Ce n'est pas en tant que «relais de propagande» que Sputnik France a diffusé les propos du Général Gerasimov. C'est que le fait que cet homme ait prévenu un mois avant de ce qui risquait de se produire soulève des questions légitimes. Se les poser ne fait-il pas partie du travail de journaliste? Le gouvernement de Bachar el-Assad, en position de force dans la Ghouta orientale, dont il avait déjà repris plus de 90% au moment des faits, n'avait que peu d'intérêt à franchir la fameuse «ligne rouge» tracée par Donald Trump et Emmanuel Macron.
Les deux Présidents occidentaux bénéficiaient, eux sur plusieurs tableaux, d'une accusation d'attaque chimique du gouvernement syrien sur sa population. Consolider leur position dans leur opinion publique respective, se démarquer du manque de crédibilité de leurs prédécesseurs sur le sujet, affaiblir le pouvoir syrien, justifier une intervention occidentale sur place, diaboliser un peu plus Moscou et Téhéran, voire tenter de pousser la Russie à faire usage de ses S-400 en espérant décrédibiliser ce système, les motifs ne manquaient pas.
Partant de ce postulat, il s'agit moins de refléter l'opinion du Kremlin que de poser une question légitime, encore une fois, en l'absence de toute preuve tangible de l'attaque au gaz sur Douma, apportée par une source indépendante. En l'état, nous ne disposons que de témoignages de terrain contradictoires, les uns en faveur du gazage, les autres expliquant qu'il s'agit d'un montage.
Quant aux «vieilles méthodes KGBistes» que l'auteur mentionnait, un éclairage serait utile pour comprendre ce à quoi il faisait allusion, à moins d'accepter comme un travail journalistique sérieux des accusations gratuites comme de parler de L'Obs comme d'un «instrument au service des manipulations de l'OSS».