Licenciements boursiers, ça continuent de plus belle... Sodol Colombini
Licenciements boursiers, ça continuent de plus belle...
A noter, comme vous le constaterez à la lecture de l’article, que dans ce groupe la CFDT est majoritaire, qu’on ne fait pas grève...
(« Un rassemblement, pas une manifestation, ni un appel à la grève, car ce n’est pas dans notre tradition et les salariés qui n’ont pas des salaires mirobolants ne peuvent se permettre de perdre une journée de salaire », défend Jean-Maurice L’Hôtellier CFDT, Secrétaire CE, dont la dernière manifestation remonte à la réforme des retraites de 2010.)...
Et certains viendront vous dire que si des entreprises vont mal c’est la faute à la CGT et aux syndicalistes qui pratiquent la “lutte des classes”... (Sodol Colombini)
- Il s'agit d'IMS Health, un cabinet de conseil dans le secteur de la santé qui travaille pour les plus grands laboratoires pharmaceutiques. Racheté il y a un an par un fonds de pension américain, le groupe coté à la bourse de New York (et qui vient de fusionner avec son égal, Quintiles) entend écrémer de 30 % « les effectifs » en France et délocaliser l’activité dans des pays low cost, la Pologne, l’Espagne, l’Inde et les Philippines.
- C’est déjà une grande première pour une population de cadres et non-cadres, techniciens, consultants, commerciaux, qui goûte peu le syndicalisme, la lutte, et qui n’a jamais fait de bruit, encore moins grossi les cortèges de manifestants de ces derniers mois contre la loi sur le travail ou les Nuits debout
Le patron gagne 35 millions de dollars, les salariés un licenciement
7 mai 2016 | Par Rachida El Azzouzi (https://www.mediapart.fr/)
IMS Health, groupe américain coté en bourse, spécialisé dans le conseil pour l'industrie pharmaceutique, connaît une santé financière excellente. Mais tout en augmentant de 40 % la rémunération annuelle du PDG pour la porter à 35 millions de dollars, il a décidé de supprimer un tiers de ses effectifs en France. Des licenciements boursiers, dénoncent les syndicats.
Jean-Maurice L’Hôtellier n’est « pas du genre à faire appel à des journalistes ». C’est si rare en vingt ans de militantisme à la CFDT qu’il nous remercie « infiniment » de contribuer à la médiatisation de l’histoire qui le préoccupe depuis plusieurs mois. Une histoire passée inaperçue, aux ressorts tristement classiques. Les salariés d’un grand groupe à la santé insolente sont brutalement licenciés dans des conditions indécentes. Ils sont sacrifiés sur l’autel du profit et de la performance boursière car ils ne seraient « pas assez compétitifs », pendant que leur PDG monde, Ari Bousbib, un Français installé à New York, voit sa rémunération annuelle (salaire, bonus, etc.) augmenter de 40 % en 2015 et atteindre 35 millions de dollars.
Il s'agit d'IMS Health, un cabinet de conseil dans le secteur de la santé qui travaille pour les plus grands laboratoires pharmaceutiques. Racheté il y a un an par un fonds de pension américain, le groupe coté à la bourse de New York (et qui vient de fusionner avec son égal, Quintiles) entend écrémer de 30 % « les effectifs » en France et délocaliser l’activité dans des pays low cost, la Pologne, l’Espagne, l’Inde et les Philippines.
310 postes supprimés, soit 222 licenciements secs sur ses quatre sites français : Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine, le quartier d’affaires parisien La Défense, Vélizy dans les Yvelines et Montargis dans le Loiret. L’annonce est tombée le 11 février dernier.
« Une journée délirante, se souvient Jean-Maurice L’Hôtellier, secrétaire du comité d’entreprise et délégué CFDT, le syndicat majoritaire. La direction avait convoqué les IRP [instances représentatives du personnel] dans la salle de réception obscure d’un hôtel de Boulogne-Billancourt et à 14 h 08, elle envoyait un mail à tous les salariés des différents sites accompagné d’une vidéo pré-enregistrée où elle annonçait le plan social d’une ampleur inédite. »
C’est la douche froide pour les salariés qui, trois mois plus tard, naviguent encore plus à vue, dans une ambiance délétère et malsaine. Chacun attend les résultats de la loterie, replié sur son angoisse d'être tiré au sort et de se retrouver sans emploi. « On ignore encore qui sera concerné par les départs contraints. On sait simplement que cela concernera autant des cadres que des employés mais cela génère une ambiance détestable dans les services », explique Jean-Maurice L’Hôtellier, qui dénonce des « licenciements boursiers » : « IMS Health gagne de l'argent et n'a aucune raison de licencier. »
Depuis le rachat du groupe par le fonds de pension américain, et malgré les résultats florissants d’IMS Health (417 millions de dollars de résultats net en 2015 et une prévision de croissance de 12 à 16 % pour 2016), les salariés redoutaient un plan de licenciements massifs. En décembre dernier, leur peur s’est matérialisée avec l’arrivée – pour un contrat éclair de six mois – de Béatrice Labouerie, la DRH qui a saigné le volailler Doux et le groupe Kodak.
« On s’est dit : on est cuits », raconte Jean-Maurice L’Hôtellier, 54 ans dont la moitié chez IMS Health. Comme tous en interne, il est « choqué » par « les mesures d'accompagnement » du plan (indemnités, congés de reclassement, aides à la formation…) proposées par la direction qui veut aller très vite et plier « l’affaire » d’ici juillet : « Elle prévoit cinq mois d’indemnités pour des salariés qui ont quinze, vingt ans d’ancienneté ! »Du mépris, doublé d’une grande violence, estiment les syndicats. La direction du Travail (Direccte) en convient à sa manière et refuse pour l’heure d’homologuer le plan de licenciements.
À la veille de la reprise des négociations sur les mesures du plan pour l’instant au point mort, la CFDT, majoritaire, appuyée par l’UNSA et la CGT, appelle les salariés à un rassemblement à l’heure de la pause déjeuner, entre 12 heures et 14 heures mardi 10 mai, au siège d’IMS Health à Boulogne-Billancourt (92) qui compte 700 salariés en moyenne. « Un rassemblement, pas une manifestation, ni un appel à la grève, car ce n’est pas dans notre tradition et les salariés qui n’ont pas des salaires mirobolants ne peuvent se permettre de perdre une journée de salaire », défend Jean-Maurice L’Hôtellier dont la dernière manifestation remonte à la réforme des retraites de 2010.
C’est déjà une grande première pour une population de cadres et non-cadres, techniciens, consultants, commerciaux, qui goûte peu le syndicalisme, la lutte, et qui n’a jamais fait de bruit, encore moins grossi les cortèges de manifestants de ces derniers mois contre la loi sur le travail ou les Nuits debout. La réforme du marché du travail en débat n'en facilitera pas moins les licenciements économiques en France comme ceux qu'ils sont en train de subir. « On est concentré sur nos problèmes. La loi sur le travail, Nuit debout, ce n’est pas notre préoccupation, à part peut-être pour un ou deux adhérents de la CGT. Les gens sont bloqués par la peur de perdre leur emploi et du chômage », lâche le syndicaliste de la CFDT.
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