
C'est un article du Canard enchaîné publié mercredi qui a "étonné et choqué" Éric Ciotti.
En début de mois, une réunion "secrète" s'est tenue à l'Élysée. Avec pour thème, selon le journal d'investigation: le renforcement des pouvoirs des métropoles. Sous-entendu: au détriment des conseils départementaux.
Disparition des Départements?
Et le hic pour le député niçois, c'est que Christian Estrosi faisait partie des hôtes élyséens. Pas que lui, bien sûr. Présents à la petite sauterie estivale, autour du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb et de Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires: les maires de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (LR), de Nantes, Johanna Rolland (PS), de Bordeaux, Alain Juppé (ex-LR). Maires ou présidents de métropoles plus ou moins Macron-compatibles.
Une rencontre qui pourrait être la troisième du nom. Pas une surprise non plus. Dans son projet de campagne, le président de la République n'a jamais caché sa volonté de faire disparaître l'échelon départemental là où existe une métropole. Ce qui inquiète de nombreux élus locaux.
Mais encore plus qu'inquiet, Ciotti est fumasse: "C'est une trahison", écrit-il à Christian Estrosi dans une lettre dégainée à peine l'encre du Canard sèche.
Une trahison à l'égard de "notre famille politique à laquelle vous avez indiqué publiquement être toujours attaché, puisqu'il ne s'agirait rien de moins que de la conduite d'une négociation secrète et parallèle dans le dos de notre mouvement et sans concertation avec le comité départemental LR des Alpes-Maritimes que vous présidez encore jusqu'au 13 octobre."
Il n'a pas à "demander l'autorisation"
Et de pointer une contradiction avec un courrier daté du 1er août 2017. Où, selon Éric Ciotti, Christian Estrosi affirmait "vouloir mettre un terme aux rumeurs sur une volonté totalement fausse de la Métropole d'être hégémonique ou de renforcer ses compétences".
Le président de Nice-Côte d'Azur ajoutait: "La Métropole n'a jamais cherché à obtenir du gouvernement une réforme qui dénature le conseil départemental des Alpes-Maritimes."
Côté mairie, Pascal Condomitti, a aussitôt sorti la plume en retour: "Répondre à une telle invitation est normal, habituel et c'est un devoir républicain. Il est naturellement de l'intérêt de notre métropole de participer à toute concertation à l'initiative des pouvoirs publics."
Et le directeur adjoint de cabinet d'Estrosi de s'indigner: "Il n'y a donc eu aucune réunion secrète, et céder à la tentation complotiste en voulant créer de toutes pièces une polémique, dit clairement la mesquinerie et le sectarisme de ceux qui s'y risquent."
Il enfonce le stylet: "Christian Estrosi n'entend pas demander à quiconque d'autorisation dès lors qu'il s'agit de défendre l'intérêt des habitants des collectivités qu'il administre."
Enfin, selon son collaborateur, Christian Estrosi s'étonne aussi "qu'un cadre d'un parti politique, s'arroge le droit de donner des ordres aux élus représentant plusieurs grandes métropoles françaises. Qui plus est quand il s'agit d'élus issus de sa propre famille politique" (dont les Marseillais Jean-Claude Gaudin et Martine Vassal, selon Pascal Condomitti, pas cités pourtant par le Canard enchaîné).
Amabilités contre… amabilités.
En revanche, sur le fond du sujet, nada. Était-il bien question de travailler à privilégier les métropoles au détriment des conseils départementaux? Motus et politique cousue.
Alors, Charles-Ange Ginésy (comme Éric Ciotti) a-t-il du souci à se faire ? Ou Christian Estrosi continuera-t-il à défendre la strate départementale?