A Paris, une centaine d’internes en médecine s’enchaîne aux grilles de l’Assemblée Nationale, délogés par des CRS à cran.
Le gouvernement est-il en train de perdre le contrôle sur le mouvement de colère des jeunes médecins ?
Alors que leurs aînés chirurgiens ont cessé leur mouvement de grève vendredi, les jeunes médecins poursuivent la lutte.
Ce vendredi 16 novembre, une centaine d’internes en médecine s’est enchaînée aux grilles de l’Assemblée Nationale pour protester contre les réseaux de soins des mutuelles que la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, souhaite autoriser.
- Des internes en médecine s’enchaînent aux grilles de l’Assemblée Nationale
- Des internes en médecine s’enchaînent aux grilles de l’Assemblée Nationale le vendredi 16 novembre pour protester contre les réseaux de soins des mutuelles
Le mouvement des colères des jeunes médecins, initialement parti contre l’accord sur les dépassements d’honoraires et les cadeaux qu’il comporte pour les complémentaires de santé, se fédère aujourd’hui contre le projet de loi n°296. Ce projet de loi, déposé en catimini alors que l’orage médiatique se focalise sur les dépassements d’honoraires, vise à autoriser les mutuelles à constituer leurs propres réseaux de professionnels de santé.
Cela signifie pour elles la possibilité de rembourser différemment leurs cotisants suivant le médecin qu’ils iront voir.
Pour un patient cela signifie que sa mutuelle pourrait lui dire que chez tel médecin, il ne sera plus remboursé car il n’est pas affilié au réseau de soin de sa complémentaire santé.
On peut également imaginer des contrats mutualistes où les remboursements seraient nuancés par pathologie ou bien selon le délai d’attente pour une consultation médicale.
Pour les médecins cela signifie la nécessité de s’affilier à des complémentaires santé, qui pourront influer sur leur prescription ou leur exercice : les mêmes qui remboursent les consultations remboursent en effet aussi les prescriptions.
Cette rupture avec le modèle solidaire de libre accès aux soins déchaîne également les médecins de demain sur la toile qui ont réalisés de nombreuses vidéos sur Youtube (cf ci-dessous un échantillon)
La prochaine journée de mobilisation est prévue le mardi 20 novembre à Paris et s’annonce difficile pour Marisol Touraine, qui n’a pour le moment répondu à aucune des demandes des internes.
La vidéo pédagogique d’un interne bordelais
La parodie de Bref par les internes de Montpellier
http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/a-paris-une-centaine-d-internes-en-125983
dont j'extrais les deux derniers paragraphes ; à la fin du document vous pourrez lire ceci : "Enfin, il faudrait opérer un transfert des ressources des mutuelles vers la Sécu car les mutuelles sont moins solidaires, moins égalitaires et moins efficientes que la Sécu. Leurs frais de gestion sont autour de 20%, contre moins de 5% pour la Sécu"
Cette assertion est-telle juste ?
Pensez-vous que la ministre devrait renoncer à fixer des limites aux dépassements d’honoraires ?
Le problème est que Marisol Touraine, dans cet accord, a fait des concessions importantes à la médecine libérale, mais elle a durci le ton envers les « dépasseurs ». Ils se sont ensuite sentis montrés du doigt et se sont mis en grève… Il faut ajouter la surenchère entre les syndicats libéraux corporatistes. Mais qu’est-elle allée faire dans cette galère ?
N’y a-t-il pas, derrière ce mouvement, un fond idéologique où les médecins ne supportent pas les gouvernements de gauche ?
Il y a toujours eu dans l’idéologie médicale libérale une hostilité à l’idée même de régulation. Une opposition à l’Etat et à la Sécurité sociale. Notez qu’on dit « madame la Caisse » pour parler de la Sécu.
C’est ainsi que certains syndicats libéraux appellent à résister aux pressions pour prescrire des génériques alors qu’on pourrait économiser un à deux milliards qui seraient par exemple très utiles pour revaloriser le secteur 1.
De même, les professionnels devraient participer à l’évaluation comparative des prescriptions et des actes médicaux qui connaissent des variations inexplicables d’un médecin à l’autre, d’un hôpital à l’autre, d’une région à l’autre.
Enfin, il faudrait opérer un transfert des ressources des mutuelles vers la Sécu car les mutuelles sont moins solidaires, moins égalitaires et moins efficientes que la Sécu. Leurs frais de gestion sont autour de 20%, contre moins de 5% pour la Sécu.