Nui Debout: Varoufakis vs. Finkielkraut. Par Karine Bechet Golovko
lundi 18 avril 2016
Jeunes masqués à l'éffigie de Macron ou El Khomri, qui perturbent l'émission. C'est le symbole du patronnat qui est attaqué, ce patronnat français. dans le style du Merci Patron, cette figure mythique du patron de papi qui n'existe plus. Justement parce qu'il est totalement mondialisé et que le patron qui reste français a autant de problèmes que les salariés. Intéressant mélange des genres. Pourquoi ne pas chahuter les agences de notation? Elles n'ont pas de visage.
Absence de programme, que des "commissions"
Il faut dire que Nuit Debout n'a strictement aucun programme. Lorsque vous allez sur leur site, dans la rubrique Programme, vous trouvez une liste de commissions, d'AG, de dates de réunion, d'horaire, de concerts etc. Bref, le programme est un calendrier. Ce qui est très significatif, et sur le fond et sur la forme.
Car ce qui compte, plus que le résultat, c'est l'action. Le mouvement justifie le mouvement, le calendrier sert de programme. Tout ce petit monde se moque éperduement des résultats, des changements, pas d'amendements à la loi El Khomri, il agit et l'action est le but.
L'absence de programme se voit par le méli-mélo des commissions pour les LGBT, le climat, la bibliothèque, mais aussi les techniques de résistence non violente ou violente en cas de riposte - étrange celle-ci. Il est difficile de ne pas penser à Gene Sharp ...
Etranger à la démocratie
Ce mouvement n'a évidemment rien de démocratique. La démocratie implique la participation à la prise de décision, pas l'occupation physique de territoire et l'organisation de palabres. Par ailleurs, s'il s'est constitué contre la loi El Khomri, le mouvement s'en est totalement écarté. Alors à quoi sert-il?
D'un point de vue général, beaucoup de questions restent sans réponses. D'où vient le financement? Car un mouvement reste naturel lorsque les gens rentrent chez eux dormir, viennent après le travail, etc. Ici, c'est une société parallèle qui veut se constituer. On a déjà vu ça en Moldavie, en Ukraine etc. Et les conséquences sont également connues. Surprenant également l'accueil de Varoufakis, lorsque l'on a entendu parlé du soutien apporté par Soros au mouvement grec Syriza. Et le mouvement français aussi a eu droit à un soutien particulier?
De toute manière, il doit bien en avoir un pour pouvoir occuper la voie publique aussi longtemps alors que l'état d'urgence est en vigueur. Alors que la situation est tellement grave en France, qu'il a fallu suspendre l'application de la Convention européenne des droits de l'homme.
En conclusion, l'on peut dire que ce mouvement soit sert à évacuer la vapeur et à détourner l'attention, puisqu'il n'a aucune prise sur le processus de décision politique (lui-même se déterminant comme citoyen, populaire et apolitique), soit il sert - à terme - à destabiliser le système étatique, ou ce qu'il en reste, en récupérant la contestation contre les projets néolibéraux comme la loi El Khomri et en les noyant dans des discours sans fin sur le climat ou les LGBT.