Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Lucien PONS

La fin du rêve européen, par Karine Bechet Golovko.

5 Mai 2016 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #La France, #AMERIQUE, #Europe supranationale, #La Russie, #Culture, #Histoire, #Comité pour une Nouvelle résistance, #La finance dérégulée

mercredi 4 mai 2016

La fin du rêve européen
La fin du rêve européen, par Karine Bechet Golovko.

L'Europe ne fait plus rêver. Je ne parle pas de l'UE, comment rêver d'une administration obèse? Non, l'Europe, avec ces petites rues, ces cafés, sa gastronomie et surtout son insolence. Son goût, bon goût, de la liberté qui ne se confond pas avec la vulgarité. Nous sommes passés de Devos à Bigard, de Rosa Luxembourg aux Femens, le foie gras tchèque est vendu à côté de celui du Gers et le fromage est fait au lait pasteurisé. Nous ne faisons plus rêver, car nous nous sommes perdus. Nous manifestons pour des slogans, plus pour des idées. Et nos voisins russes, tellement francophiles, qui en arrivent même - ce que j'ai toujours du mal à comprendre - à vouer un véritable culte à Napoléon, ont ouvert les yeux. Et ce n'est pas une nouvelle chaîne de propagande en russe qui changera les choses. Ils ont ouvert les yeux sur une réalité objective.

En participant ce mois-ci à différentes conférences à Moscou en matières juridique et (géo)politique, une phrase est souvent revenue. Dans la bouche d'intervenants d'âges différents, de convictions politiques différentes. On s'est fait avoir. Dans les années 90, lorsque l'on nous a vendu le modèle dit "européen" avec sa cour de justice a priori indépendante, avec son parlement à valeur démocratique ajoutée, avec ses commissions très très sages, on nous a eu. Ce qui s'y passe n'a rien à voir avec l'Europe. L'Europe européenne, pas celle de l'UE ou du Conseil de l'Europe, cette Europe au rabais, une Europe devenue produit d'exportation.

Les russes ont été élevés au son des grands hommes qui ont fait la culture française, cette culture qui imprègnait l'Europe, ils se retrouvent face à des baudruches prétentieuses.

Forcément on ne fait plus rêver. Et le nouveau maître y aide. Que faire pour sauver la face lorsque Obama fait sa tournée impériale en Europe, donnant la leçon à Londres ou à Berlin, expliquant comment gouverner, quels actes adopter - ou non - avec qui collaborer et comment. Le tout devant caméra. Pour être bien certain que le message passe. Le message est passé. L'Europe s'est vassalisée, on le lit maintenant ouvertement, si avant cela se murmurait, avec doutes et espoir d'erreur.

Donc politiquement, nous n'avons plus grand chose à apporter, culturellement - ça se passe de commentaires, il reste les classiques, mais nous n'y sommes pour rien, c'est presque "malgré nous". L'Europe est-elle attractive socialement? économiquement?

La crise des migrants - comme il est convenu de l'appeler - autrement dit, la vague d'immigrés qui a déferlé sur les pays européens, ne va pas améliorer l'image du pays. Ni pour les vacances - venez passer un été de rêve à Kos ? ou visitez les camps d'immigrés parisiens, vous pouvez même en adopter un ? - ni dans la perspective d'une expatriation. D'autant plus que le niveau de vie a suffisamment monté en Russie, les structures s'améliorent, pour être comparables au niveau de vie européen.

L'Europe n'est plus attractive et ce renversement de situation a largement pesé sur le paysage politique russe intérieur. Vouloir l'avenir européen - tel que vanté par l'UE, car la Russie est culturellement européenne - n'est plus repris que dans un discours radicalisé. A ce sujet, une excellente émission de Mikhalkov, la dernière en date, celle du 1er mai:

La radicalisation du discours en arrive à dénigrer tout ce qui est antérieur à 1991, B. Eltsine étant le sauveur qui aurait mis la Russie sur les rails européens. Un peu comme Poroshenko en Ukraine. Mais justement l'exemple ukrainien perturbe le discours, car les gens voient les résultats de ce processus "d'européanisation" forcée, la dégradation morale, politique, économique et sociale qui en a été consécutive. Pour toutes ces raisons, toute cette partie de la population qui était naturellement "pro-européenne", qui rêvait devant un visa schengen, a ouvert les yeux.

Et c'est une grande perte pour nous. Pour le rayonnement de notre pays et de notre culture. Car ces gens déçus ne reviendront pas grâce aux trolls européens dans les réseaux sociaux. Ils ne reviendront pas suite à l'ouverture d'une Euronews bis qui fera encore plus de propagande. Ils ne reviendront vers l'Europe lorsque celle-ci redeviendra à nouveau européenne.

Publié par Karine Bechet-Golovko

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article