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Le blog de Lucien PONS

AFP (Paris) 17h : les dernières nouvelles d'Ukraine et la carte qui montre la mosaïque des langues et des diverses origines de la population. Le blog de Jean Lévy.

14 Décembre 2013 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ukraine

Samedi 14 décembre 2013     

 

D’après AFP (Paris)  vendredi 13 décembre
 
Ukraine : l’opposition se prépare à un week-end de forte mobilisation 
 
Vendredi matin, au moins 2.000 personnes étaient réunies sur la place symbole du mouvement, bien plus que les quelques centaines qui bravaient le froid à la même heure en début de semaine. «Les gens viennent de plus en plus nombreux, on ne sait pas où les installer», a assuré Iouri Kirilenko, 33 ans, qui monte la garde devant l’une des tentes plantées à même le bitume.
(…)
Depuis l’assaut des forces anti-émeutes, les manifestants ont renforcé avec des sacs de sable et des fils de fer barbelés les barricades protégeant Maïdan, lui donnant des airs de camp retranché. Ils ont aussi planté de nouvelles tentes et souhaitent élargir leur campement sur le boulevard Khrechtchatik, qui débouche sur la place. 
  
AU DIALOGUE LANCE PAR LE PRESIDENT
 
Ce vendredi 13 décembre à 14h, le président ukrainien Viktor Yanoukovitch ouvre une « table ronde » avec des représentants des pouvoirs publics, des partis, des syndicats, des étudiants, des artistes…etc.. afin d’ « unir l’Ukraine » et de discuter de ses problèmes.
 
Les partis meneurs de la contestation ont semble-t-il accepté ce dialogue alors qu’ils ont maintes fois déclaré ne pas en vouloir, seule la démission du président et du gouvernement étant exigée. Reste à voir s’ils viendront à la table ronde et s’ils l’aborderont dans un esprit autre que celui du « coup d’état » envisagé et apparemment manqué ! Cela dépend un peu des « conseils » que leur donneront les représentants sur place des Etats-Unis (qui ont déjà menacé le président de sanctions) et de l’Union européenneVont-ils calmer le jeu ou jeter de l’huile sur le feu ?Il est difficile de savoir s’ils poussent encore à la radicalisation ou s’ils se rendent compte que c’est peine perdue et…risque majeur de dérapage sanglant, cette éventualité n’est pas définitivement exclue !
 
Apparemment, Yanoukovitch cherche désespérément le moyen de pacifier la situation, alors qu’il pourrait très bien, fort de sa position légale, déployer la force armée pour de bon et faire un grand pied de nez
à l’Occident. Mais c’est précisément ce qu’il veut éviter, une cassure en Ukraine et un éloignement décisif de Bruxelles, et le président cherchant à maintenir une position qui ne le renvoie pas totalement vers « la protection de Moscou ». Or, l’extrême-droite (SVOBODA) assure que des troupes russes sont prêtes à intervenir , et cette rumeur dramatise la situation ou du moins jette l’effroi et la haine des Russes parmi les manifestants. 
 
D’autre part, la rumeur court que la « base sociale » de Yanoukovitch, les industriels de l’Est, commencent à être lassés par cette situation et reprocheraient au président de s’être laissé piéger, de n’avoir « pas de politique claire ». D’une façon ou d’une autre, qu’il soit « renversé » par la rue, ce qui devient peu probable, ou capable de renégocier avec toutes les parties, Yanoukovitch sortira affaibli de cette crise. Les « Européens » pourraient donc en conclure que les conditions sont meilleures, désormais, pour faire évacuer Yanoukovitch aux présidentielles de 2015 ou même avant si Moscou le lâche.
 
La prochaine partie de bras de fer avec Moscou aura lieu en février lors des JO de Sotchi : Poutine en a fait un nouveau test de la remontée en puissance de la Russie – contre ces JO s’activent toutes sortes de décisions politiques hostiles (ne pas y aller), de campagnes de boycott, et de menaces islamistes d’attentats. Convergence maximale des hostilités envers la Russie, et mobilisation médiatique assurée !
 
C’est  donc en 2015 que l’Ukraine pourrait « basculer » dans le camp de l’UE, et de l’OTAN – sauf réactions de Moscou…attendues !
Mais comme on sait l’Ukraine est coïncée entre les risques de perdre son « marché naturel » en Russie et en ex-URSS et ceux d’une adhésion à l’UE dont on ignore et « la date » et les futurs effets.
 
Promesse d’une année 2015 sous haute tension, et pas seulement en Ukraine ! Une tentative de renversement du régime au Belarus est également prévue et des élections « secouantes » auront (eu) lieu en Europe – on attend de voir les performances du Front National en France ! Une montée de l’extrême-droite et du conservatisme dur est prévisible un peu partout, à l’Ouest comme à l’Est et au Sud !
 
Les manifestants et le malaise de leur « aile gauche »
 
Pour en revenir aux manifestations, « Libération », dans son édito d’hier parlait de « millions », déferlant « jour après jour », malgré la « répression brutale » du « peuple qui se soulève » etc…etc.. appelant l’Europe « à la plus grande fermeté et à la plus grande unité  face au pouvoir ukrainien et à Moscou »…on finirait par croire que l’Union Européenne a été « attaquée » par l’Ukraine et la Russie, alors que c’est elle et ses amis américains qui s’ingèrent, certes « pacifiquement » dans les affaires ukrainiennes. Il ne manque plus qu’un BHL pour appeler à l’envoi de bombardiers ! Cette fantasmagorie belliciste dénote l’ignorance et le déboussolement de journalistes parisiens qui ne savent plus trop quoi dire et paraissent souhaiter le pire – les scènes sanglantes se vendent mieux !  Minables et odieux journaleux !
 
De l’avis d’observateurs sérieux, il n’y a jamais eu plus de trois cent mille (parfois : 500.000) manifestants, de Kiev et des régions de l’Ouest surtout. Ce qui est déjà énorme ! Rappelons tout de même qu’il y a 45 millions d’habitants en Ukraine et que « l’eurorévolution » était localisée sur une seule place de la capitale et ses environs immédiats ! L’effet de loupe des médias audiovisuels joue un rôle énorme, bien entendu, dans la perception des événements !
 
La masse des gens du Centre, du Sud et de l’Est, à quelques meetings près, peu nombreux, n’a pas bougé, ni dans un sens, ni dans l’autre. Preuve aussi que l’Est ukrainien, tout en étant inquiet devant le déferlement de nationalistes et de fascistes à Kiev, n’accorde guère de soutien à « son » président, jugé responsable d’une situation sociale désastreuse et d’une politique chaotique dans les rapports avec Bruxelles (que l’on souhaite bons) et Moscou (avec qui on veut rester en bonne entente).
 
On remarquera aussi la réserve du parti communiste, influent à l’Est et au Sud du pays. Pourquoi ce quasi-silence, en dehors des appels à « résister aux fascistes » ?
 
En voyageant sur Internet, j’ai constaté également que les milieux de la gauche non communiste sont à la fois très « hors du coup », désorientés et partagés. Bien que très hostiles au régime de Poutine en Russie et de Yanoukovitch en Ukraine, et favorables à l’idée européenne (une « Europe socialiste » !) ils ne trouvent pas leur place dans cette contestation où nationalistes et extrême-droite donnent le ton.  Certains  de « nouvelle gauche » (où se trouveraient des anars et des trotskistes) ont défilé avec un drapeau aux étoiles de l’UE mais de couleur rouge. D’autres se sont fait agresser et chassés des manifs par les militants de SVOBODA. D’autres, « antifascistes », plus proches des communistes refusent tout simplement de participer à cette « eurorévolution » de droite. Un bloggueur anarchiste dénonce, lui, cette « farce » et refuse de s’aligner sur un camp quelconque, non sans une touche de désespoir quant à l’incapacité des libertaires à peser dans la situation.
 
Place Maidan : une issue finalement pacifique ? Rien n’est exclu.
 
La place Maïdan de Kiev  est encore loin d’être totalement évacuée. A peine les forces de police réussissent-elles manu militari à « sortir » des manifestants qu’il en arrive d’autres, notamment les commandos de « volontaires d’autodéfense » en provenance de Lviv, bastion des nationalistes et de l’extrême-droite « SVOBODA ». Des masses vont affluer à nouveau pendant ce week-end. On ne peut exclure des provocations, l’extrême-droite étant réellement désireuse de provoquer une guerre civile qui « clarifierait les positions » et serait en quelque sorte une « revanche sur les communistes » qui l’ont battue…en 1945.
Mais on est loin de ce « remake » de la guerre, dont la très grande majorité des Ukrainiens ne veulent absolument pas, et même des contestataires très déterminés déjouent les provocations de leurs propres rangs, autant qu’ils résistent aux pressions policières.
 
Il y a eu des violences policières, mais pas plus que n’en ont déchaîné certains commandos très agressifs de manifestants, et certainement beaucoup moins que dans des manifs de cette ampleur dans les grandes villes occidentales – sans parler de la Turquie !
Au total, et sauf mauvaise surprise, on peut admirer les Ukrainiens pour leur capacité à gérer aussi pacifiquement de tels « affrontements » de masse.  Bien sûr, en ce moment de désarroi, rien n’est exclu. Il faudrait en somme que chaque camp puisse sortir de l’épreuve « en se croyant vainqueur ». Trouver des sorties de crise honorables tout en sachant qu’elles ne seraient que très provisoires.
 
JMC 13-12-2013, à 14 heures.
 
 
Commentaire russe (RIA Novosti)
 
CENT MILLIONS DE DOLLARS US POUR LES OPPOSANTS ?
 
En 2013 la Maison blanche avait alloué 100 millions de dollars pour le "soutien des processus démocratiques" en Ukraine. Par conséquent la rencontre entre Nuland et les leaders des partis d'opposition était en fait un compte-rendu des exécutants des manifestations devant le principal sponsor des événements à Kiev. Il est à supposer qu'un consensus ait été trouvé – à en juger par les sourires paisibles des leaders de l'opposition et le commentaire de Nuland en personne, qui a qualifié l'entretien avec l'opposition de "fructueux".
 
Ukraine: le gouvernement veut rétablir les relations économiques avec Moscou
 
Le gouvernement ukrainien fera tout son possible pour rétablir les relations économiques et commerciales avec la Russie, a déclaré vendredi le premier ministre Nikolaï Azarov rencontrant les représentants des principales entreprises industrielles et agricoles du pays.
"Il est clair que pour éviter le krach de l'économie, et vous (les participants à la réunion) avez cité des chiffres très importants attestant de la chute des échanges commerciaux avec la Russie, nous devons, comme je l'ai déjà signalé, rétablir complètement nos échanges  avec la Fédération de Russie. Soyez sûrs que nous ferons tout notre possible pour atteindre cet objectif", a assuré le chef du gouvernement ukrainien.
 

La carte ci-dessous,

explique le Washington Postaide à comprendre beaucoup de choses. Elle montre les divisions ethniques et linguistiques:

Depuis son indépendance en 1991, le pays est divisé selon ces catégories ethno-linguistiques, et forge ses opinions politiques en fonction de ces divisions. Y compris sur rapprochement avec la Russie ou l'UE.

Sur Slate, Daniel Vernet vous expliquait récemment que déjà «cette division de l’Ukraine entre une partie occidentale, orientée vers la Pologne, de tradition catholique qui pratique la langue ukrainienne et une partie orientale peuplée de russophones, de religion orthodoxe, qui a vécu longtemps des mines et des grands combinats communistes (...)s’est manifestée dans les urnes après la “Révolution orange” de 2004, les pro-occidentaux et les pro-russes se sont succédé au pouvoir».

Le Washingront Post précise: 

«Si l'on regarde les manifestations à Kiev, on a complètement l'impression que les Ukrainiens veulent voir leur pays intégrer l'Union européenne et se détourner de la Russie. Mais un sondage datant de novembre dernierreflétait des opinions légèrement différentes: 45% disaient vouloir un accord avec l'Union européenne, 14% qu'ils voulaient des accords commerciaux avec la Russie, et 41% qu'ils étaient indécis ou ne voulaient ni l'un ni l'autre.»

Le quotidien américain ajoute que les journalistes couvrant la situation se trouvent à Kiev, côté ukrainien niveau ethno-linguistique, où l'on est pro-UE.

Mais le président Viktor Ianoukovitch à l'inverse, est originaire du côté russe du pays.

 

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-afp-paris-17h-les-dernieres-nouvelles-d-ukraine-et-la-carte-qui-montre-la-mosaique-des-langues-121585035.html

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