Les ogives nucléaire américaines transférées d’Incirlik à Deveselu : une diversion ?
Les ogives nucléaire américaines transférées d’Incirlik à Deveselu : une diversion ?
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Encore une provocation de plus, Vladimir Poutine a prévenu qu'il ne voulait pas de stock d'armes nucléaires à proximité directe de la Russie. Ce qui constituerait un "Casus Belli" déclarait Poutine. Obama se prépare à la guerre totale contre la Fédération de Russie dans sa tentative d’empêcher la publication des e-mails secrets d’Hillary Clinton. Si Obama réussit à déclencher une guerre contre la Russie, cela conduirait inévitablement à une guerre nucléaire entre la Russie et les pays de l’OTAN, c’est-à-dire à la troisième guerre mondiale.
La dernière «pièce du puzzle» à être mise en place par le régime Obama pour ce début de guerre, a été accomplie le mardi (14 Juin) lorsque l’OTAN a annoncé, pour la première fois de son histoire, que les opérations informatiques de cyber-piratage et d’intrusion font maintenant partie de ses armes de guerre, ayant la même importance que les armes aériennes, terrestres et maritimes. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, a averti que les cyber-attaques contre les membres de l’alliance pourraient maintenant être classées en tant que « cas de casus belli» par l’OTAN, et pourraient entraîner une réponse militaire de l’OTAN.
Dans une interview avec une publication danoise, Mikhail Vaeli, Ambassadeur de Russie à Copenhague, a déclaré que tous les pays qui rejoindront le système antimissile américain en Europe deviendront automatiquement des cibles des missiles balistiques russes. Les états membres de l’OTAN européens qui ont accepté que soient installés sur leur territoire des éléments du système ABM américains sont la Turquie (radar d’alerte AN/TPY-2), l’Espagne (hébergé à la Base Navale de Rota sur trois destroyers AEGIS américains), la Pologne et la Roumanie (des systèmes de lancement de missiles balistiques).
En apparence, la colère des russes semble injustifiée, puisque selon toutes les déclarations des officiels américains, les systèmes antimissiles balistiques des USA en Europe auraient un but défensif. Sergei Riabkov, le vice-ministre russe des affaires étrangères, est d’un autre avis, affirmant que les systèmes antimissiles qui vont être installés en Roumanie et en Pologne représentent des violations des dispositions du Traité des forces nucléaires intermédiaires (FNI).
Le traité signé par les Etats-Unis avec l’URSS en 1987, a conduit à l’élimination des missiles balistiques de courte portée et de portée intermédiaire (500 à 5 500 km), ainsi que les missiles de croisière basés au sol. En vertu de ce traité, les États-Unis ont retiré d’Angleterre, de Belgique, des Pays-Bas, d’Italie, d’Allemagne et démantelé 846 missiles équipés d’ogives nucléaires de type Pershing 1b, Pershing 2 et BGM-109G Tomahawk. La même chose a été faite avec 1846 missiles balistiques soviétiques de type TR-1, OTR-23 et R-12 (déployés en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Allemagne et en Bulgarie), ainsi que des R-14 (3 700 km de portée) et des RSD-10 (5 500 km de portée).
que veulent les russes en fait ?
Après 28 ans, sous couvert de soi-disant bouclier ABM, les américains sont en train de tricher pour réintroduire en Roumanie et en Pologne des missiles de croisière basés au sol de type BGM-109G Tomahawk, capables de frapper Moscou et autres cibles dans la partie européenne de la Russie. Ce type de missiles avait été retiré de l’Europe, sur la base du traité FNI.
Le bouclier ABM américain situé à Deveselu-Roumanie, qui deviendra opérationnel à la fin de l’année 2015 est un complexe AEGIS au sol et se compose d’un radar AN/SPY-1D de détection, de traçage de cibles et de guidage de missiles, ainsi qu’un système de lancement, composé de cellules verticales, de type Mk-41 VLS. Le Centre de commandement et de contrôle est connecté au réseau satellitaire de l’armée américaine, au réseau radar naval, terrestre et embarqué à bord d’avions AWACS. Sur l’ensemble des cellules de lancement vertical à Deveselu, les experts militaires russes disent que seuls 24 serviront à lancer des missiles balistiques, SM-3. Le reste des cellules sera utilisé pour lancer des missiles qui assure la protection des défenses AA, et 8 seront pour les missiles de croisière de type Tomahawk.
Le système AEGIS des navires de guerre américains se compose
du binôme radar AN/SPY-1 et des cellules verticales de type Mk-41 à Deveselu , il est identique à celui des croiseurs US de classe Ticonderoga et des destroyers US de classe Arleigh Burke. Le système de lancement Mk-41 se compose de plusieurs modules, chacun avec 5-8 lanceurs individuels verticaux montés sur le pont des destroyers (90 cellules) ou des croiseurs (122 cellules).
La section de défense AA propre au système de lancement vertical VLS Mk-41 sur les navires américains (composé de 30 à 40 cellules) est armée de trois types de missiles : RIM-174/ Standard Missile-6 ERAM (370 km de portée), RIM-156A/Standard Missile-2 (190 km de portée) et RIM-7 Sea Sparrow (19 km de portée).
La section antibalistique du système est armée avec le missile antibalistique RIM-161/Standard Missile – 3/1b. Il a été développé à partir du RIM-156A/SM-2 et a un poids de 1500 kg, une longueur de 6,6 m, diamètre 34 cm, une portée de 500 km et 160 km de plafond.
La section de défense anti-sous-marine et de frappe d’objectifs stratégiques est armée de missiles-torpille anti-sous-marines RUM-139 ASROC (portée de 22 km), de missiles de croisière Tomahawk, de missiles mer-terre RGM-165/Standard Missile-4 avec une portée de 280 km à vitesse de Mach 3,5.
Missile tomahawk
Il est armé de l’ogive nucléaire miniature W80 de 50 kt, a une masse de 1 500 kg, une longueur de 6,6 m, diamètre de 34 cm, portée de 1 300-2 500 km, une vitesse de croisière de 880 km/h, et coûte $ 1,2 million. Les 5 à 10 premières secondes, un étage à combustible solide lance et accélère le missile, après quoi les ailes se déploient et la propulsion est fournie par un moteur à réaction, comme pour les avions. Le microprocesseur embarqué assure la navigation inertielle à l’altitude de 50-100 m, avec des corrections par GPS, depuis le module de mémoire TERCOM (Terrain Contour Matching) qui permet le mappage du terrain survolé et la comparaison avec les données de vol, à l’aide d’un radioaltimètre. La tête de guidage de précision du missile est un mini radar qui permet au missile, une fois arrivé dans la zone de l’objectif, de détecter et reconnaître la cible et la distinguer du relief.
Quels sont les risques et quels avantages pour la Roumanie ?
A quoi sert ce bouclier ABM américain situé sur le territoire de la Roumanie ? Sachant très bien qu’il existe un risque d’exposition de la population aux frappes militaires classiques ou nucléaires en réponse de la Russie.
Mon opinion est que la Roumanie n’a aucun moyen de violer le traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), pour la simple raison qu’elle n’en faisait pas partie. Même le vice-premièr ministre de la Russie, Dimitri Rogozine, ex Ambassadeur de Russie à l’OTAN et une personne bien informée, a admis que le statut de la base américaine de Deveselu permet à peine aux soldats d’accéder au Hall. Même le chef général de l’armée roumaine, pourtant une armée de l’OTAN, ne pourra au grand jamais visiter le centre de commande/contrôle, tout simplement parce que la base de Deveselu est une base américaine, non une base de l’OTAN.
D’autre part, en raison de la situation internationale et de la gestion calamiteuse des ressources économiques, financières et humaines par les gouvernements qui se sont succédés à la direction de la Roumanie durant les 25 dernières années, après la destitution de Nicolae Ceaușescu, des dizaines de milliers de capacités industrielles ont été démantelées, vendues à la ferraille, et une partie de la richesse nationale s’est envolée à l’étranger. Dans ces circonstances, le budget de la défense n’a pas permis l’achat d’armes modernes durant toutes ces années.
Ainsi, la défense aérienne de la Roumanie se compose d’environ 20 batteries de missiles soviétiques, à courte portée et de portée intermédiaires, et 20-24 avions de combat MiG-21, tous âgés de plus de 44 ans. L’efficacité de ces missiles et de ces avions, dans les conditions d’un flux important d’avions modernes, agissant sous un brouillage électronique intense, est nulle. En revanche, le bouclier ABM américain Deveselu, à travers sa section de défense AA propre, couvrira la majeure partie du territoire de la Roumanie avec la nouvelle génération de missiles. (Voir figure missiles de portée AA).
Selon des sources citées par EurActiv.com, le Pentagone a commencé à transférer 20 bombes de l’aviation avec des têtes nucléaires de type B61, de la base aérienne turque d’Incirlik à la base de Deveselu en Roumanie, qui héberge le bouclier antimissile américain [[1]]. Bien que le ministère roumain des Affaires étrangères ait nié ces nouvelles et le ministre de la Défense les ait qualifiées de pure spéculation, il y a une dose de crédibilité, étant donné que la base à Deveselu est une base américaine où la Roumanie n’a aucune autorité. Donc, tout ce qui va dans cette base, y compris des ogives nucléaires, ne nécessite pas l’approbation des autorités roumaines. La bombe nucléaire B61-11 a une longueur de 3,56 m et une puissance de 5-80 kT. Elle peut être utilisée par des avions de bombardement américains B-52, B-1 et B-2B, ainsi que des chasseurs-bombardiers F-15E, F-16 et F/A-18.
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Quelle serait l’utilisation de ces bombes nucléaires en Roumanie?
La bombe nucléaire ne peut pas être utilisée sur des MiG-21 Lancer ni sur aucun des avions du lot des 15 F-16 que la Roumanie a achetés « de seconde main » au Portugal. Dans le cas d’une agression hypothétique de la Russie contre la Roumanie si les bombes B61-11 ne sont pas détruites par les Russes avec l’installation de Deveselu elle-même, elles ne pourraient être utilisées que par les F-15, F-16 et F/A-18 américains qui seraient déployés en Roumanie. Seulement, ces avions américains ne pourront arriver en Roumanie qu’après qu’une grande partie du territoire de la Roumanie aura été occupée par l’armée russe et les avions américains seront obligés de frapper avec des bombes nucléaires B61-11 les objectifs militaires russes en Roumanie. Les Russes, répondront à leur tour avec des bombes nucléaires lancées sur les bases roumaines d’où opèrent les avions américains. C’est la population de la Roumanie qui va subir les effets des bombes nucléaires des deux côtés. L’hypothèse du transfert des bombes B61-11 à Deveselu pour être utilisées par des avions militaires est peu probable.
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Les ogives des bombes B61-11 de Deveselu utilisées pour attaquer Moscou ?
Le Pentagone il y a trois ans a lancé un programme de modernisation pour maintenir en activité 400 bombes B-61 vieilles de plus de 30 ans, parmi les 1300 qui sont opérationnelles. Le programme de modernisation vise à leur transformation en nouveau B-61 M12, équipé d’un système de guidage et probablement la possibilité de leur adaptation en têtes nucléaires W85 pour pouvoir les utiliser avec des missiles de croisière. Environ 180 bombes B-61 des dépôts des forces aériennes américaines stationnées en Europe ont été modernisées et ramenées ensuite sur le continent européen.
Une bombe avec une ogive nucléaire de type B61 est prévue pour une ogive nucléaire W85 cylindrique (d’une longueur de 1,1 m et un diamètre de 33 cm) pesant 400 kg. Initialement, cette ogive avait été créée pour les missiles balistiques américains Pershing II (portée de 1,770 km). De 1983 à 1988, le traité INF est entré en vigueur pour l’élimination des missiles de courte et moyenne portée en Europe. Cela concernait 108 missiles américains Pershing II ainsi que 464 missiles américains de croisière avec des ogives nucléaires BGM-109G basés au sol, stationnés en Europe (Belgique, Pays-Bas, Allemagne et Italie).
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Le missile de croisière avec plateforme au sol BGM-109G est une version du missile de croisière sur plateforme navale Tomahawk (1.400 à 2.500 km de portée), et peut être lancé à partir d’installations Mk 41 VLS mis à Deveselu. Le BGM-109G a été équipé avec une ogive nucléaire W84, dérivé du W85 de la bombe nucléaire B-61 qui avait le même diamètre et la même longueur. Ainsi, l’ogive nucléaire W85 de la bombe nucléaire B-61 peut être facilement adaptée pour être montée sur le missile de croisière Tomahawk qui peut être lancé à partir de Deveselu. 28 ans après la signature du traité INF, sous couvert du bouclier soi-disant antibalistique, les Américains réintroduisent en Europe des missiles de croisière nucléaires basés au sol Tomahawk BGM-109G, capables de frapper des cibles à Moscou et d’autres cibles dans la partie européenne de la Russie. Cette hypothèse est plus crédible que la première, et le lancement des missiles Tomahawk avec des ogives nucléaires ne nécessite pas l’approbation ou la notification des dirigeants de l’Etat roumain, surtout quand il s’agit de prendre la Russie par surprise. Cela va entrainer la réponse nucléaire de la Russie sur le territoire roumain, la population roumaine devra s’y préparer. Cependant, je ne crois pas que les Américains ont l’intention de sacrifier inutilement la population roumaine pour atteindre leurs objectifs, d’autant plus que la Roumanie est un membre de l’OTAN et a un partenariat stratégique avec les Etats-Unis.

Pour se protéger contre l’aviation et des missiles balistiques nucléaires russes, les installations Mk 41 VLS de Deveselu n’ont pas besoin de l’aviation et des missiles sol-air obsolètes de la Roumanie destinés à la protection de la population. Elles peuvent lancer des missiles sol-air-RIM-66 standard (portée 167 km), RIM-67 standard (portée 185 km), RIM-174 ERAM standard (portée 340 km), RIM-162 ESSM (185 km de portée) et des missiles antibalistiques SM-3 bloc 1b.
Traduction Avic – Réseau International
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[1] US moves nuclear weapons from Turkey to Romania ( http://www.euractiv.com/section/global-europe/news/us-moves-nuclear-weapons-from-turkey-to-romania/
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