De Robin Guinin
Pourquoi je n'aime PAS la fête d'Halloween ?
Ha ha ! Voici un sujet qui risque de faire polémique et de déplaire à bon nombre d'adorateurs de la sainte Citrouille-lanterne ! J'assume. Mais je tiens tout de suite à préciser que mon avis est tout à fait subjectif et que leur intégrité n'est en rien menacée par mes critiques. Chacun-e est libre de mener sa vie comme il/elle l'entend.
I. UN MARCHÉ LUCRATIF
Voici d'abord une fête totalement commerciale crée de toute pièce par des entreprises cherchant à augmenter leur sacro-saint chiffre d'affaire durant le mois d'octobre. C'est une fête purement consumériste et on aura du mal à me convaincre du contraire. On pourra me rétorquer :
« ouiii, les druiiides, une fête païenne traditionneeelle, et blablabla et patati et patata », mais si cet argument est éventuellement valable dans la culture anglo-américaine, en France cette fête existait à peine dans les consciences de quelques énergumènes il y a 10-15 ans. Encore une fois le processus est simple : on crée un besoin et on le fait avaler à la population à grand renfort de publicités, de campagnes mercantiles monstres (le terme est adéquat). Et les gens (heureusement pas tous, ça n'a pas si bien marché que nos vendeurs d'horreurs l'auraient souhaité) suivent bêtement, en bons moutons, sans jamais remettre le moins du monde en cause le bien-fondé de ce "nouveau besoin" totalement artificiel qu'ils ignoraient il y a à peine quelques années.
II. LA NATURE DE LA FÊTE
Ensuite, il y a la nature même de la fête, son fond de commerce : d'une part l'horreur, le macabre, la peur, le sang, le glauque, la monstruosité, etc. et d'autre part les bonbons, friandises...
1) L'HORREUR
Alors on a déjà les médias de masse ou les films à hémoglobine hollywoodiens qui banalisent la violence, viennent ensuite pas mal de jeux vidéos, et pour couronner le tout, voici Halloween, ta-daam ♪ À ce propos, pour ceux qui douteraient encore de l'influence de toute image/scène à caractère violent sur le comportement de l'individu, je vous invite à regarder la conférence de Michel Desmurget sur la vérité scientifique des effets de la télévision : https://www.youtube.com/watch?v=NvMNf0Po1wY
J'ose même aller plus loin en émettant l'hypothèse que cette banalisation extrême de toute image violente, macabre, etc. et de cette culture du "gore/trash", tellement à la mode, aurait été voulue (je garde le conditionnel, cela reste un avis non démontré) intentionnellement par la classe dominante pour préparer psychologiquement la population d'une part à une atmosphère de peur, de défiance omniprésente de chacun vis à vis de tous, qui conduit à la division, la haine, le racisme, le repli communautaire... suivant le célèbre adage « diviser pour mieux régner », et d'autre par pour l'habituer à l'idée de guerre, en formant des soldats dénués d'émotion qui exécutent froidement les ordres et abattent sans scrupule "l'autre/l'ennemi".
Bon, on me citera toujours les cas de tous ces enfants qui se déguisent en monstres, fantômes ou vampires très rigolos et pas effrayants du tout. Certes, la fête peut revêtir un visage atténué, plus plaisant chez certains. Mais majoritairement, le goût est tout de même au morbide, au sanguinolent. En somme, ce n'est qu'en Italie que le "morbide" perd réellement son aspect répugnant, "morbide" étant le féminin pluriel de l'adjectif italien morbido-a = moelleux-se (un faux-ami).
2) LA MALBOUFFE
Maintenant, voici l'autre aspect de la fête, à savoir les sucreries. Je pense que la plupart d'entre vous savent qu'une surconsommation de sucre (en particulier le sucre blanc, raffiné) pose de graves problèmes de santé (diabète, obésité, caries, cancer...), et l'industrie alimentaire moderne est encline à en abuser. Sans compter l'aspect addictif du sucre, qui selon des études sur des souris serait même supérieur à celui de certaines drogues dures.
On parle aussi de "cochonneries" pour désigner ces produits si chers à Halloween. Un terme très... intéressant ! À prendre souvent... au pied de la lettre ! Saviez-vous que la gélatine qu'on retrouve dans bon nombre de bonbons (nounours, crocodiles, frites, cocas, etc.) est fabriquée directement à partir de la peau de notre ami le cochon ? Les industriels de l'agroalimentaire se gardent bien de révéler cela au public, de peur de perdre nombre de clients qui ne mange pas de porc (musulmans, juifs, végétariens...) ou qui rejettent l'élevage industriel intensif et ses conséquences dramatiques sur la planète et le bien-être animal. Pour en apprendre davantage : https://www.youtube.com/watch?v=B1420ya5DbY
Et enfin, il y a tous les additifs, tous ces produits chimiques ajoutés aux bonbons pour améliorer leur gout, leur texture, leur aspect (colorants, arômes, exhausteurs de gout, édulcorants...) dont la toxicité de beaucoup est régulièrement dénoncée par la communauté scientifique (notamment l'aspartame, les glutamates...). Ceux-ci sont non seulement hautement cancérigènes, mais ont également un effet plus direct sur le cerveau avec un dérèglement neuronal, qui causerait des troubles comportementaux, en particulier chez l'enfant (plus sensible et vulnérable que l'adulte). Il peut s'agir d'effets comme l'incapacité de concentration, l'hyperactivité, l'agressivité, la fatigue, etc. Une expérience intéressante à ce sujet a été réalisée dans une école en Australie : https://www.youtube.com/watch?v=mJ5APLPKK4c
3) LA FÊTE
« Oh là là, tu nous barbes avec ton blabla, c'est juste une bonne occasion de rigoler, de faire la fête, et c'est chouette de se déguiser ». Bon, si ce n'est qu'une "simple fête" alors... Je n'ai rien contre les fêtes, au contraire, ce sont de beaux moments de convivialité en famille ou entre amis. Mais n'avons-nous pas en tant que citoyen à choisir quel type de fêtes nous souhaitons organiser, sans que cela soit orchestré par le système marchand ? Après tout, nous n'avons pas besoin d'évènement à date précise fixée par la société pour faire la fête (comme l'attestent anniversaires, mariages... ou simples soirées entre amis). Et quand bien même, n'avons-nous pas à choisir nous-mêmes sur quel thème elle se fera, quelles valeurs nous souhaitons mettre en avant ? Est-ce l'immonde, la laideur, l'horreur, la violence, le sang, la destruction, le chantage avec intimidation « des bonbons ou un sort » qui même ritualisé et "pour rire" ressemble à du racket, la malbouffe, l'incitation au consumérisme décomplexée et cynique (du côté marchand), etc... ou bien souhaitons-nous une fête qui se base sur d'autres valeurs : la non-violence, la beauté, l'harmonie, la contemplation de la nature, le partage, la gratuité, le fait-maison, le sain, le bio... ? Et pour celles et ceux qui aiment se déguiser, pourquoi ne pas innover ? Par exemple on pourrait créer la fête de la biodiversité et se déguiser en amérindien pour dénoncer la déforestation amazonienne !
III. L'UNIFORMISATION CULTURELLE
Enfin, voici une fête qui participe à la propagation d'une certaine culture de masse uniformisée qui se déploie tel un virus partout dans le monde. Je parle évidemment de la culture anglo-américaine qui impose, par le biais de propagandes publicitaires forcenées, partout dans le monde ses produits culturels invasifs (films, musiques, bouffe...) et bien sûr la langue anglaise elle-même ! Cela tend à créer un individu uniformisé, aseptisé, enclin a adopter avec grâce le système de société induit par cette monoculture, à savoir le capitalisme néolibéral et ses externalités négatives (surconsommation, épuisement des ressources, pollution, inégalités...).
Au lieu d'avoir une humanité incroyablement diversifiée, riche de sa multitude de langues et de ses cultures plus fantastiques les unes que les autres, partout on n'écoute plus que des musiques en anglais (et pire encore, des chanteurs de langue natale non-anglophone qui chantent en anglais pour être "commercialisables" à l'international), on ne regarde plus que des films américains, et dans l'enseignement supérieur, dans l'entreprise, dans la publicité... l'anglais est omniprésent !
Au lieu de regarder la richesse formidable du monde et de s'émerveiller des différences de chaque peuple, on a de plus en plus l'impression que tous tendent les yeux et les bras vers ce rêve américain tellement illusoire. Peut-être la France est-elle déjà plus ou moins une colonie américaine depuis longtemps, quand on observe ses choix politiques et économiques, mais que voulez-vous, j'ai toujours préféré le rôle de résistant à celui de collabo. Alors comprenez que vu sous cet angle-laid (notez le jeu de mot), je digère mal les « happy Halloween » !
Précisons tout de même que je ne suis bien évidement pas extrémiste dans mon rapport à la culture anglo-américaine, et j'apprécie malgré tout certaines de ses créations culturelles. Quelque part, on est tellement matraqués, massivement, par cette culture et cette langue, qu'on finit quand même par trouver des petits bijoux en son sein ! Et le peuple américain, essentiellement manipulé par une idéologie qui le dépasse, comporte aussi quantité de militants fort intéressants : Paul Watson, Peter Joseph, Jacque Fresco, Morgan Spurlock, Kip Andersen, Keegan Kuhn...
PS : aucune citrouille n'a été malmenée durant la réalisation du dessin. Je tiens à préciser d'ailleurs que la violence de la scène n'est qu'illusoire : point de sang, juste du jus de citrouille.