Par Louis Nadau
Face au RIC, Macron brandit le Brexit . Par Louis Nadau

Emmanuel Macron a lancé ce mardi 15 janvier son "grand débat national". - LUDOVIC MARIN / AFP
Emmanuel Macron a exprimé, lors du lancement à Grand Bourgtheroulde de son "grand débat national" ce mardi 15 janvier, sa défiance à l'encontre du référendum d'initiative citoyenne (RIC), pointant le danger de "nourrir la démagogie".
Attention à ne pas déconner non plus avec le référendum… Lors de sa rencontre marathon avec 600 maires normands à Grand Bourgtheroulde, ce mardi 15 janvier, pour le lancement du "grand débat national", Emmanuel Macron n'a pas caché sa défiance à l'égard du référendum d'initiative citoyenne, le fameux "RIC" qui figure parmi les principales revendications des gilets jaunes. S'appuyant sur le naufrage du Brexit, le chef de l'Etat s'est livré à une mise en garde contre les aléas d'un dispositif de démocratie directe qui "peut nourrir la démagogie" et risque de "tue[r] la démocratie représentative".
Macron reconnaît La "frustration" du référendum de 2005
Le président de la République a d'abord reconnu qu'une "frustration était née dans le pays entre 2005 et 2007". "En 2005, la France a voté 'non' au traité européen. (…) En 2007, on est revenu à l'équivalent du 'oui' par une voie parlementaire", a rappelé celui qui était alors inspecteur des Finances. Et de convenir : "Je dois bien dire que, plus de dix ans après, ce qu'il s'est passé là a créé une tension. Les gens disent : 'Même quand on s'est exprimé, que l'on a dit quelque chose, nos représentants reviennent dessus lorsque ça ne les arrange pas'".
Contre la reproduction à l'avenir de ce précédent, Emmanuel Macron a exprimé le vœu d'instaurer un "verrou" qui empêche le Parlement, "avant telle période, et en tout cas pas dans les mêmes termes",
de défaire ce que le peuple a décidé par référendum.
"On ne doit pas créer une situation de concurrence entre les formes de démocratie"
Néanmoins, estime Emmanuel Macron, "on ne doit pas créer une situation de concurrence entre les formes de démocratie". Le président ne veut notamment pas d'un RIC "qui chaque matin peut revenir sur ce que les parlementaires ont voté". "Si on disait, parce qu'il y a une loi qui n'a pas plu : 'Moi je ne suis pas de cette majorité, ça ne me plaît pas, je veux changer les choses, je fais un référendum, j'y reviens deux mois après, ou un an après', vos représentants, ils ne servent plus à rien, on tue la démocratie représentative, qui malgré tout est la seule qui tient les contraintes".
C'est là que le chef de l'Etat brandit le spectre du Brexit : "Regardez ce que vivent nos amis britanniques : vous avez, en Grande-Bretagne, une autre forme d'expression de cette tension entre la démocratie directe et la démocratie représentative. Le peuple a dit 'on sort' mais le pouvoir politique est incapable de le mettre en œuvre. C'est qu'il n'y a pas de solution, parce qu'ils sont sortis sur de fausses informations et des mensonges. (…) Et après, leurs représentants disent : 'Nous on est bloqués par le vote de nos concitoyens, mais on ne sait pas le prendre en charge'".
Le hic pointé dans le RIC n'est donc pas tant le risque de blocage institutionnel que le peu de confiance qu'Emmanuel Macron semble placer dans le discernement du peuple. Et de développer : "Je pense qu'il faut qu'il y ait de l'expression citoyenne. Je pense qu'il ne doit pas y en avoir sur tous les sujets, parce que parfois ça peut nourrir la démagogie. Je pense que quand il y a une décision difficile à prendre, ce sont souvent les représentants qui la prennent. (…) On prend rarement les décisions difficiles par un référendum. On peut prendre des décisions populaires, mais rarement difficiles. Or notre pays a aussi besoin de décisions difficiles".
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