Le langage curieux de la Macronie . Par René Teboul
Le langage curieux de la Macronie
On parle d’une drôle de manière en Macronie. Mais sans doute est-ce à cela qu’on doit bien admettre qu’on a vieilli. Benjamin Griveaux le fifre hilare qui est toujours content de son patron et de lui-même a décidé de se porter candidat à la mairie de Paris. Les macaronistes ont en effet décidé de mettre la main sur Paris, ce qui redorerait leur blason. C’est bien pour ça que Bruno Julliard, le premier adjoint d’Hidalgo, a démissionné d’ailleurs, pour aller du côté de chez Macron. Il se murmurait qu’il serait le futur ministre de la jeunesse ou de la culture. Comme quoi la trahison ça peut payer aussi.
Pauvres Parisiens, comme s’ils n’avaient pas droit de temps en temps à un maire normal ! et donc évidemment Griveaux va chercher soutiens. Figurez vous qu’il en a trouvé un, ou plutôt une en la personne de l’incroyable Marlène Schiappa qui écrit des romans pornos et qui de temps à autre fait semblant d’être ministresse de la condition de la femme. Sous le nom de Marie Minelli elle a écrit un roman au titre très délicat de Les filles bien n’avalent pas ». Mais elle en a commis tout plein d’autres, notamment dans la série « Osez ».
En tout quant à la candidature de Griveaux, elle est hyper enthousiaste car :
« L’avantage de Benjamin c’est qu’il connaît hyper bien les dossiers. Il a une idée très précise de ce qu’il voudrait mettre en place à Paris. J’aime les gens qui ont très envie et qui sont très préparés »
A oui, ça fait bien envie tout ça ! On n’est pas parisien, Dieu nous garde, mais tout de même quelle chance ils ont ! Deux fifres pour le prix d’un. Benjamin Griveaux est content, d’ailleurs comme on l’a dit plus haut il est toujours content. C’est super bien que Schiappa le rejoigne car dit-il :
« C’est une femme super. Elle est cash, elle va vite, elle a du sens politique »
C’est sûr qu’il n’allait pas prendre une femme qui ne serait pas cash et pas super et qui n’aurait pas très envie ! Il y avait bien l’autre candidat des LREM, Mounir Mahjoubi, mais non, il n’est pas assez cash, ni même suffisamment super pour Schiappa. Certes il connait bien le dossier pour fliquer Facebook et les fake news qui ont fait tant de mal à Macron, mais il est moins super, et il fait moins envie, sans doute parce qu’il pose avec son petit mari pour Paris Match.
Le langage du corps
Sinon, il y a aussi le langage du corps. Le petit chef de la Macronie s’est une fois de plus donné en spectacle. C’est bien simple, il en fait une par jour. Le voilà donc voulant démontrer qu’il n’est absolument pas raciste et très ouvert. Bienveillant d’ailleurs avec la racaille qui a fait de la taule. Le voilà donc qu’il se glisse entre deux jeunes noirs, comme pour le début d’un film gay et porno, avec les deux jeunes noirs qui miment ceux qui ont fait une capture de premier ordre. Qu’a voulu dire le président complexe avec cette image qui a enflammé la toile ? Qu’il allait faire son coming out ? Qu’il n’était pas raciste et donc aussi pro-immigration ? On se perd en conjecture. Evidemment les défenseurs du politiquement correct comme Le monde ont décidé que cette photo « irritait certains à l’extrême droite »[1]. Donc si on comprend bien notre journal de référence nian-nian, ce n’est même pas toute l’extrême-droite qui s’est offusquée de cette image, mais seule sa partie la plus bornée. Manque de bol pour lui, c’est tout le monde de la droite à la gauche qui a critiqué cette indignité.
D’autant que cette indignité n’est pas isolée dans ce voyage à Saint Martin. Le voilà maintenant dans les bras d’un noir très dénudé dans une attitude des plus équivoques. Cette photo, loin de montrer que le président est proche des Français, a aussitôt été commentée sur la toile, en se demandant si par hasard Macron ne cherchait pas un nouveau garde du corps. On remarque que dans ces deux photos, Macron se montre en position d’infériorité, réduit au statut d’objet : manifestement les deux jeunes noirs se moquent de lui en faisant un doigt d’honneur pour le photographe. Ces images vont sans doute faire encore plus mal à la popularité de Macron que les turpitudes de sa politique économique et sociale.
Une autre interprétation possible de ces images est celle d’un néo-colonialisme qui ne dit pas son nom. Il se permet d’ailleurs de faire la leçon à l’un des deux qui sort de taule pour braquage, lui expliquant comme à un enfant, c’est d’ailleurs ce mot qu’il emploiera que ce n’est pas bien de voler et qu’il a fait de la peine à sa mère. Ce paternalisme est très certainement destiné à le grandir, a lui donner une importance qu’il n’a pas. Bref, Macron prend les noirs pour des demeurés. Il tripote les noirs comme on tâte d’une marchandise, comme s’il allait éventuellement l’acheter. Mais ce faisant, il a encore dévalorisé un peu plus la fonction présidentielle qui, il est vrai, en a vu déjà des vertes et des pas mûres. D’autres blancs avant lui ont fait un rapprochement plus ou moins érotiques avec des corps noirs et luisants. Evidemment ces blancs aimaient aussi les autochtones des colonies. L’exotisme a toujours été un élément de stimulation de la sexualité chez certain, comme on sait aussi que l’esclavage avait une connotation sexuelle marquée.
Mais ce n’est pas tout, sur la toile on a pu voir une vidéo qui montre une femme un peu âgée qui refuse de jouer le jeu avec Macron, tout sourire il lui tend la main, mais elle lui tourne le dos et s’en va, le laissant tout confus avec sa main dont il ne sait plus quoi faire. Il tourne ensuite comme une toupie, ou comme un canard sans tête, ne sachant vers quel coin se diriger. Il est perdu complètement. Si c’est réjouissant pour ses ennemis, ces images sont empreintes d’un grand désarroi. L’ennuyeux pour Macron est que ces images, filmées sur des téléphones portables, se diffusent rapidement tout autour de la planète, plus personne ne peut les contrôler et les arrêter. Peut-être cela va-t-il à l’avenir les hommes politiques et les contraindre à un peu moins de pitreries.
Le cirque continue, mais sans Collomb
Il y a un bon moment que je souligne le côté amateur de Macron. Très mal dans les sondages comme on sait – c’est tellement la dégringolade que la presse internationale qui il y a un an trouvait Macron génial et audacieux s’est emparée du sujet pour dire son incompréhension, face à ce qui ressemble de plus en plus à une pitrerie[2] – Macron a tenté de se refaire une image de proximité avec le peuple : patatras, il s’est fait rebomber à cause d’une série de photos d’une telle bassesse que l’opinion en est restée pantoise ! Mais il est dit que Macron boira le calice jusqu’à la lie.
La nouvelle pantalonnade – une par jour pour Macron tout de même – tient à la démission de Gérard Collomb. Pour des tas de raisons que nous n’évoquerons pas ici, Collomb veut partir et revenir à sa mairie de Lyon. Il devait partir cet été, et puis les ramifications de l’affaire Benalla et la brouille publique avec Macron ont accéléré sa décision. Première étape, Collomb dit qu’il démissionne. Mais Macron fait un caprice et refuse ! C’est déjà assez inédit[3], et le premier ministre Philippe fait semblant devant l’Assemblée nationale qu’il a de l’autorité et exige que tous les ministres – donc y compris Collomb si on comprend bien – soient au travail. Ce même Premier ministre qui aura la cuistrerie de faire une passation des pouvoirs glaciale avec Collomb quand il sera nommé ministre de l’intérieur par intérim en attendant de trouver l’oiseau rare qui pourrait occuper ce poste sensible.
Mais Collomb n’est pas un perdreau de l’année en politique. Il engage un bras de fer avec Macron, il maintient sa démission, forçant Macron à l’accepter[4]. On sait que Collomb est un de ceux qui ont cru en Macron et donc qui l’ont fait comme on dit. Sans doute Macron croyait qu’au nom de cette ancienne amitié Collomb finirait par l’écouter, ce qui lui permettrait de se montrer comme un homme d’autorité. Mais l’ancien maire de Lyon ne cachait plus sa rancœur, probablement parce que lors de l’audition consécutive à l’affaire Benalla, Macron voulait qu’il endosse la responsabilité des turpitudes de l’Elysée. Il fustigeait en public le manque d’humilité de Macron, et en privé ses caprices et sa pusillanimité. Il n’allait donc pas faire ce cadeau à Macron de rentrer dans le rang comme un petit garçon. Au contraire, en le forçant à se trouver un nouveau ministre de l’intérieur, il savait bien qu’il le mettait un peu plus dans l’embarras. On hésite à rire ou pleurer devant une telle décomposition du pouvoir : c’est inédit un tel bordel.
Les conséquences politiques de la démission de Collomb sont encore plus importantes que celles de Hulot. En effet, quand le ministre de l’écologie démissionne, on peut se dire qu’il y a un différent politique derrière tout ça. Mais quand Collomb démissionne, il n’y a rien de tel : c’est seulement l’incompétence et l’amateurisme de Macron qui sont pointés. Les unes de couverture des quotidiens du 3 octobre 2018 font part de cet ahurissement. Les journalistes, pourtant pas très regardant lorsqu’il s’agit de Macron, avaient déjà du mal à vendre la nouvelle com centrée sur la proximité du président avec « son » peuple. Mais là, ils n’arrivent plus à trouver des mots pour rendre compte de ce psychodrame. On sent d’ailleurs que depuis un petit moment les journalistes commencent à prendre leurs distances avec Macron qu’ils ont tant et plus soutenu durant son ascension. Ils ne sont pas loin de le présenter comme un gosse capricieux et légèrement dérangé. Les conséquences politiques de cette débandade vont être très lourdes déjà il y a un tassement des intentions de votes pour LREM aux Européennes[5]. Or Macron n’a pas de parti, pas beaucoup d’élus à part à l’assemblée nationale. Il comptait évidemment sur les Européennes, puis sur les municipales pour opérer une percée et se constituer un réseau d’élus : c’est perdu. Il semble très probable que LREM ne gagnera aucune grande mairie – Collomb ne restera probablement pas dans ce bateau ivre – mais en outre, aux Européennes, il est très probable que les macroniens arrivent en troisième position derrière le RN et la FI. Il est en effet devenu un peu honteux de se dire pour Macron, et encore plus de voter pour un de ses représentants qui sont tous plus antipathiques les uns que les autres. Le monde en rajoute une louche en assurant que Collomb avait prévu de longue date de rentrer à Lyon. Ce qui sous-entend que seul Macron n’était pas au courant[6] !
Certains pensent qu’une telle situation « ubuesque » – c’est le mot qu’a employé un journaliste – ne peut pas durer longtemps. C’est difficile à dire parce qu’on n’a pas d’exemple de cette sorte dans la Vème République. Macron en effet ne parait pas amendable : il a beaucoup vieilli, il est fatigué manifestement et ne sait plus faire face. Mais d’un autre côté les institutions le protègent, on voit mal les députés de son parti-croupion le désavouer. Reste sa propre folie. Peut-être démissionnera-t-il sur un coup de colère. Son orgueil est à la hauteur de son impatience. Mais ce n’est pas sûr. Pour l’instant on en est à se dire qu’il lui sera impossible de remonter la pente savonnée.
Un état de crise permanent qui vire à la crise de nerf !
Mais à gérer toutes ces affaires de plus en plus dérisoires sur le mode d’une communication des plus bancales et des plus hasardeuses, on se demande si le gouvernement a encore le temps de gouverner le pays, ou s’il est maintenant en pilote automatique. Macron nous épuise en nous obligeant à commenter toutes ses facéties, mais que voulez-vous face à cette conjuration des imbéciles, il est de notre devoir de le critiquer. En vérité ce qu’il y a d’intéressant dans cette dérive, c’est qu’elle dévoile ce qu’est réellement la démocratie parlementaire, une nef des fous, et aussi que le pouvoir le véritable pouvoir est ailleurs. Il faut bien parce que maintenant la crise de la Macronie est permanente, même Le monde s’en est aperçu[7]. Entre temps Brigitte Trogneux a disparu de la circulation, c’est déjà ça de gagné ! Peut-être se prépare-t-elle a aller manifester avec les retraités qui sont si maltraités par son petit mari. Mais la presse people en a déduit qu’il y avait de l’eau dans le gaz dans le couple[8]. Il se murmure d’ailleurs que le petit Macron se serait fait engueuler comme du poisson pourri par sa femme[9] ! On n’est pas sûr que cette histoire de remontage de bretelles ce soit réellement passée, ou encore à quelle occasion elle a eu lieu, mais il semble bien que le petit Macron ne soit plus tout à fait le maître des horloges comme disaient naguère les journalistes énamourés !
Dans le genre « une boulette par jour », Macron qui est proche de la rupture semble-t-il, s’est encore fait remarquer au Salon de l’auto. Voilà ce qu’il a déclaré quand on lui a parlé de ses difficultés dans la conduite des affaires de la France[10] :
« Si vous voulez, faites votre constat. Moi, je continue à conduire ». « Le volant, ce sont les Français qui le donnent et ils l’ont donné pour cinq ans à une personne. »
A faire des parallèles de cette sorte, on se demande s’il ne va pas dans le mur en appuyant sur l’accélérateur ! Evidemment ce n’est pas demain qu’il va se défaire de cette image d’arrogance dont il s’est affublé. D’autant que sa visite au Salon a été entouré d’un luxe de précautions sécuritaires qui semble bien montrer non seulement sa peur du peuple, mais aussi sa volonté de s’isoler de lui.
Alors que tout le monde sait qu’une grande partie de sa perte de popularité tient d’abord à son arrogance et son mépris, Macron s’est encore illustré en s’en allant à Colombey-les-Deux-Églises le 4 octobre. Il s’est permis d’engueuler des retraités : "Le petit-fils du général m'a dit tout à l'heure en me faisant visiter la Boisserie : 'On pouvait parler très librement, la seule chose qu'on n'avait pas le droit de faire, c'était de se plaindre'", leur a-t-il dit, avant d'ajouter : "Je trouve que c'est une bonne pratique qu'avait le général. Le pays se tiendrait autrement s'il était comme ça". "On ne se rend pas compte de la chance immense qu'on a. On vit de plus en plus vieux dans notre pays et en bonne santé" [11]. Ce garçon n’apprend décidément rien : on remarquera au passage que pour dire ses conneries il a besoin de se cacher derrière le petit fils du général De Gaulle. Ce qui révèle ma foi un caractère plutôt peureux.
Je voulais juste écrire un petit post de quelques lignes, mais au fur et à mesure que le temps avançait – c’est presque minute après minute – Macron en rajoutait dans la formule aussi bouffonne qu’imbécile, nourrissant en permanence son propre bêtisier, m’obligeant à en rajouter. A-t-on vu un homme politique aussi stupide ? La réponse est non, on en a vu de toutes les couleurs, des canailles, des ratés, des menteurs, mais d’aussi stupide, c’est inédit dans l’histoire de la France.
[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/10/01/saint-martin-des-elus-de-droite-et-d-extreme-droite-denoncent-une-photo-impardonnable-macron-dedramatise_5362586_823448.html
[2] https://www.marianne.net/monde/superstar-en-danger-comment-la-presse-internationale-analyse-la-descente-de-macron
[3] http://www.lefigaro.fr/politique/2018/10/01/01002-20181001ARTFIG00367-gerard-collomb-presente-sa-demission-a-emmanuel-macron-qui-la-refuse.php
[4] https://www.marianne.net/politique/ubuesque-gerard-collomb-fait-savoir-qu-il-maintient-sa-demission-refusee-par-macron
[5] https://www.nouvelobs.com/politique/20180905.OBS1805/elections-europeennes-un-sondage-inquietant-pour-la-republique-en-marche.html
[6] https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/10/03/gerard-collomb-avait-programme-son-retour-a-lyon-de-longue-date_5363882_823448.html
[7] https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/10/03/demission-de-gerard-collomb-un-camouflet-un-casse-tete_5363935_3232.html
[8] https://www.closermag.fr/people/brigitte-et-emmanuel-macron-ca-ne-va-pas-si-bien-un-livre-revele-la-passion-de-j-876036
[9] https://www.valeursactuelles.com/politique/il-faut-arreter-les-conneries-maintenant-quand-brigitte-flanque-une-deculottee-emmanuel-macron-99548
[10] https://www.ledauphine.com/france-monde/2018/10/03/macron-au-mondial-de-l-auto-je-n-ai-jamais-vu-un-tel-mepris
[11] https://actu.orange.fr/politique/video-colombey-les-deux-eglises-le-pays-se-tiendrait-autrement-s-il-ne-se-plaignait-pas-lance-emmanuel-macron-a-des-retraites-magic-CNT00000172zxb.html