A la suite d'une demande des Verts allemands, opposés à la politique intransigeante d'Angela Merkel à l'égard de la Grèce, le ministère des Finances allemand a dû rendre public les gains effectués en prêtant de l'argent à Athènes.
Les Grecs n'ont pas fini de se mordre les doigts d'être entrés dans la zone euro et de payer le maquillage de leurs comptes public que leurs dirigeants ont confié à la banque Goldman Sachs au début des années 2000. Grâce à une demande expresse des Verts allemands, très critiques quant à l'intransigeance de la chancelière allemande Angela Merkel à l'égard de la Grèce, le ministère des Finances allemand a été contraint de livrer les chiffres des intérêts perçus sur les prêts accordés à Athènes. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, les gains s'élèvent à 1,34 milliard d'euros depuis 2009, année où la Grèce, frappée de plein fouet par la crise financière de 2007, demandait l'aide de l'Union européenne, invoquant la «solidarité» entre les Etats membres.
Aide conditionnée à l'obéissance
Une solidarité sur la base de laquelle, les Européens s'étaient engagés à reverser les intérêts des prêts accordés à la Grèce afin de tenir le pays la tête hors de l'eau. Mais, depuis le bras de fer entre la Troïka européenne et le Premier ministre grec Yanis Varoufakis, et le référendum de 2015, l'Allemagne refuse de les payer. La Kreditanstalt für Wiederbau (KfW), une institution financière publique, a ainsi touché depuis 2009 quelque 393 millions d'euros d'intérêts sur un prêt consenti à Athènes de 15,2 milliards d'euros.La Bundesbank – la Banque centrale allemande – a pour sa part a touché 952 millions d'euros dans le cadre du programme de rachat européen de titres de dette souveraine de pays dont les finances étaient exsangues après le renflouement public de banques privées.
Moyen de pression contre les Grecs
Dans ce qui ressemble fort à un chantage, Berlin conditionne la rétrocession des intérêts à l'assiduité avec laquelle la Grèce se conforme aux recommandations des ministres des Finances européens de l'Eurogroupe, et du Fonds monétaire international (FMI), un autre de ses créanciers dur en affaires. Et pourtant, après le baroud d'honneur de Syriza en 2015, la Grèce se montre bonne élève. En mai 2017, le Parlement grec adopte de nouvelles mesures de rigueur, afin de satisfaire ses créanciers, l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI). Et aussi dans l'espoir d'attendrir Angela Merkel et d'obtenir un allègement de sa dette, plus de 320 milliards d’euros, soit près de 180 % de son produit intérieur brut en 2017.
Sven Christian Kindler, représentant les Verts à la commission budgétaire du Parlement allemand résume ainsi la situation : «L'approche allemande de la crise grecque peut certes sembler légale. [Mais] elle est illégitime d'un point de vue moral et en terme de solidarité.»
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