2016

=============================================================

Joffrin, l’histoire et les tyrans

Source : Russeurope, Jacque Sapir, 24-01-2016

Monsieur Joffrin s’exerce aux leçons de politiques. Dans un éditorial, « La gauche larguée face à la «Réac Academy», publié le 20 janvier, il s’essaye aux leçons de politiques et de morale[1]. L’effort est méritoire, mais le résultat calamiteux. Mais, quand on veut donner des leçons, il vaut mieux maitriser son sujet. Et de cela, Monsieur Joffrin en est loin. Cela ne semble pas l’émouvoir ; et pour cause. Il ne s’agit pas ici d’analyse ou d’effort réel pour comprendre la situation. Monsieur Joffrin parle le bobo pour les bobos.

 La guerre est finie

Notre éditorialiste ignore manifestement que la guerre est finie. Peut-être qu’au lieu d’écrire il eut mieux fait de voir le beau film d’Alain Resnais qui porte ce titre.

Cette guerre, c’est bien entendu celle de 1914-1918, celle que George Brassens disait dans une célèbre et ironique chanson préférer[2], mais aussi celle de 1939-1945. Les deux sont liées bien entendu. Les conséquences de la guerre totale, menée entre 1914-1918, expliquent à bien des égards le contexte des années 1920 et 1930. Le Nazisme n’est ainsi pas compréhensible sans une analyse de la violence de masse et de ses conséquences tant politiques que psychologiques sur les sociétés européennes. C’est pourquoi toutes les comparaisons entre la situation actuelle et celle des années 1930 sonnent faux. Ceux qui s’y livrent réfléchissent comme des miroirs et résonnent comme des tambours, les tambours d’une posture qui se veut héroïque et qui n’est que ridicule.

Il en est ainsi de cette tarte à la crème insipide sur la soi-disant « alliance rouges-bruns ». Le terme est directement issu des débats de la fin des années 1920 en Allemagne. Il fut notamment utilisé pour décrire la « tendance » au sein du NSDAP (le parti Nazi) des frères Strasser et les (distantes) sympathies de certains des dignitaires (Himmler et Goebbels) pour l’Union soviétique. Or de ce contexte, ce terme est vide de sens. C’est en particulier le cas aujourd’hui. Ni le Front National (et c’est bien heureux) ni l’extrême-gauche ne communient dans une même haine pour les institutions (que tous acceptent à des degrés divers) et dans une même fascination pour la violence.

En fait, non seulement la guerre unique en réalité de 1914 à 1945, et dont la période de 1918 à 1930 ne constitua en réalité qu’une trêve, est bien finie, mais les guerres de la décolonisation, celle d’Indochine et celle d’Algérie en ce qui concerne la France sont aussi révolues. Ce n’est pas simplement le fait du temps qui passe inexorablement. Le contexte politique a changé, conduisant à de nouveaux affrontements et de nouvelles menaces. Ce qui est grotesque et pathétique dans la position des bobos dont Joffrin est indiscutablement un idéologue, même s’il est loin d’être le seul, c’est de vouloir imiter les postures de résistants célèbres dans des références, explicites ou implicites, aux combats de ces années là. Mais il est vrai que l’imitation évite de penser le monde actuel. Nos pseudo-résistants ne sont en vérité que des flemmards de la pensée.

 De nouveaux combats s’annoncent

Si l’on veut donner des leçons de politique, il faut les fonder sur une analyse de la situation. Une première caractéristique de celle-ci est que la place des nations européennes a fondamentalement changé depuis maintenant près de trente ans. Dans les années 1930 les pays d’Europe occidentale se disputaient la prééminence du monde avec les Etats-Unis. La crise de 1929 correspond au processus de réalisation de l’hégémonie étatsunienne, et à la contradiction qu’il existait à l’époque entre la représentation du monde par ces élites (qui restaient en partie gagnée à l’isolationnisme) et la réalité de la puissance tant économique et financière que militaire. Depuis 1945, nous sommes entrés de plain pied dans un monde largement dominé par les Etats-Unis. Aujourd’hui, en fait depuis le début du XXIème siècle, cette hégémonie tend à s’éroder[3]. Une des conséquences de cet état de fait est la montée de nouvelles puissances, la Chine, l’Inde, et l’ouverture d’un espace politique permettant à diverses nations de recouvrer leur souveraineté. Mais, en Europe, le combat pour la souveraineté des peuples se double d’un combat pour la démocratie, ce que laissait prévoir les suites du référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne[4] et ce qu’a confirmé l’affrontement antre la Grèce et les institutions européennes.

En juin 2014, candidat du groupe de la Gauche Unitaire Européenne à la présidence du Parlement Européen, Pablo Iglesias, le responsable de PODEMOS, justifiait ces choix politiques et stratégiques en ces termes : « la démocratie, en Europe, a été victime d’une dérive autoritaire (…) nos pays sont devenus des quasi-protectorats, de nouvelles colonies où des pouvoirs que personne n’a élus sont en train de détruire les droits sociaux et de menacer la cohésion sociale et politique de nos sociétés ». Car nous en sommes là. La dérive autoritaire que l’on peut constater tant en France que dans les autres pays européens, est justifiée et mise en œuvre dans des cadres de relations quasi-coloniales dont l’Union européenne sert de vecteur. Monsieur Jean-Claude Juncker l’a clairement dit : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »[5].

Les dirigeants européens reprennent consciemment le discours de l’Union soviétique par rapport aux pays de l’Est en 1968 lors de l’intervention du Pacte de Varsovie à Prague : la fameuse théorie de la souveraineté limitée. Ils affectent de considérer les pays membres de l’Union européenne comme des colonies, ou plus précisément des « dominion », dont la souveraineté serait soumise à la métropole[6]. Sauf qu’en l’occurrence, il n’y a pas de métropole. L’Union européenne constitue donc un système colonial sans métropole et en fait n’est qu’un colonialisme par procuration. Derrière la figure d’une Europe soi-disant unie, mais qui est aujourd’hui divisée dans les faits par les institutions européennes, on discerne la figure des Etats-Unis.

Les combats d’aujourd’hui s’enracinent dans cette réalité. Mais, ignorant cette dernière, vous ne pouvez, vous et vos semblables, que chercher à les défigurer. Vous ne pouvez donc pas comprendre le combat pour l’éducation de Natacha Polony, un combat pour que TOUTE la population ait accès à la culture et non pas seulement les enfants des privilégiés. Vous ne pouvez comprendre le combat de ces syndicalistes, qu’ils soient ouvriers ou paysans, qu’ils défendent les fonctionnaires ou les employés, et qui ont compris, ou qui sont en train de comprendre, que leur combat ne pourra aboutir qu’une fois que nous aurons recouvré notre souveraineté. Ces combats prennent des formes et des médiations qui sont naturellement différentes de celles héritées de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Mais, ces combats sont ceux, toujours recommencés, ou la lutte pour la défense des conditions d’existence se mélange indissolublement avec la lutte pour la construction de la souveraineté.

 Paix entre nous et mort aux tyrans

Mais, dans le même temps, cette tentative à deux niveaux de faire passer les pays européens sous la coupe d’un pouvoir colonial qui ne dit pas son nom, et de faire passer après cette Europe asservie sous la coupe de la puissance américaine par le biais du Traité de Libre Echange Transatlantique, a engendré une des crises les plus profondes et les plus polymorphes que nous ayons connues. La crise, Monsieur Joffrin, qui dure depuis son déclenchement de 2007, et qui a muté de crise du financement de l’immobilier en une crise générale affectant l’ensemble des pays, est la première crise de cette « mondialisation »[7] que vous vous acharnez à croire heureuse.

Cette « mondialisation », vous concédez qu’elle puisse engendrer bien des malheurs, baste, il faut bien montrer aux « sans dents » que vous n’êtes pas sans cœur, mais c’est pour ajouter immédiatement après qu’elle : « porte en avant la technologie ». Tout à votre fureur obscurantiste qui vous fait pourchasser « l’intello réac » à chaque tournant de votre plume, ce que vous ne manquez pas de faire au prix de raccourcis douteux, d’approximations hasardeuses, et de dénonciations calomniatrices, vous ne vous rendez même pas compte que d’une part vous identifiez technique et technologie, suivant ainsi un « américanisme » révélateur, et que d’autre part vous reprenez la vielle antienne, elle tout à plein réactionnaire et scientiste, d’un monde qui ne serait conduit que par le progrès technique.

Alors, ne nous étonnons pas de ne pas trouver mot sous votre plume de ce gouvernement qui se prétend socialiste alors qu’il met en œuvre une politique, qui elle, est bien de droite ; de même n’y trouvera-t-on pas de référence à l’Union européenne, ce corps d’institutions qui s’est proclamé « Europe » dans un parfait hold-up sur les symboles, et que nos ouvriers et nos paysans sont parfaitement capables d’identifier – eux – comme la cause de bien de leurs maux.

Votre imaginaire en est resté à la seule notion du changement technique. Mais, en réalité, il ne voit que cela. En fait, c’est l’une des figures de la disparition du politique que vous nous entonnez là. Cette figure va d’ailleurs de paire avec l’évocation accablée des malheurs du temps auquel la technique, et son conjoint le progrès, n’ont pu encore remédier. Mais, cette disparition du politique dont vous vous faites l’écho, que ce soit consciemment ou « à l’insu de votre plein gré », elle porte en elle la fin de la démocratie et elle vous inscrit parmi ceux qui pensent qu’ils « savent mieux » que le commun des mortels, et que cela leur donne un droit, un droit technique bien sûr mais tout aussi antidémocratique que l’ancien « droit divin », de régenter leurs vies. La fin du politique a toujours été une aspiration des « puissants », une volonté de masquer la froide réalité de la domination. Elle vous classe définitivement parmi les défenseurs et les thuriféraires de la Tyrannie.

Vous avez donc fait votre choix, et c’est celui du « 1% » de la population, ce 1% qui accumule aujourd’hui les ressources et le pouvoir, contre les 99% restants. Ce 1% qui peut d’ailleurs se payer toutes les plumes mercenaires dont il a besoin. Mais faites attention. Ce 1% vous méprise tout comme il vous utilise. Il se pourrait bien qu’un jour il se décide à tirer l’échelle, vous laissant alors seul et éberlué, n’ayant d’autre recours que de crier comme le valet de Don Juan, « mes gages, mes gages ».

A cela il n’est qu’un réponse possible, celle qui reprend ce vieux slogan du mouvement ouvrier et républicain et qui dit : « Paix entre nous et mort aux tyrans ».

[1] Joffrin L., « La gauche larguée face à la «Réac Academy», éditorial posté sur l’édition électronique de Libération le 20 janvier, http://www.liberation.fr/france/2016/01/20/la-gauche-larguee-face-a-la-reac-academy_1427830

[2] http://www.chartsinfrance.net/Georges-Brassens/id-100217101.html

[3] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008

[4] Sapir J., La fin de l’euro-libéralisme, Le Seuil, Paris, 2006

[5] AFP cité par le Point, « Grèce, la ‘provocation’ de Jean-Claude Juncker », publié le 13/12/2014, http://www.lepoint.fr/monde/juncker-veut-des-visages-familiers-a-athenes-13-12-2014-1889466_24.php

[6] Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2016

[7] Sapir J., La Démondialisation, Le Seuil, Paris, 2011.

Source : Russeurope, Jacque Sapir, 24-01-2016


 
 

74 réponses à “Joffrin, l’histoire et les tyrans”, par Jacques Sapir

Commentaires recommandés
Spectre Le 28 janvier 2016 à 01h18
 
 

Le sieur Joffrin, récitant le catéchisme eurolibéral depuis des lustres dans ses journaux généreusement arrosés d’argent public (on n’est jamais à une incohérence près), voudrait maintenant nous faire croire qu’il était à l’avant-garde d’un combat culturel décisif. Quel visionnaire !

Mais qu’avait-il à opposer, lui, à “l’identité malheureuse” de Finkielkraut ? La “mondialisation heureuse” d’Alain Minc ? On se demande bien pourquoi “le bon peuple” n’a pas acheté ! “Bon peuple” qu’il ne convoque d’ailleurs avec mépris que pour mieux le gronder de ne pas savoir apprécier les doux fruits de la vie moderne : n’est-il pas exquis d’être au chômage, mais d’avoir le privilège de posséder un smartphone fabriqué par des semi-esclaves à l’autre bout du monde ?

“Le bon peuple” n’a d’ailleurs toujours pas compris qu’il devrait se réjouir de sa situation. La preuve : l’opinion est grincheuse non pas parce que ses conditions de vie se dégradent, non pas parce qu’elle se fait méthodiquement dépecer par l’oligarchie, mais parce qu’on lui répète que “tout va mal en ce bas monde”. La réalité n’existe pas, tout est affaire de psychologie. Utilisons vite la méthode Coué, écrivons dans les journaux des milliardaires que tout va bien, et tous les problèmes s’évanouiront aussitôt : ils n’existaient que dans la tête des gens.

Le “bon peuple” est un grand enfant capricieux. Lorsqu’il vote “non,” lorsqu’il renâcle à baisser encore le pantalon, c’est la faute à l’alliance impie des rouge-bruns : les 90% d’antenne dévoués à l’européisme béat n’auront, hélas, pas suffi à le convaincre malgré lui. Heureusement, le sieur Joffrin et sa pédagogie salutaire veillent. D’ailleurs, on perçoit dans ses propos le grand fardeau du prophète incompris, le soupir tragique de la créature supérieure, fatiguée d’avoir raison contre ces sans-dents ignares et frileux. Après des décennies d’échec de la religion européiste, il viendra donc nous réexpliquer, inlassablement, qu’il en faut encore plus. Il faut continuer à fouetter le “bon peuple” pour son bien ; le Progrès l’exige.

Il y a des déchirements de chemises qui se perdent.