Alors que la France avait tout fait pour atteindre ce résultat, à savoir un véto de la Russie contre son projet de résolution, elle joue les ingénues, s'indigne comme une vierge effarouchée qui a soudain peur de se brûler. Comme l'affirme F. Hollande, à Tulle, en Corèze:
"Un pays qui mettrait le veto à cette résolution serait discrédité aux yeux du monde."
La Russie a mis son véto contre un texte inique, politisé qui veut protéger les groupes terroristes d'Al Nusra. La Russie s'est prononcée pour la protection de la population syrienne et non pour celle des groupes terroristes. La Russie s'est donc discréditée ... à Tulle. Il est parfois important d'être minoritaire. Mais si la presse française s'égosille sur le véto russe, les médias oublient de publier les explications fournies par le ministère des affaires étrangères russes. Comblons cette lacune.
Le
projet de résolution présenté par la France a été voté par les membres du Conseil de sécurité, sauf par la Russie (qui est membre permanent et dont le vote est donc obligatoire pour faire passer un texte) et le Vénézuéla. La Chine et l'Angola se sont abstenus. Contre la position française, la Russie a également proposé sa version de résolution, mais qui ne prévoit pas d'arrêter de bombarder les groupes terroristes:
Mais le Conseil de Sécurité de l'ONU a rejeté le texte présenté par la Russie. Neuf des 15 pays membres du Conseil de sécurité ont voté contre le texte, dont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni. Le Venezuela, l'Égypte et la Chine ont voté avec la Russie pour soutenir son texte, tandis que l'Angola et l'Uruguay se sont abstenus.
Conclusion d'un des portes-paroles de notre belle coalition pour le terrorisme :
L'ambassadeur britannique à l'ONU, Matthew Rycroft, n'a pas hésité à parler de «veto solitaire» de la Russie et de vote «cynique».
Rappelons qu'il ne suffit pas d'être nombreux pour avoir raison. Et les raisons pour lesquelles la Russie a voté contre ce projet de résolution sont celles qui défendent les valeurs européennes historiques. Des valeurs humanistes, des valeurs de courage, des valeurs qui font que l'on ne sauve pas l'ennemi. C'est la Russie de Léningrad prête à se battre jusqu'à la mort, mais à emporter avec elle les nazis. Ce n'est pas un pays qui a créé le culte de la reddition.
Si ces valeurs sont devenues minoritaires, elles n'en sont pas moins justes. Voici la traduction intégrale de l'explication officielle donnée par le
ministère des affaires étrangères russe. Bien loin du "cynisme".
Le 8 octobre, la Russie a voté contre le projet de résolution sur la Syrie présenté par la France au Conseil de sécurité de l'ONU.
Son texte, manifestement présenté sous incitation de Washington immédiatement après le refus des Etats Unis de remplir les accords russo-américains sur le règlement du conflit syrien, a profondément déformé la réalité de la situation, était politisé, déséquilibré et partisan. Toute la responsabilité quant à l'escalade des tensions en Syrie est en bloc attribuée au pouvoir du pays. Dans le même temps, en voulant interdir l'aviation dans la région d'Alep, il y a une réelle tentative de garantir une protection à Al Nusra et aux groupes terroristes affiliés malgré l'obligation des pays membres de l'ONU de mettre tous les moyens en oeuvre pour lutter contre la menace terroriste. Le projet français taisait totalement le fait que la crise humanitaire à Alep ait été artificiellement provoquée quand, en août et en septembre, les groupes terroristes ont refusé de laisser passer les convois humanitaires et ont menacé de tirer dessus. Dans le même temps, le projet ignore les enjeux d'un début, le plus rapide possible, du processus politique entre les forces syriennes, processus qui a été justement saboté par ces mêmes opposants que l'Occident protège et couvre envers et contre tout.
Lors de la discussion du projet, la partie russe a proposé toute une série d'amendements constructifs, dans le but de le rendre plus objectif. Nous avons insisté sur l'intégration du principe aujourd'hui essentiel d'une distinction claire et nette des forces ressortant d'une opposition "modérée" des terroristes. Nous avons rappelé les enjeux d'un déblocage de la route de Castello par les groupes combattant, qui est l'une des artères principales d'accès à l'est d'Alep. Nous avons défendu des mécanismes de cessez-le-feu, qui avaient été acceptés par le Groupe international de soutien à la Syrie, nous avons insisté pour une confirmation absolue des fondements négociés de la régulation de la crise syrienne dans les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Afin de ne pas permettre une scission du Conseil de sécurité, nous avons proposé un compromis de projet de résolution.
Toutefois, les co-auteurs du projet français, encouragés par des critiques déchaînées de Damas, n'ont pu faire preuve de sagesse politique. A des négociations orientées vers des résultats positifs concrets, ils ont préféré la langue de l'ultimatum, une forte opération de communication, l'exploitation de la problématique humanitaire dans des buts politiques, éloignés des intérêts réels du peuple de Syrie, et également des autres peuples de la région. Il est significatif que notre refus de partager une telle ligne soit partagé par toute une série de membres du Conseil de sécurité.
L'échec de la tentative d'abus de l'autorité du Conseil de sécurité montre l'obsession des initiateurs de la résolution française pour l'idée d'un changement inconstitutionnel du régime en Syrie par l'implication des ressources de l'internationale terroriste, largement alimentée depuis l'étranger.
Il est parfaitement connu que la Russie n'est pas intervenue dans le conflit syrien pendant les quatre années durant lesquelles les gouvernements occidentaux ont alimenté les groupes armés terroristes et elle n'est entrée en Syrie sur demande de son gouvernement légitime que lorsqu'il y a eut un réel risque pour Damas d'être pris par les terroristes. Il était inadmissible que la Syrie encoure le même sort que l'Irak ou la Libye, avec le renversement desquels a commencé la destabilisation du Moyen Orient, engendrant et l'état islamique et de nouvelles réincarnations d'"Al Qaïda" comme "Nusra". Il est regrettable que certains de nos partenaires ne tirent pas les leçons de l'histoire.
En regrettant profondément le préjudice qui a été porté aux efforts pour la régulation du conflit syrien par les tenants de l'intensification de la confrontation, la Russie reste fidèle à sa position de la recherche d'une solution politique à long terme du conflit syrien. Nous sommes prêts à un travail collectif constructif dans l'intérêt de l'exécution volontaire des engagements déjà pris et à la discussion concernant des pas supplémentaires, qui permettraient aux syriens eux-mêmes, par le dialogue de tous les groupes politiques et confessionnels, de déterminer l'avenir de leur pays sans intervention étrangère.
Peut-être J.-M. Ayrault aurait pu nous épargner cette humiliation? La France directement montrée comme un simple porte-parole qui n'a plus sa voix, mais une sorte de marionnette que l'on fait parler avec d'autres mots, d'autres idées, défendants d'autres intérêts. Un texte rédigé "sous incitation de Washington", les "co-auteurs" de la résolution française, etc. Bref, un pays qui n'a plus de voix. Belle victoire diplomatique de la France. Sur le fond, ce projet de résolution ne mérite même pas la peine d'en parler. Le pouvoir français a manifestement trop bien pris l'habitude de laisser passer l'ennemi, de ne pas se battre, de baisser les armes et de s'en remettre à d'autres. Faut-il donc remettre les syriens à Al Nusra?