Appel solennel à Jean-Luc Mélenchon - Tel un judoka, retourne à ton/notre avantage, l’agression politique qui a été perpétrée. Par VINCENT CHRISTOPHE LE ROUX
Appel solennel à Jean-Luc Mélenchon - Tel un judoka, retourne à ton/notre avantage, l’agression politique qui a été perpétrée
Vincent Christophe Le Roux·Vendredi 19 octobre 2018
« Les bouleversements historiques sont toujours des phénomènes collectifs et les grands personnages « font l’histoire » uniquement dans la mesure où ils saisissent les occasions qui s’offrent à eux.» Lu dans l’Histoire populaire de la France de la Guerre de Cent Ans à nos jours, de Gérard Noiriel aux Editions Agone, septembre 2018 (page 15).*
Jean-Luc Melenchon, il ne faut surtout pas réduire la pression sur le pouvoir. Il faut même au contraire l’accentuer encore. Jusqu’au point de basculement !
Jean-Luc Melenchon, il faut même te saisir de cet événement politico-judiciaire pour t'imposer « erga omnes » comme le recours.
Il se pourrait bien que ce soit un de ces « événements fortuits » qui mettent le feu aux poudres, ou à la plaine... Pour autant que tu donnes envie à tous - et ce dès maintenant - d'allumer leurs propres feux partout en France, pour que tous ensemble ces feux soient, pour le système contre lequel nous luttons ensemble - malgré nos divergences et parfois même, convenons-en, nos vraies disputes - un gigantesque brasier !
Jean-Luc Melenchon, cela implique, de TA part - puisque c’est bien toi le « chef», tu le rappelles clairement dans la conférence de presse de ce jour - que tu redeviennes le recours aux yeux de tous en France, que tu redeviennes l'homme d'État dont tu avais montré l'image solide l'an dernier, mais que - hélas, hélas, hélas - tu as salie et décrédibilisé ces dernières semaines avec les jeux politiciens auxquels tu t’es livré, et avec l’affadissement d’une partie de ton discours quant à l’Union européenne, sans compter l’effet dévastateur de la vidéo de ta rencontre avec Macron à Marseille sur beaucoup de gens qui étaient pourtant avec toi jusqu’ici. Personne de ton entourage ne te l’a dit ? Aucun des députés n‘a jamais entendu cela de la part des « gens » qu’ils croisent dans leurs circonscriptions ? Personne n’a eu ce genre de retour très négatif ? Ou bien les avez-vous seulement considérés avec mépris et jugés qu’ils ne reflétaient que des avis extrêmement minoritaires ? C’est une folie de rester avec de telles considérations.
Jean-Luc Melenchon, ton camp qui, pour partie, était en train de se disperser du fait de certains errements constatés depuis quelques mois, s'est sans doute reconstitué du fait de ce qui vient de se passer, quelques aigris et irresponsables mis à part.
Alors, je t’en conjure, saisis cette opportunité exceptionnelle que le pouvoir en place t'offre à son corps défendant.
Parle de nouveau fort et clair.
Enchaîne très vite sur les perspectives politiques.
Reparle nous puissamment du projet politique global que tu portais l’an dernier.
Accepte d'entendre les demandes nombreuses en vue de perfectionner ce programme de gouvernement contre le capitalisme, l’impérialisme, et la folie destructrice de notre écosystème, demandes qui aspirent à ce que ce projet soit affermi, et rendu plus ambitieux encore qu’il ne l’est déjà.
Saisis le fanal de combat qui seul fera que la majorité de notre peuple te soutiendra le jour venu.
Tu sais très bien ce qu’il faut faire. Il y a quatre questions FONDAMENTALES auxquelles tu dois répondre comme il faut, si tu veux être en situation de constituer dès maintenant une majorité présidentielle qui t’élira demain !
1/ La question de la rupture avec l’UE
2/ La question de la politique à propos des migrations
3/ La question de la laïcité
4/ La question sociale
1/ La question de l’UE
Il est inutile que je te redise quelle est la seule stratégie de nature à nous conduire au pouvoir mais je vais le faire quand même. C’est elle de la libération. Et celle-ci ne saurait se réduire à prétendre mettre en œuvre le processus de « l’opt-out » comme tu l’as dit aux Amphis de Marseille. Et elle ne saurait consister seulement à « faire quand même » ce qu’on nous aurait « refusé » comme tu l’as dit. Il faut faire bien plus !
Il faut au minimum revenir à l’esprit initial du plan A et du plan B et tant pis si on perd Podemos en route. Ce n’est pas Podemos qui te fera gagner l’élection présidentielle, mais le peuple français !
Donc, il te faut dire avec force que le plan A ne se limite pas à négocier avec nos partenaires une refonte des traités mais qu’il consistera aussi en la mise en place immédiate, dès ton élection, de toute une série de dispositions politiques pour commencer à mettre en oeuvre notre programme, fussent-elles contraires aux traités et, en même temps, de dispositions législatives et réglementaires de protection économique monétaire, financière, diplomatique, militaire... de la France et de son peuple, le temps que l’on négocie avec nos partenaires et que l’on cherche à organiser non pas une seulement une « renégociation des traités de l’UE » mais bien une sortie collective, si possible de tous les États du Sud, en vue de refonder un tout autre système de coopération européenne. Et ce temps de la négociation devra être enfermé dans un délai court (entre 6 et 10 mois) car il ne s’agirait pas que les autres nous fassent perdre du temps en nous enferment dans un processus de négociation qui n’aboutirait à rien. Il ne s’agit pas d’utiliser l’article 50, mantra de l’UPR et de son N°1, mais de prendre des actes de pleine souveraineté, d’effet immédiat, avec l’appui direct du peuple par référendum pour court-circuiter les évidentes violations que nous ferons du droit actuel.
Sauf que pour l’instant, tu t’y refuses. C’est une folie, sauf si tu ne veux jamais accéder à la Présidence de la République. Car pour drainer autour de toi une majorité du peuple français, il te faut absolument, impérativement, inéluctablement défendre la souveraineté de notre peuple et le faire jusqu’au bout, sans t’arrêter au milieu du gué. Et donc en accepter toutes les conséquences en termes de stratégie politique.
Frédéric Lordon, Aurélien Bernier, Coralie Delaume, Jacques Cotta, Denis Collin, Olivier Delorme, Djordje Kuzmanovic et beaucoup d’autres ne cessent de donner leurs contributions, chacun à sa façon, et de t’appeler, indirectement, à assumer cette position avant que d’autres ne le fassent avec un tout autre projet que celui qui est le tien et le nôtre.
Tant pis, Jean-Luc Melenchon, si tu perds en route quelques mous du genou du type de ceux qui se font entendre de plus en plus fortement ces derniers temps. Et je vais même te dire : tant mieux si tu les perds car eux ne te feront jamais élire ! Eux seront même pour toujours l’obstacle majeur à ton élection, et donc à notre reprise de contrôle à travers toi. Il te faut gagner non pas leur soutien à eux mais celui du peuple tout entier sinon, en France aussi, ce sera l’extrême droite qui accédera au pouvoir ! Par notre faute et par notre inconséquence ! Par notre refus obstiné d’avoir voulu porter la parole qu’exige notre peuple !
Frédéric Lordon et Aurélien Bernier pour ne citer qu’eux deux ne cessent, depuis une bonne décennie, d’appeler la Gauche à cet esprit de responsabilité qui ferait que notamment sur le sujet de l’UE, et sur celui des « migrations », tu parles clair, sans tergiverser, sans donner le sentiment d’hésiter ou de zigzaguer.
Venons-en maintenant à la question des « migrations » justement. Ce à quoi je t’appelle, à la suite de tant d’autres, n’implique en rien que tu renies les deux sublimes « discours de Marseille » que tu as délivrés en 2012 et en 2017. Ils nous rendent fiers autant qu’ils t’honorent de les avoir délivrés. Mais cela implique par contre de ne pas céder un pouce au gauchisme « No-Border ». Tu as été clair sur le sujet et tu te fais critiquer par ces gauchistes pour cela. Mais alors, pourquoi donc as-tu infligé un cinglant et cruel désaveu public à ton fidèle et loyal grognard Djordje Kuzmanovic qui ne disait pas autre chose que toi ? Cela n’aurait été compréhensible que si tu t’étais aligné sur la ligne gauchiste du « No-border » or ce n’est pas ce que tu as fait alors pourquoi ce désaveu de ton conseiller pour les questions diplomatiques et militaires ?
Sur le troisième sujet, très délicat et très passionnel, celui de la laïcité. Tu n’es pas en cause directement car toi-même n’a jamais vraiment donné de gages à ceux que nous sommes nombreux à dénoncer et à fustiger. Mais tu as, hélas, au moins donné parfois le sentiment de tolérer un certain discours pourtant intolérable. Tu devrais parler fort et clair sur ce sujet auquel des millions de Français, de toutes opinions politiques, et de toutes origines comme de toutes religions pour ceux qui en ont une, sont très sensibles. Notre laïcité à nous est honnête, elle ne dissimule aucun racisme et aucune phobie à l’égard de quiconque. Mais nous devons être intraitables quant au refus des logiques essentialistes, indigénistes, racialistes et communautaristes qui gangrènent notre société, notre « contrat social », notre « vivre-ensemble » et qui menacent de plus en plus gravement et massivement les banlieues de certaines grandes villes. Il n’y a pas que Gérard Collomb aujourd’hui, ou le salopard Valls hier, pour le dire et pour tenter d’en tirer profit. De très nombreux insoumis, tu le sais bien, vivent au contact direct de ces situations et en souffrent, plus encore que les intellectuels amis qui dénoncent, à juste titre, ces situations de plus en plus explosives, et de plus en plus antinomiques avec les principes républicains. Henri Pena-Ruiz est un de ces intellectuels et nous pouvons nous honorer de bénéficier de sa proximité. Je peux également citer Jérôme Maucourant. Mais il y en a d’autres.
Enfin, la question sociale est également de celles qui feront ou non ton élection. Certes notre projet, s’il était mis en oeuvre, améliorerait déjà sensiblement la situation de millions d’entre nous. Personne ne le conteste. Mais si certains s’en satisfont, nous, nous voulons plus. Notamment parce que, conscients et informés de l‘Histoire, nous savons bien que si nous nous limitons à des mesures intermédiaires, nous échouerons in fine. Comme nous avons échoué hier à rompre les reins du capitalisme qui a repris du poil de la bête et a presque gagné la guerre sociale. Il y a pléthore d’exemples dans notre propre histoire française, comme il y en a plein ailleurs dans le monde. Il ne s’agit pas de transformer la France en une « URSS 2.0 », ni même d’imposer un « communisme de guerre ». Par contre, il s’agit de bien comprendre ce qui se joue et donc d’opposer à nos ennemis une force au moins comparable à la leur et si possible plus forte encore. Cela implique au minimum de refaire ce que fit le CNR mais cela implique aussi d’aller plus loin cette fois. Et pour cela, un certain Bernard Friot a quelques idées sur le sujet. Tu devrais t’en inspirer grandement plutôt que de le rejeter comme tu l’as fait trop souvent lors de ta campagne présidentielle.
Jean-Luc Melenchon, tu sais tout cela sans que j’aie besoin de te le dire. Alors passe aux actes. Et n’oublie pas ce par quoi je commençais ce billet :
« Les bouleversements historiques sont toujours des phénomènes collectifs et les grands personnages « font l’histoire » uniquement dans la mesure où ils saisissent les occasions qui s’offrent à eux.» [1]
L’occasion t’est offerte. Saisis-là !
Pour notre intérêt commun, à NOUS, LE PEULE SOUVERAIN !
[1] Lu dans l’Histoire populaire de la France de la Guerre de Cent Ans à nos jours, de Gérard Noiriel aux Editions Agone, septembre 2018 (page 15).