Quiconque se souvient de « l’affaire Amesys » garde à l’esprit que les attaques contre cette entreprise française, filiale du groupe Bull, vinrent d’acteurs nombreux – à l’instar des attaques contre le Groupe Bolloré. Une fois de plus, on y retrouve les réseaux Soros.
En 2006, la société Amesys vendit du matériel de surveillance électronique à Kadhafi, avec l’accord du gouvernement français. Le contrat, d’environ trente-trois millions d’euros, prévoyait de fournir à la Libye un système d’interception de l’ensemble du trafic Internet du pays, le système Eagle. Il comprend la technologie dite Deep Packet Inspection (DPI), qui est également utilisée dans le civil par de nombreuses entreprises, notamment les Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) et d’autres sociétés du secteur des télécommunications. Rappelons ici que Soros investit massivement dans le domaine de la technologie, mais – on s’en doute – pas dans cette entreprise française.
La guerre contre Kadhafi, en 2011, prit officiellement fin à la prise de Tripoli, le 23 août. Le 29 août, la BBC publia un reportage[1] mettant clairement Amesys en cause dans l’aide à la traque aux opposants du « régime », suivi d’un article du Wall Street Journal[2] le lendemain. Au centre de surveillance d’Internet de Tripoli, des journalistes retrouvèrent des manuels d’utilisation d’Amesys. D’autres sociétés furent mises en cause : Narus Technologies du groupe Boeing, VASTech SA Pty Ltd (Afrique du Sud) et ZTE Corp., entreprise chinoise de télécommunications. Les ONG de défense des droits de l’homme profitèrent de cette médiatisation pour porter plainte contre Amesys. En France, Reflets.info et Owni (sous la plume de Jean-Marc Manach) ont longuement écrit sur l’affaire.
Aly Ramadan Abuzaakouk, 64 ans, aurait été surveillé par la technologie Amesys en Libye. L’homme est présenté comme animant une ONG de défense des droits de l’homme, libyaforum.org, basée à Washington, ville où il vivrait en exil depuis 1977. Selon Manach, l’ONG aurait reçu 269 000 dollars de la NED (National Endowment for Democracy), « une ONG financée par le Congrès américain afin de soutenir ceux qui luttent pour la démocratie, qui le qualifie[3] de « figure de proue du mouvement pro-démocrate libyen« . »[4] En outre, en 2010, la NED aurait donné 75 000 dollars à cette même organisation.[5] Autre opposant mis sur liste noire de Kadhafi depuis 1981, Abdul Majid Biuk serait un autre réfugié politique aux Etats-Unis, où il travaillerait comme principal d’une école islamique. Son ONG Transparency-Libya aurait touché 269 000 dollars de la NED. Enfin, également traqué par la technologie Amesys, selon Owni, Ashour Al Shamis, 64 ans, exilé en Grande-Bretagne, animerait Akhbar-libya.com. Financé par la NED « à hauteur de 360 000 dollars », il s’agirait d’un site anglo-arabe.
- On rappellera que Transparency International est une sorosite généreusement financée, et de très longue date, par George Soros. L’un des partenaires de Transparency Libya, l’UNCAC, a 370 partenaires dont l’Open Society Macedonia et l’Open Society Foundations Slovakia – ainsi que de nombreuses sections de Transparency International ou encore Global Witness (on trouvera probablement d’autres sorosites en cherchant plus avant dans cette liste).[6]
- L’Open Society finance le Center for International Media Assistance de la NED.[7] Réciproquement, à l’instar de l’USAID en Macédoine[8], la NED apporte son soutien financier à des projets de l’Open Society.[9]
Le journaliste Julien Teil souligne pour sa part que, « à en croire Owni […] Amesys, société française spécialisée dans l’espionnage, avait développé un logiciel permettant à Kadhafi et à ses services de surveiller ces personnages. […] [Des] personnes pour lesquelles des mandats d’arrêt internationaux ont été émis, ne devraient pas être surprises d’être surveillées par l’Etat qui les a émis (en l’occurrence la Libye). » Owni, Wikileaks et Le Monde, poursuit Teil, ne présentent pas le passé de ces individus, ni la nature du NSFL (National Front for the Salvation of Libya) au sein duquel ils ont participé activement, « organisation terroriste liée à une branche radicale des frères musulmans ». L’un d’eux était en outre présent à une réunion de Chatham House [le Royal Institute of International Affairs – RIIA] à Londres au mois de juin 2011, « au sein de laquelle il était question de la manière dont il serait possible de faire imploser Tripoli »[10].
Surtout, Amesys, anciennement i2e, avait mis au point un système, Cryptowall[11], solution inviolable par le système d’espionnage anglo-américain Echelon, ancêtre de Prism et utilisé en permanence, par les Etats-Unis, à des fins d’espionnage industriel et pour intercepter des communications mondiales des amis comme des ennemis. Pour le journaliste d’investigation Duncan Campbell – qui a le premier révélé l’existence d’Echelon au public en 1988 –, il s’agit d’une arme d’espionnage électronique des communications à des fins économiques. Les Etats-Unis se sont ainsi vantés d’avoir, par son biais, vaincu des industries françaises rivales comme Alcatel et Thomson CSF.[12] Partie du contrat UKUSA de 1947 (passé entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie), Echelon et ses multiples stations ont pour mission « d’intercepter et de traiter les communications relayées par des satellites de communication commerciale. »[13] De plus, le système Comint, qui fait partie du programme Echelon, permet d’identifier les numéros de téléphone des deux correspondants d’une conversation téléphonique, et « les agences SIGINT des nations de l’UKUSA ne posent aucune restriction quant à l’accumulation de renseignements sur les citoyens et les entreprises de pays extérieurs à l’UKUSA, y compris tous les pays membres de l’Union Européenne à l’exception du Royaume-Uni. »[14] Enfin, soulignait i2e dans son exposé sur Cryptowall, l’ancien directeur de la CIA R. James Woolsey « a admis l’utilisation du système à des fins d’espionnage industriel ». Airbus aurait ainsi perdu un contrat de 6 milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite après que la NSA eut révélé l’existence d’intermédiaires dans la négociation.
Questions : quel rôle ont joué les sorosites dans la guerre contre Amesys ? Certaines personnes, en-dehors de ces ONG, sont-elles liées aux réseaux Soros ?
- Dès le 10 juin 2011, le journaliste du site Owni, Jean-Marc Manach, fit des révélations sur le système d’interception d’informations Eagle. Le 15 mars 2012, il publia Au pays de Candy, un livre à charge contre l’opération – Candy – d’aide de la France à la Libye pour « espionner tous ses citoyens sur Internet », notamment avec Amesys.[15] En 2015, Manach faisait partie de l’équipe ayant réalisé un film, The Migrant Files, « un projet de journalisme collaboratif soutenu par Journalismfund.eu », un projet financé par, entre autres, l’Adessium Foundation et l’Open Society, et qui a pour partenaire le Global Investigative Journalism Network, dont l’Open Society est le principal sponsor et soutien[16] (on y trouve aussi la Ford Foundation, l’Adessium Foundation, etc.).[17] Manach dispose d’une fiche auteur sur le site de Journalismfund.eu.[18] Notons par ailleurs qu’Owni s’avère être un relai favorable de travaux et rapports de l’Open Society.[19]
- Le 12 septembre 2011, l’ONG Sherpa décida de porter plainte auprès du procureur de la République de Paris pour vente illégale d’un dispositif de surveillance à distance. Sherpa est probablement la plus influente sorosite française. Dans son rapport annuel de 2007, l’ONG rapportait avoir reçu des subsides de l’Open Society[20], un montant qui s’élève à plus de 46 000 euros entre 2006 et 2010, avant que Sherpa décide de ne plus détailler les subventions allouées par ses bailleurs de fonds. Néanmoins, dans le rapport de Sherpa de 2014, l’Open Society figurait toujours au rang des partenaires.[21] C’est également le cas sur la page dédiée du site, où l’on trouve également plusieurs sorosites : Global Witness, Sigrid Rausing Trust (dont le bureau international accueil Chris Stone, président de l’Open Society, et Mabel van Oranje, membre notamment de Global Witness)[22], CEE Banlwatch Network, Human Rights Watch, la coalition sorosienne Publish What You Pay, etc.[23]
- En octobre 2011, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH)[24] et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) portèrent également plainte contre X dans l’affaire Amesys, cette fois pour « complicité d’actes de torture » auprès du tribunal de grande instance de Paris. La LDH est partenaire de la FIDH, que finance l’Open Society.[25] Un document piraté par DC Leaks rapporte par ailleurs que la LDH reçut plus de 66 000 dollars de l’Open Society en 2013-2014.[26]
- Heba Morayef, directrice de Human Rights Watch (financée par Soros[27] et dont le fondateur, Aryeh Neier, fut président de l’Open Society de 1993 à 2012) pour l’Egypte[28], aurait été placée sous surveillance[29] par le régime de Kadhafi. Ceci n’est pourtant pas surprenant, sachant que cette femme aurait joué un rôle déterminant[30] dans le Printemps Arabe en Egypte justement, un coup d’Etat « gene sharpien » aidé par Soros et Canvas.
- Au mois de mars 2013, c’est au tour de Reporters Sans Frontières de s’en prendre à Amesys.[31] L’ONG publie un Rapport spécial surveillance sur « Les ennemis d’Internet », les « mercenaires de l’ère digitale ». Elle classe l’entreprise française parmi ces cinq « ennemis », avec Gamma, Trovicor, Hacking Team et Blue Coat. Leurs produits seraient ou auraient été utilisés par des gouvernements « pour commettre des violations des droits de l’homme et de la liberté de l’information ».[32] Dans La face cachée de Reporters Sans Frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone, Maxime Vivas rapporte que l’Open Society finance l’ONG.[33] Le site de RSF confirme d’ailleurs lui-même cette information : parmi ses divers mécènes, l’Open Society est l’un des deux organismes privés étrangers qui finance l’organisation.[34] Il n’est pas possible de connaître l’ampleur du financement de RSF par l’Open Society pour les dernières années ; l’ONG, opaque, ne donne pas ces informations.
- Le Business and Human Rights Resource Centre s’est fait le relai fréquent des déboires judiciaires de l’affaire Amesys.[35] Comme nous l’avons déjà vu, l’Open Society finance cet organisme.
- Mediapart incrimina également l’entreprise et la France dans de nombreux articles[36], et son fondateur Edwy Plenel en fit de même.[37] Qui a procuré des documents confidentiels à Mediapart ? Nous l’ignorons. Encore récemment, Roland Dumas rapporta les propos que lui avait confiés Mitterrand, à savoir que Plenel serait « un agent de l’étranger ».[38] Pour autant, Plenel a-t-il un rapport avec l’Open Society ? En juin 2015, cette dernière (et deux autres organisations) organisa en France une conférence, « Egalité trahie », sur les contrôles au faciès. Elle se fit en partenariat avec Mediapart et fut animée par Plenel.[39] En 2012, Plenel et Mediapart organisèrent une rencontre avec plus d’une vingtaine d’intervenants, dont Lana Holo, représentante à Paris de l’Open Society.[40] En 2014 enfin, Plenel appelait à faire un don pour soutenir l’ONG La Quadrature du Net[41], que finance l’Open Society[42], à hauteur de 40% pour l’année 2014 et de 32% en 2015.[43]
- Fabrice Arfi, de Mediapart, est l’un des quatre seuls journalistes français (aux côtés notamment de Karl Laske, également de Mediapart) à être membre de l’ICIJ[44] (International Consortium of Investigative Journalists), l’un des deux organismes (avec l’OCCRP) à l’origine des Panama Papers et bien entendu financé par l’Open Society.[45] Arfi s’en prit régulièremen,t à Amesys sur Mediapart.
- Reflets.info est probablement le plus actif contre Amesys, aujourd’hui encore.[46] Le site n’est aucunement lié à l’Open Society. Néanmoins, l’un de ses auteurs phares est Fabrice Epelboin.[47] Selon sa fiche Wikipédia, il joua « un rôle actif » dans la révolution colorée sorosienne de 2010-2011, en Tunisie.[48] De plus, nous pouvons trouver des échanges de courriels amicaux entre Fabrice Epelboin et Adel Beznine, lequel expose, auprès d’une autre personne, être financé par l’Open Society pour développer un logiciel Open Source.[49]
Hasards ? Ou une autre opération de guerre économique ?
Thibault Kerlirzin
[1] http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-14711290
[2] http://www.wsj.com/articles/SB10001424053111904199404576538721260166388
[3] http://www.ned.org/events/democracy-award/2011-democracy-award/2011-democracy-award-biographies
[5] Le lien est accessible via la Wayback Machine : http://web.archive.org/web/20111011024901/http://ned.org/where-we-work/middle-east-and-northern-africa/libya
[6] http://uncaccoalition.org/en_US/about-us/members-list/
[7] http://www.cima.ned.org/donor-profiles/open-society-foundations/
[8] https://stopoperacijasoros.wordpress.com/2017/01/27/ngo-watchdog-warns-that-distribution-of-new-95-million-earmarked-by-usaid-for-soros-activists-in-macedonia-is-under-way/
[9] https://www.opensocietyfoundations.org/sites/default/files/partners_20090720_0.pdf
[10] http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/a-quoi-sert-wikileaks-111371
[11] https://www.frenchleaks.fr/Un-systeme-de-cryptage-pour-eviter.html
[12] Campbell (Duncan), Surveillance électronique planétaire, Allia, 2001, pp.8-9.
[13] Ibid., p.13.
[14] Ibid., p.32.
[15] http://owni.fr/2012/03/15/au-pays-de-candy/
[16] https://www.opensocietyfoundations.org/about/programs/independent-journalism
[17] http://gijn.org/sponsors-and-supporters/
[18] http://www.journalismfund.eu/author/jean-marc-manach
[20] https://www.asso-sherpa.org/wp-content/uploads/2013/09/Rapport-dactivit%C3%A9s-2007.pdf
[21] https://www.asso-sherpa.org/wp-content/uploads/2013/09/RA-2014_Def_BD.pdf
[22] https://www.sigrid-rausing-trust.org/About-SR-Trust/The-Trustees
[23] https://www.asso-sherpa.org/nos-partenaires
[24] https://www.fidh.org/IMG/pdf/note_affaire_amesys_fr.pdf
[25] https://www.fidh.org/fr/qui-sommes-nous/nos-financements/
[26] https://fr.scribd.com/document/321222770/Initiatives-pour-influencer-les-Elections-Europeennes-2014-Open-Society-Soros#from_embed
[27] https://www.hrw.org/fr/news/2010/09/07/george-soros-sengage-verser-100-millions-de-dollars-human-rights-watch
[28] http://www.forbes.com/pictures/lmh45kdmg/heba-morayef-egypt-director-human-rights-watch/
[29] http://www.atlantico.fr/pepites/entreprises-espionnage-internet-kadhafi-172011.html
[30] https://www.youtube.com/watch?v=CrqkYcIlatk
[31] http://surveillance.rsf.org/amesys/
[32] http://surveillance.rsf.org/
[33] http://www.legrandsoir.info/la-face-cachee-de-reporters-sans-frontieres-de-la-cia-aux-faucons-du-pentagone.html
[34] http://fr.rsf.org/structure-des-charges-et-des-01-07-2005,14274.html
[36] https://www.mediapart.fr/journal/mot-cle/amesys
[37] https://reflets.info/jean-jacques-uvroas-qosmos-et-amesys-ne-sont-pas-prestataires-des-services-francais/
[38] https://www.youtube.com/watch?v=rdTP4J01DRw
[39] https://blogs.mediapart.fr/louise-fessard/blog/210615/le-25-juin-18h45-au-relais-de-belleville-paris-comment-en-finir-avec-les-controles-au-facies
[40] http://www.profencampagne.com/article-speciale-mediapart-2012-ils-ont-tenu-tete-a-sarkozy-l-integrale-merci-mediapart-merci-edwy-p-103731472.html
[41] https://twitter.com/edwyplenel/status/545911941357907969
[42] https://www.laquadrature.net/fr/ils-soutiennent-la-quadrature-du-net
[43] https://soutien.laquadrature.net/faq#faq-1
[44] https://www.icij.org/journalists/fabrice-arfi
[45] https://www.icij.org/about
[46] https://reflets.info/category/sagas/bienvenue-chez-amesys/
[47] https://reflets.info/author/epelboin/