Source : BBC News, le 23.04.2017
L’Équateur a condamné à des amendes plusieurs sociétés pour n’avoir pas publié une histoire jugée d’intérêt public.
Le chien de garde officiel des médias a déclaré que la presse avait le devoir de couvrir l’histoire sur les prétendues transactions offshore d’un politicien de l’opposition et du récent candidat à la présidence Guillermo Lasso.
L’enquête a été publiée dans un journal argentin en mars.
Les chiens de garde et les sociétés de presse se sont accusés mutuellement de censure. Un appel est en cours.
La décision a été appliquée contre les journaux El Comercio, La Hora, Expreso et El Universo, et les chaînes de télévision Televicentro, Teleamazonas et Ecuavisa.
Le chien de garde connu sous le nom de Supercom a déclaré avoir condamné les compagnies à une amende de 3 750 dollars ( 3000 livres sterling), l’équivalent du salaire de base de dix journalistes.
Le directeur de Supercom Carlos Ochoa a dit que les amendes étaient à la fois une punition et une motivation pour améliorer les pratiques journalistiques.
Pedro Valverde, un avocat du journal El Universo, a déclaré à la BBC qu’il « utilisera toutes les options administratives et judiciaires possibles pour annuler cette sanction absurde ».
Le rapport « Lasso : le magnat offshore », a d’abord été publié par le journal de gauche argentin Pagina 12 et fut repris par divers autres journaux d’information équatoriens avant les élections nationales du 2 avril.
L’organisation locale de liberté d’expression Fundamedios a déclaré que le gouvernement ne devrait pas infliger d’amendes aux médias.
« C’est un acte de censure destiné à donner au gouvernement le rôle d’éditeur de tous les médias, décidant ainsi de ce qui doit être publié ou non », a dit le directeur Cesar Ricaurte.
Supercom agit en vertu de la loi controversée sur les communications.
La loi, introduite par le président Rafael Correa en 2013, donne aux fonctionnaires le pouvoir de sanctionner les médias.
La plainte récente contre les médias a été enregistrée par une organisation appelée l’Observatoire citoyen pour la qualité des communications, le 27 mars, après que le président Correa a déposé une plainte sur son émission de télévision.
L’organisation a déclaré que des sociétés de médias diverses – certaines parmi les plus importantes du pays – ont échoué à publier ou enquêter sur les accusations de transactions bancaires offshore qui « affectent le droit de voter des Équatoriens, alors que quelqu’un qui aspire à devenir président est impliqué dans des crimes potentiels. »
Cependant, certains médias affectés ont avancé qu’ils étaient liés par une législation contradictoire.
M. Valverde s’est référé au Code de la Démocratie, qui ne permet pas aux médias de publier des travaux qui pourraient être considérés comme agissant activement pour ou contre un candidat pendant une période électorale.
Les représentants du journal El Comercio ont également déclaré que la loi sur les communications comporte une autre clause – l’article 22 – qui stipule que le journalisme doit être vérifié et qu’il ne peut pas se fier à l’enquête argentine.
Est-ce que la loi va durer ?
M. Lasso a prévu de révoquer les lois sur la communication s’il gagne les élections.
L’ancien banquier a perdu de très peu contre le candidat de gauche Lenin Moreno.
Le nouveau président Moreno a également exprimé des réserves sur la loi, y compris sur l’annonce des sept amendes.
Il a déclaré qu’il aimerait parler à la presse directement sur le sujet, selon des rapports des médias.
Le président Correa a très souvent défendu sa loi, en faisant aussi référence à cet incident récent.
http://www.bbc.com/news/world-latin-america-39682264
Source : BBC News, 23.04.2017
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité,en citant la source.