De Vincennes à Bruxelles
par Jean LEVY
Chacun ressent au quotidien une détérioration continue de ses conditions de vie.
Par exemple, la population qui doit emprunter un bus en banlieue ou (et) à Paris pour se rendre ou revenir du travail constate une diminution drastique du nombre d'autobus sur sa ligne habituelle.
Le fait est général, aussi bien dans la capitale que dans l'ensemble de la région parisienne, encore plus perceptible dans les lointaines banlieues.
A Vincennes, par exemple, le bus qui m'est familier, le 118 qui relie le Château de Vincennes à Rosny, se fait de plus en plus rare. On attend parfois jusqu'à 20 minutes d'attente en heures creuses. Mais le soir, au retour du boulot, ou le matin en s'y rendant, on doit patienter jusqu'à 15 minutes. Et dans Vincennes, en direction du Château, donc du métro comme du RER A, le bus arrive plein à craquer, les gens sont tassés comme des harengs dès la porte avant. Il arrive même qu'il brûle des arrêts, faute de place !
Ce n'était pas le cas encore l'an passé.
Pourquoi une telle situation qui s'aggrave sans raison apparente ?
La RATP veut faire des économies en personnel et en matériel pour être "rentable". Que vient faire la rentabilité au niveau d'un service public ? Celui-ci , ne devrait -il avoir pour seul objectif que de "rendre service" à la population, répondre aux besoins de celle-ci, s'adapter à ses conditions de vie pour rendre plus supportables, plus vivables.
Mais la RATP n'en a cure : les subventions publiques lui sont de plus en plus parcimonieusement accordées par l'Etat ou les collectivités locales, donc la régie répercute ces difficultés sur les usagers.
Ceux-ci sont donc victimes de la politique du gouvernement Macron.
Comme le sont les voyageurs de la SNCF.
Et pour les mêmes raisons : la détérioration du service est la conséquence de la politique du gouvernement, qui a délaissé les lignes de moindre intérêt stratégique, celles qui lient les villes moyennes entre elles, comme celles des banlieues autour des métropoles. Le réseau se délite au fil des ans au profit du "tout TGV". Le dernier exemple est la ligne Tours- Bordeaux. Elle a coûté des milliards et des milliards d'euro à la SNCF et, côté profits, cette ligne a été cédée à Vinci qui empoche les bénéfices...*
Et la Société Nationale de fermer des lignes et des gares jugées "non rentables" !
Et de généraliser le processus de privatisation de la SNCF avec le même objectif : satisfaire les appétits des compagnies privées qui piaffent d'impatience en vue du partage du gâteau.
Au prix du statut des cheminots, jugé trop cher par les entreprises privées...
Pour faire avaler ce scénario, le pouvoir macronien, pointe du doigt les salariés du rail et leur grève. Ceux-ci, à juste titre, ne veulent pas être les dindons de la farce, et ils ont, eux, le sens de l'intérêt national.
En même temps, le gouvernement, en lien avec la direction de la SNCF, tente d'utiliser les effets pervers de sa politique, les dysfonctionnements du réseau ferré, pour accréditer l'idée que "le service public marche mal" et donc que le recours au privé serait bénéfique aux usagers.
Nos amis britanniques en ont fait l'amère expérience et demandent massivement aujourd'hui la renationalisation du rail..
Voilà comment de notre bus vincennois, on en arrive au problème des transports en général et à la politique menée par le Président des riches, qui, en la matière, applique avec détermination les directives de la Commission de Bruxelles, celles de l'Union Européenne, qui répondent aux voeux de l'oligarchie financière, dont celle-ci est l'émanation.
Comme quoi la défense de nos conditions d'existence au quotidien nous conduisent à évoquer les "choses qui sont derrière les choses", comme disait Jacques Prévert
* Selon "Le Monde"...
Coût global de 9 milliards d’euros
Le modèle autoroutier du partenariat public-privé (PPP) et, plus précisément, de la concession, a prévalu dans le montage d’un projet au coût global de 9 milliards d’euros, 7,8 milliards pour la LGV proprement dite et 1,2 milliard pour les aménagements. Ce qui porte à 130 millions d’euros chaque minute gagnée entre la cité girondine et la capitale.
La société concessionnaire Lisea, désignée en 2011 pour une durée de cinquante ans, a pris en charge la conception et la construction de la ligne. L’entreprise contrôlée par Vinci en assurera l’exploitation, la maintenance et touchera les péages. Lisea a apporté une petite moitié des 7,8 milliards nécessaires à la construction de la LGV, la puissance publique a financé les 4 milliards restant.