Décidément, les oligo-libéraux n’ont peur de rien. Après tout, avec un président qui baisse les impôts des riches et des grandes entreprises alors même que les profits et les inégalités sont au plus haut, tout en déconstruisant le droit du travail, pourquoi s’embarrasser ? Maintenant, c’est le SMIC qui est en accusation : il serait trop cher et serait le coupable de notre niveau de chômage…
L’horreur sociale, en marche
Voici ici réunies bien des horreurs des oligo-libéraux. D’abord, ils trouvent le moyen de dresser les chômeurs contre les smicards, la rémunération trop élevée des seconds étant la cause de la situation des premiers. Salauds de smicards qui défendraient l’avantage acquis d’un salaire un peu trop gras de 1480 euros brut par mois, au prix d’empêcher les gentils patrons d’embaucher de pauvres chômeurs ! Ensuite, on retrouve cette tendance à avancer derrière de pseudo-experts qui détiendraient la vérité. Pourtant, ce nouvel assaut contre le niveau du salaire minimum ne repose sur aucune étude sérieuse, les grands économistes pointant au contraire les dangers des inégalités, même au FMI !
D’ailleurs, seulement 13% des salariés sont au SMIC, ce qui ne semble pas indiquer un niveau trop élevé. Mais le pire reste tout de même de voir ces augures que l’on devine issus des beaux quartiers qui pérorent sur le niveau trop élevé du salaire minimum du haut de rémunérations probablement très supérieures. Même si la remarque pourra être critiquée comme « populiste », difficile de ne pas souhaiter les voir vivre avec un tel salaire pendant quelques mois… Et un SMIC plus bas, ce serait aussi moins de consommations, et donc de richesse et de croissance. En fait, l’instauration d’un salaire minimum inférieur ferait du mal à l’économie et n’aurait absolument aucun contre-coup positif.
Car il faut être bien naïf pour croire qu’un SMIC inférieur de 10% générerait des emplois dans un marché unique où les entreprises peuvent trouver des salaires inférieurs de plus de 80% en Roumanie ou Bulgarie… La seule conséquence serait une baisse immédiate de la consommation et donc du PIB. Bien sûr, on peut brandir le cas de l’Allemagne en contre-exemple. Mais d’abord, outre-Rhin, il y a plus de pauvres qu’en France et le niveau de l’emploi outre-Rhin doit plus à la monnaie unique et à une bonne spécialisation industrielle. Et les dernières élections montrent bien les Allemands ne sont guère satisfaits par leur sort, la coalition au pouvoir ayant perdu plus de 20% de voix en 4 ans.
Quelle tristesse de voir l’état du débat en France, alors que la question agite les Etats-Unis, plusieurs états ayant choisi de fortement revaloriser le salaire minimum. En 2016, la Californie a décidé une revalorisation de 50% d’ici à 2022, à tempérer par le fait qu’il partait de bien plus bas que chez nous. Même Donald Trump, qui avait d’abord déclaré en campagne que les 7,25 dollars par heure étaient trop élevés, avait fini par dire que « les gens doivent recevoir plus ». Il est tout de même effarant que ce rapport n’ait pas été remis en perspective par l’évolution des Etats-Unis, ou même des récentes négociations salariales en Allemagne où IG Metal réclame de fortes hausses de salaire.
Malheureusement, depuis des années, les ultralibéraux continuent à faire passer leur petite musique antisociale, The Economist évoquant en 2012 une baisse de 300 euros, alors que les patrons gagnent toujours plus. Encore une preuve du caractère profondément antisocial de ces pseudo-ouverts venus de la gauche qui ne sont que des oligarques fermés et dépourvus d’humanisme.