18 juillet 1936 -18 juillet 2016 : le FRANQUISME n’en finit pas de mourir
On a souvent écrit dans notre blog que l’Espagne n’avait pas rompu avec le franquisme et qu’il s’était recyclé, en quelque sorte, durant la mal nommée « transition » : la période dite de « récupération de la démocratie » après la mort du dictateur, en novembre 1975. Franco gouverna l’Espagne dans l’esprit de la « croisade », de la revanche de classe, comme un pays occupé, fusillant et garrotant jusqu’en septembre 1975...
L’incomplète défranquisation, l’oubli, la dépolitisation, l’impunité, négociés, et la démocratie séquestrée, bancale, ont permis au révisionnisme historique de travailler en profondeur ... l’Espagne profonde, celle qui vote PP par peur des « rouges » et surtout du changement, sous le poids des conservatismes, de l’oligarchie, de l’Eglise, de la finance, celle-là même qui prit part au « golpe » militaire et l’arrosa généreusement...
Le richissime banquier mafieux Juan March, l’Allemagne nazie, ses banques, le Portugal de Salazar, l’Italie fasciste, les autorités navarraises, quelques synarques français, tendirent immédiatement un pont d’or aux putschistes. La multinationale nord-américaine Texaco livra le pétrole nécessaire... La « caste » d’aujourd’hui, beaucoup de grandes familles de l’oligarchie financière actuelle, sont héritières de l’époque.
D’où le refus de la droite néo-franquiste, organisée dans le parti populaire, de condamner publiquement le franquisme, 80 ans après.
UN EXEMPLE :
Le 14 juillet 2016, le groupe du PP, majoritaire au « gouvernement autonome » de la Communauté de Madrid, a refusé que soit discutée et votée une « Déclaration institutionnelle » de condamnation du franquisme, présentée par le groupe « Podemos ». L’Assemblée, présidée par un « poids lourd » du PP, la « pépéra » rajoïste Cristina Cifuentes, a repoussé brutalement l’initiative.
Le texte de « Podemos » exigeait simplement la « reconnaissance de tous ceux qui furent réprimés par le franquisme, de tous ceux qui durent s’exiler, des emprisonnés, des persécutés ». A plusieurs reprises, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a mis en demeure le gouvernement et les institutions espagnoles d’appliquer les législations, dispositions, traités, textes internationaux... que l’Espagne officielle a ratifiés, mais dont elle se contrefiche, en matière notamment de crimes contre l’humanité, de violations de droits de l’homme... Amnesty International parle d’ « exception macabre ». Il faut à la droite espagnole faire oublier encore et toujours les origines sanglantes de la monarchie parlementaire et son illégitimité.
PS. A quand l’annulation des procès militaires expéditifs et la réhabilitation de Julian Grimau, de Cristino Garcia, des « 13 roses », de Salvador Puig Antich, des suppliciés du FRAP, de l’ETA (1975), etc. ? A quand la transformation du fasciste « Valle de los Caídos », d’hommage aux « vainqueurs de la Croisade », tombeau monumental de Franco, en Musée de la mémoire des crimes du franquisme ? A quand la réparation des spoliations de toute sorte, de la répression économique dont furent victimes des dizaines de milliers de familles républicaines ? A quand un mea culpa de cette Eglise, complice et actrice de ce que l’historien Paul Preston appelle « l’holocauste espagnol » ? A quand une vraie « loi de mémoire » (justice, vérité, réparation), et des moyens pour l’appliquer ? A quand la fin de l’impunité ? 1936-2016 : 80 ans déjà.
Jean ORTIZ
SOURCE:
18 juillet 1936-18 juillet 2016: le franquisme n'en finit pas de mourir
L'incomplète défranquisation, l'oubli, la dépolitisation, l'impunité, négociés, et la démocratie séquestrée, bancale, ont permis au révisionnisme historique de travailler en profondeur .....
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