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Le blog de Lucien PONS

Quand Volker décide des lois en Ukraine et des sanctions antirusses en Europe: que reste-t-il de la souveraineté?

12 Octobre 2018 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Europe supranationale, #AMERIQUE, #L'OTAN., #Ukraine

jeudi 11 octobre 2018

Quand Volker décide des lois en Ukraine et des sanctions antirusses en Europe: que reste-t-il de la souveraineté?
 
 
 
Rappelons que les responsables de l'UE et les dirigeants des pays européens répètent à qui mieux mieux que les sanctions qu'ils adoptent à l'égard de la Russie ne sont en rien liées à la politique américaine, qu'elles reflètent, au contraire, la politique propre de ces pays, totalement indépendante des Etats-Unis. Le représentant américain en Ukraine, Kurt Volker, manifestement pas au courant de ces nuances, vient de faire voler en éclats cette jolie fable affirmant devant les députés ukrainiens que s'ils ne s'exécutent pas, il fera lever les sanctions européennes contre la Russie. Quid de l'indépendance, de la souveraineté, de ces mythes nécessaires au fonctionnement des Etats? Mais heureusement, la presse européenne n'en parle pas. Le déshonneur est sauf!
 
 
Dans une émission politique ukrainienne sur la chaîne 112, le député ukrainien Alexandre Viskul fait sensation en révélant les paroles de Kurt Volker, le représentant des Etats-Unis en Ukraine en charge des négociations avec la Russie:
 
 
En septembre 2014, l'Ukraine avait adopté, avec difficultés, une loi temporaire sur le statut du Donbass (voir notre texte ici), qui arrivait à terme et le conflit n'étant toujours pas réglé, il fallait en prolonger la validité. Les députés ukrainiens n'étaient pas favorables à cela, surtout les extrémistes qui envisagent toujours une solution militaire beaucoup plus radicale. Solution qui, elle, n'entre pas dans les plans de leurs curateurs américains, qui doivent pouvoir transférer la responsabilité du conflit sur la Russie, ce qu'une agression ouverte de grande ampleur ne permettrait pas. Surtout qu'elle justifierait une intervention proportionnée de la Russie - officiellement.
 
Ainsi, le député Alexandre Vilkul raconte devant caméras comment cette loi a été adoptée, par le Parlement souverain ukrainien. Volker, dans une réunion non publique a clairement expliqué la situation aux députés ukrainiens et pourquoi ils devaient voter la prolongation de cette loi, quelles que soient leurs convictions:
"Si maintenant, chers députés ukrainiens, même vous les plus nationalistes, ne votez pas cette loi, alors la moitié des pays européens lèveront les sanctions et donc cette construction qui existe aujourd'hui s'écroulera"
Selon ses paroles, les Européens ne soutiennent déjà pas la politique des sanctions, car elle porte atteinte à l'économie de ces pays: "ils n'ont là-bas aucune certitude de ce qu'est la vérité et de ce que n'est pas la vérité".
 
La loi a été adoptée. Le chantage a fonctionné.
 
Cela règle la question de l'indépendance des parlementaires ukrainiens, qui adoptent les lois qui leur sont dictées. Cela règle la question de l'autonomie des groupes nationalistes ukrainiens, qui se plient quand, manifestement, le chef parle. Comment, après cela, veut-on que les Ukrainiens respectent les Européens? Comment peut-on espérer que le Format Normandie puisse aboutir à quelque chose - si le chef, le seul respecté, le seul qui fasse peur, n'est pas là?
 
Mais se pose aussi la question de l'indépendance des pays européens et de leur politique étrangère, autant qu'il soit possible de l'appeler ainsi.
 
Donc, sur un mot des Etats-Unis, et comme un seul homme, les pays européens lèveraient les sanctions contre la Russie? Et des sanctions qui ne correspondent déjà pas à leur intérêt? Mais ils pourront défendre leur intérêt lorsque cela entrera dans les intérêts américains? Sans même parler du mépris évident des Etats-Unis pour ces pays européens qui se sont couchés comme une veille prostituée devant la force brute, du point de vue européen, cela signifie que non seulement il n'existe plus de politique étrangère au niveau des pays membres de l'UE, puisqu'elle a été transférée, mais que celle des organes de l'UE est également inféodée. 
 
L'on comprend mieux pourquoi la presse européenne ne reprend pas les paroles de ce député, ne tente pas de faire le jour sur des paroles aux conséquences non négligeables.
 
 
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