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Le blog de Lucien PONS

Macron ou la « Synarchie » au pouvoir. De quoi s'agit-il ? Par Michel Di Nocera

16 Janvier 2018 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Comité pour une Nouvelle résistance, #Histoire, #Europe supranationale, #La France, #La nation ., #La République, #L'Allemagne, #La finance dérégulée, #La lutte des classes, #l'horreur économique

Macron ou la « Synarchie » au pouvoir. De quoi s'agit-il ? Par Michel Di Nocera

Macron ou la « Synarchie » au pouvoir
De quoi s'agit-il ?
La « Synarchie » est un courant de pensée qui se développa pendant l'entre-deux-guerres
dans les milieux des grandes écoles. Ses partisans rêvaient d'exercer le pouvoir au nom de
leurs compétences techniques et sous l'autorité politique d'un « Collège de grands initiés »
qui, ignorant la lutte des classes, transcenderait le clivage droite-gauche.
Ils multiplièrent les groupes de réflexion dont le plus significatif fut, en 1931, « X-crise » où
à l'initiative de Jean Coutrot, des polytechniciens y pensèrent une économie planifiée pour
répondre à la crise de 1929. Sous Philippe Pétain, les partisans de la Synarchie justifièrent
de la « nécessaire continuité de l'Etat » pour poursuivre leur carrière et préserver les
intérêts de puissants trusts, dont la banque Worms. C'est ainsi que de nombreuses grandes
entreprises vont financer cette organisation basée sur la préférence des élites
professionnelles par rapport aux élus de la République. Des technocrates à la place de la
démocratie parlementaire, voilà ce qui correspond par ailleurs à la « Doctrine sociale de
l'Eglise ». Pour preuve, le groupe « X-Crise » affirmera en 1936, en plein Front populaire :
« Si les êtres humains sont égaux, les individus, eux, ne le sont pas » (cf. « Personnalisme »,
cher à l'Eglise). Au final « X-Crise » apparaît bien comme un laboratoire d'idées qui réussira à
infiltrer les cabinets ministériels ainsi que les hautes administrations, y compris sous le
gouvernement Blum.
Si le site internet de « Réinformation.TV » titre « Macron réalise la synarchie de la banque et
du socialisme », Il est étonnant, qu'aucun grand média ne fasse le parallèle entre le courant
de pensée « Synarchie » et l'actuel locataire de l'Elysée, le banquier Emmanuel Macron,
initiateur du mouvement « La France en marche ».
Au soir du second tour des législatives, Catherine Barbaraux, présidente par intérim du
mouvement, s'exprimait ainsi : « L' Assemblée nationale sera diverse, plus jeune, forte de
parcours professionnels, associatifs et politiques variés ».
Une fois que l'on aura rappelé que la légitimité du nouveau président se résume au fait qu'il
ne représente que 15% des citoyens, qu'en est-il de l'affirmation de madame Barbaraux ? :
1. Au nom du « Ni de gauche, ni de droite », le gouvernement Macron réunit
Edouard Philippe, personnalité transfuge des Républicains et Gérard Collomb,
transfuge du Parti Socialiste, ce que le FN nommait l'alliance « UMPS », il n'y a pas
si longtemps. On peut également rajouter la présence dans ce gouvernement
d'une ministre du travail issue du Medef ! Comme il y près d'un siècle, le clivage
gauche-droite devient obsolète une fois déclarée la fin des idéologies ! La
politique n'est plus qu'une affaire de gestion financière et le directeur général de
« l'Entreprise France », Emmanuel Macron n'est pas un ancien de la banque
Rothschild par hasard.
2. Sur les 308 députés élus, 279 sont effectivement vierges de tout mandat
politique, seuls 29 sont issus de partis politiques traditionnels.
Ceci est présenté comme une garantie de renouveau, mais de quel renouveau s'agit-il ? Le
journal Le Monde du 20 juin dernier écrit quant à lui : « Nombre d'élus viennent du monde de
l'entreprise, séduits par le « côté start-up » du Mouvement ».
De son côté, une enquête de LCI révèle que 29 % des députés du mouvement « En Marche »
sont des cadres, 24 % occupent des fonctions relativement importantes dans l'administration
et 17 % exercent des professions libérales. 30 % ont leur propre entreprise et seuls 8
députés sont issus du milieu ouvrier et paysan !
Le journal Le Monde confirme cette étude en parlant d'un « profil sociologique où les cadres
et les professions intellectuelles, universitaires sont sur-représentés ».
Voilà donc cette fameuse « Société civile » tant flattée ! Mais ne ressemble t-elle pas au rêve
des synarchistes des années 1930, « un collectif d'experts et de grands initiés détachés de
toute idéologie politique ». Bref, des spécialistes à la place d'élus issus du mouvement
ouvrier et porteurs des volontés d'émancipation de celui-ci.
Même si certains étaient déjà présents, les ingrédients servis dans les années 1930 « pour
faire l'Europe », sont là en 2017 pour « Adapter la France au mondialisme » :
- Entrisme au plus haut niveau de l'Etat et du Parlement, des milieux de la grande
industrie et de la haute finance,
- Discours affirmant le nécessaire dépassement des clivages politiques « Droite-
Gauche », au nom du « bien commun » et du « Corporatisme à la française »,
autres concepts cher à l'Eglise catholique,
- L'affirmation de la primauté à accorder à l'axe Franco-allemand.
- Une Assemblée nationale constituée majoritairement d'une « Elite
intellectuelle » et d' « Experts de la Société civile » sans liens avec l'histoire du
mouvement ouvrier,
Avec Macron voici venu le temps de la démocratie postmoderne débarrassée de tout ce qui
la structurait depuis la révolution française ! Les semaines à venir vont être celles de « La
remise de la France en ordre », ou si vous préférez de la « Fin des désordres
révolutionnaires », pour enfin bâtir le vrai « Ordre révolutionnaire », le Nouvel Ordre
Mondial dont il est le représentant.
Autoritarisme des experts, lois Sécuritaires, lutte contre le terrorisme et les désordres de la
rue ou de l'usine, tel est le processus qui démarre et ne risque pas d'être entravé par des
centrales syndicales visiblement peu pressée d'en découdre, à l'inverse de l'empressement
qu'elles ont eu dans leurs consignes de vote !
L'ordre règnera et le peuple louera Macron, l'homme du « mondialisme à visage humain » !
Mais au fait, connaissez-vous certains des dirigeants de ce mouvement de l'entre-deuxguerres
et savez-vous ce qu'ils sont devenus en 1939 ?
- Gabriel Leroy-Ladurie, cogérant de la banque Worms financera le Parti Populaire
Français créé en 1936 par Jacques Doriot,
- René Belin, sera le futur Secrétaire d'Etat de Vichy. Ministre du travail de Pétain, il
sera le rédacteur principal de la « Charte du Travail », corporatisme à la française,
devant réunir « patrons et salariés sur le même bateau »,
- Ernest Mercier, patron d'une cinquantaine de grandes entreprises dont La Compagnie
Française des pétroles. Il figurera en bonne place dans la liste des « 200 familles »,
- Jean Bichelonne, sera ministre de Pierre Laval,
- Pierre Pucheu, militant des « Croix de feu », financeur de l'extrême droite, sera
également ministre sous le gouvernement de Vichy,
- Georges Villiers, un des rares à être rentrer dans la résistance face au nazisme,
deviendra le premier patron de la Confédération Nationale du Patronat Français
(CNPF), de sa création en 1946 jusqu'en 1966,
- Edmont Giscard d'Estaing, le papa de Valéry, est considéré comme le cheval de Troie
de l'Opus déi en France ; sera honoré de la francisque.
A de rares exceptions tous les ces personnages du mouvement « Synarchie » (plus de 1000
membres en 1935) furent de près ou de loin mêlés à la « germanisation des esprits » avec le
choix d'un « rapprochement franco-allemand » durant les années 1930, rapprochement
suscité par de gros industriels sur le modèle « du gouvernement des experts remplaçant le
modèle démocratique ». Liés à l'extrême droite et à l'intégrisme catholique, on retrouvera
beaucoup de ces hommes dans la « Cagoule » qui échouera dans sa tentative de coup d'Etat
en novembre 1937, et bien sûr dans la collaboration au régime nazi.
Quand on sait les choix politiques des synarchistes d'hier, on est en droit de craindre les
choix des synarchistes d'aujourd'hui dans une situation de crise....qui ne devrait pas tarder à
éclater par ailleurs !
On est également en droit de se demander où est la plus grande menace fasciste : dans les
commandos du FN ou parmi les « Costards cravates bien propres sur eux », porteurs des
« Attachés case bien remplis d'idées libérales » qui remplissent les lieux dits républicains !
Les leçons de l'histoire ne sont malheureusement jamais retenues et ainsi, si l'histoire ne se
répète pas, elle a tendance à fortement bégayer !
Michel Di Nocera

Années 1930, le Capital fait le choix du fascisme : retour sur la Synarchie qui n’existe pas à travers les sources !

Au cours des années 1930, en pleine crise systémique du Capitalisme, la classe capitaliste fait peu à peu le choix du fascisme : son pouvoir sous les formes de la démocratie bourgeoise ne permettant pas d’écraser suffisamment les salaires ni de développer le militarisme impérialiste. Italie, Allemagne, Autriche, Belgique, France, Royaume-Uni, Espagne, partout la classe capitaliste fait le choix du fascisme. En France, le front populaire impulsé par le Parti Communiste, rassemblant la classe ouvrière au tournant de 1934, stoppe la poussée fasciste pour un temps, jusqu’à ce que “préférant Hitler au Front Populaire” les élites capitalistes fassent le choix de la collaboration et de la défaite devant l’Allemagne Nazie.

Ce choix du fascisme il est attesté par des éléments matériels, clairement documentés par la recherche historique s’appuyant sur les sources. Par exemple, la collusion du pouvoir économique industriel et de la banque autour de la banque Worms et d’un ensemble de personnalités de l’État et des corps intermédiaires pour pousser à l’installation d’un régime fasciste est clairement visible à travers ce que les historiens appellent la “Synarchie”. Les ouvrages de l’historienne Annie Lacroix-Riz montrent par exemple comment – à travers la “synarchie” – la classe capitaliste agit pour le fascisme, pour la collaboration avec les régimes fascistes. Pour censurer ce choix de la défaite, ce lien entre fascisme et classe capitaliste, certains historiens et journalistes stipendiés par le système capitaliste, tentent de clamer que “la synarchie n’existe pas”. Pourtant l’ouverture des archives montre ce qu’est la synarchie et établit son rôle politique.

A l’occasion de sa conférence du 13 janvier 2017 à l’université populaire de Gennevilliers, sur le thème “les droites en France de l’après- première Guerre mondiale à 1950”, Annie Lacroix-Riz fournit diverses références permettant de revenir aux sources et sur cette période de l’histoire de France, qui éclaire tant la nature du système capitaliste.

On citera ici deux articles publiés en 2011 et 2012 dans le mensuel de “la Libre Pensée” :
 

  •  « La direction de la synarchie (1922-années 1930) », La Raison, n° 562, juin 2011, p. 17-21.
  • « La stratégie putschiste de la synarchie (1933-1939) », La Raison, n°568, février 2012, p. 17-20.

Ainsi qu’une communication parue aux actes du colloque “La recomposition des droites en France à la libération 1944-1948” tenu à Rennes du 22 aux 24 mai 2003 : « L’Église de France et la reconstitution de la droite après la Libération 1944-1946 ».

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