Washington veut affamer les peuples d’Iran, du Venezuela, de Cuba, et tous ceux qui osent lui resister… Par Richard Labévière
Washington veut affamer les peuples d’Iran, du Venezuela, de Cuba, et tous ceux qui osent lui resister…
Grâce à Donald Trump, le prix du pétrole flambe. Le baril de Brent a atteint – mardi dernier – 74,60 dollars, un prix inégalé depuis six mois. Et la tendance n’est pas près de s’inverser. Unilatéralement, le président américain a décidé de mettre fin – le 2 mai prochain – aux dérogations qui permettaient encore à huit pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) d’importer du brut iranien. L’Américain cherche à empêcher toute exportation de brut iranien, afin de « priver le régime de sa principale source de revenus ». Sans ciller,
« C’est celui qui dit qui y est… » disent les enfants qui ont souvent raison ! Parce qu’en matière de déstabilisation des Proche et Moyen-Orient, il n’est pas besoin de sortir d’Harvard pour savoir que les Etats-Unis sont l’un des responsables majeurs des guerres régionales, depuis qu’ils ont mis la main sur les réserves pétrolières saoudiennes avec la signature du Pacte du Quincy (14 février 1945) et depuis la fondation d’Israël – « ce petit pays de merde qui emmerde la planète entière » pour reprendre les propres termes de l’ambassadeur Daniel Bernard1-, favorisant colonisations, occupations et répressions dans les Territoires palestiniens grâce à la bienveillante tutelle évangélisto-sioniste américaine.
Par conséquent, les dernières élucubrations de
Adoptées pour six mois à la faveur des plus grands clients de l’Iran, les exemptions arrivent donc à terme. A ce jour, l’Iran demeurait le cinquième exportateur mondial, sa production pouvant atteindre 1,7 million de barils/jour, la Chine en absorbant plus d’un tiers devant l’Inde (20%). Les dérogations de la Maison blanche étaient seulement destinées à la stabilisation du prix du baril avant les élections de mi-mandat du 6 novembre 2018. Pour compenser une hypothétique disparition du pétrole iranien, Donald Trump a d’ores et déjà fait appel à la très servile Arabie saoudite pour « stabiliser le marché ». La monarchie wahhabite en a, aussitôt profité pour couper quelques têtes en toute impunité… L’Irak s’est dit aussi prêt à augmenter ses exportations pour répondre aux injonctions de Washington.
Sachant que la Chine importe quelque 6% de son brut d’Iran et que nombre de ses raffineries sont spécialement configurées pour le brut iranien, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a engagé Washington à « adopter une attitude responsable, un rôle constructif et non le contraire », laissant entendre que Pékin continuerait à acheter… iranien.. De son côté, Téhéran a dénoncé « l’illégalité » de la décision américaine et menacé de bloquer le détroit d’Ormuz par où transite une grande partie du brut mondial. « C’est un passage maritime et si nous ne pouvons pas l’utiliser, nous le fermerons », a averti le général Alireza Tangsiri, commandant de la marine des Gardiens de la révolution.
Et pour détendre davantage l’atmosphère, la Maison blanche a aussi décidé d’inscrire les « Gardiens de la révolution » sur la liste américaine des organisations terroristes. Le statut des « Pasdaran » – le corps des Gardiens de la révolution – est fixé par la constitution iranienne : l’armée régulière est chargée de la défense des frontières tandis que la mission des Pasdaran est d’assurer la protection des institutions de la République islamique. A ce titre, ce corps d’élite dépend directement du Guide
Toujours est-il que les sanctions américaines pénalisent – en premier lieu – le peuple, les petites gens qui ne peuvent se procurer des produits de première nécessité dont bon nombre de médicaments. « L’objectif de Donald Trump est clairement de susciter la pénurie alimentaire afin de générer colère populaire et mouvements sociaux à l’encontre du régime », explique un diplomate européen en poste à Washington ; « selon de vieilles techniques utilisées et toujours améliorées depuis des décennies et plus récemment lors des ‘révolutions de couleurs’ en Ukraine, Géorgie, Liban, etc. Washington cherche à reproduire ce qui a permis d’enfoncer l’URSS durant les années quatre-vingt ».
« VICTORY »
Les administrations américaines successives fonctionnent souvent de manière unidimensionnelle, fétichiste, sinon infantile.. Ainsi, la grande, sinon l’unique source d’inspiration actuelle de
C’est le directeur de la Fondation pour la défense des démocraties (FDD)2 lui-même qui le confirme : « J’ai conseillé la lecture de « Victory » à Miky Pompeo qui en a fait son livre de chevet qui est devenu le guide de toute l’administration. Oui Victory, dont le titre est terriblement programmatique s’est imposé comme la bible de l’équipe Trump. C’est formidable ! ». Récemment, la directrice du ministère israélien des Affaires étrangères a dit textuellement : « la Fondation pour la défense des démocraties est l’une de nos meilleures vitrines dans le monde… ». En fait, le concept central du livre de Peter Schweizer est des plus simplistes, pour ne pas dire simplet : « sanctions extrêmes », avec lesquelles il s’agira de couper les vivres à un pays – y affamer la population – pour y créer un mécontentement social susceptible de provoquer un changement de régime.
Si l’Iran est bien la cible actuellement prioritaire de
Richard Labévière
29 avril 2019
1 Libération, 20 décembre 2001.
2 FDD : ce machin a été initié par la secrétaire d’Etat Madeleine Albright au début des années 2000. Organiquement lié à l’AIPAC – le lobby pro-israélien américain – ce pseudo Think-tank milite depuis plusieurs années pour un durcissement des sanctions contre l’Iran.