Par Ron Paul − Le 15 avril 2019 − Source The Ron Paul Institute
La semaine dernière, le gouvernement britannique a arrêté le rédacteur en chef de Wikileaks, Julian Assange, sur une ordonnance d’extradition US. C’est une attaque contre chacun de nous. C’est une attaque contre la Constitution américaine. C’est une attaque contre la liberté de presse. C’est une attaque contre la liberté d’expression. C’est une attaque contre notre droit de savoir ce que notre gouvernement fait de notre argent en notre nom.
Julian Assange est un prisonnier politique, au même titre que l’était le cardinal Mindszenty en Hongrie ou Nelson Mandela en Afrique du Sud.
Eux et tant d’autres ont été emprisonnés parce qu’ils avaient dit la vérité sur leurs gouvernements.
Les gouvernements répressifs ne veulent pas que leurs citoyens sachent qu’ils utilisent tous les moyens, alors ils font tout pour contrôler les médias. En même temps, on nous enseigne que nous avons une presse libre, que son but est de dévoiler la corruption de notre système afin que nous puissions exiger de nos dirigeants politiques qu’ils apportent des changements ou soient confrontés à leurs responsabilités, comme le chômage. On nous dit que c’est ce qui nous différencie du totalitarisme.
Mais l’arrestation d’Assange est le canari dans la mine, qui nous avertit que quelque chose va vraiment mal dans notre système.
Qu’est-ce qui ne va pas ? Les grands médias américains semblent toujours aux ordres du gouvernement américain. C’est pourquoi ils se sont empressés de confirmer l’acte d’accusation de Washington, selon laquelle Assange n’a rien à voir avec le journalisme. Pour eux il ne s’agit que d’un problème de piratage d’ordinateurs du gouvernement !
Comme l’a dit le New York Times dans un éditorial, se comportant comme un porte-parole du gouvernement américain, Julian Assange a commis « un crime incontestable ». Mais était-ce le cas ? Comme l’a écrit le journaliste Glenn Greenwald la semaine dernière, ce que Julian Assange a fait en 2010, ce pour quoi il risque l’extradition vers les États-Unis n’est pas différent de ce que le New York Times et d’autres journaux font chaque jour ! Il a tenté d’aider Chelsea Manning à protéger son identité alors que celle-ci dénonçait des crimes du gouvernement américain à un journaliste. L’information en question contenait une vidéo montrant des militaires américains participant joyeusement au meurtre de civils irakiens. En quoi est-il criminel que nous en soyons informés ?
La différence, c’est qu’Assange et Manning ont mis dans l’embarras le gouvernement américain, qui nous mentait en prétendant qu’il était en train de « libérer » l’Irak et l’Afghanistan alors qu’il faisait le contraire. Les journalistes non-contestataires publient des « informations fuitées » qui renforcent les néocons, ou d’autres narratives qui couvrent différentes factions du gouvernement américain. C’est pourquoi les médias américains veulent voir Assange en prison, ou pire : il a renversé leur panier de linge sale.
La leçon est claire : lorsque vous renforcez le discours du gouvernement, vous êtes un « journaliste courageux ». Lorsque vous dénoncez la corruption au sein du gouvernement, vous êtes un criminel. Voulons-nous vraiment vivre dans un pays où il est illégal d’apprendre que le gouvernement se livre à des actes criminels ? Et moi qui pensais que, comme citoyens engagés, nous avions l’obligation de demander des comptes à notre gouvernement…
Tant que Julian Assange est en prison, nous sommes tous en prison. Quand les membres du gouvernement ont le pouvoir de dicter ce que nous avons l’autorisation de voir, d’entendre et de savoir, nous ne vivons plus dans une société libre. Julian Assange sera extradé vers les États-Unis et il subira des dizaines de chefs d’accusation. Ils veulent l’enterrer pour que le prochain Assange y réfléchisse à deux fois avant de nous informer des crimes gouvernementaux.
Allons-nous les laisser nous voler notre liberté ?
Traduit par Stünzi, relu par Cat pour le Saker francophone
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