Campagne pour le BOYCOTT de l’élection européenne du 25 mai 2014 : réponses à deux objections. Par Gilles Questiaux.
Samedi 10 mai 2014
Réponse à une objection d'une camarade qui dit qu'elle est d'accord avec tout ce que je dis, mais qui voudrais savoir ce qui changerait si on ne votait pas :
Ce qui changera si on ne vote pas, et si on fait campagne pour le boycott, c'est qu'on transformera le rejet passif de l'UE en rejet actif et conscient. de plus une campagne de boycott influencera des électeurs qui pourraient voter FN parce que c'est la seule liste en apparence anti-euro, et qu'elle est désignée ainsi par tous les médias ! ainsi seul le boycott peut faire baisser le FN.
Réponse à une autre objection : Il faudrait voter pour se battre contre l'Europe du capital dans ses institutions mêmes et donc voter pour la liste Tsipras du PGE. Et aussi, ce qui revient au même en définitive, les communistes ont toujours participé aux élections bourgeoises, alors pourquoi soudain ce "gauchisme", et en quoi la Vème république vaudrait-elle mieux que l'UE?
D'abord ce qui caractérise la stratégie politique c'est qu'elle n'est pas toujours la même : sinon pas la peine d'avoir de stratégie du tout, il suffit de répéter les mêmes mots d'ordres pendant toute sa vie.
Il est impossible de "se battre " au sein d'une institution politique qui n'a pas de vrai pouvoir : sa seule fonction, c'est la fonction négative de tout parlement, celle de légitimer la dictature de fait de la bourgeoisie par le suffrage universel. Le parlement français conserve en théorie un pouvoir politique qui en fait une arène possible pour la lutte des classes. Par contre si on participe aux travaux du parlement de l'UE, il faut forcément exiger qu'il devienne un vrai parlement, pour par exemple qu'il ait autorité sur la BCE etc, donc faire de la politique à Strasbourg passe par l'adhésion pratique au fédéralisme. Demander l'Europe sociale, c'est demander que l'Europe ait le pouvoir de faire du social. On obtiendra qu'elle ait du pouvoir, ça oui, mais elle ne fera pas de social, ça non ! L'agitation du PGE ne servira qu'à renforcer la poids du capital, personnifié par l'UE, sur les nations et les peuples.
Et pourquoi ne pas voter maintenant, en 2014, spécialement? Parce qu'il y a eu le vote de 2005 et la démocratie bafouée par le traité de Lisbonne qui a avalisé tout ce qui avait été refusé par le suffrage universel en 2005. Si nous continuons à voter après cela, ça signifie que nous n'accordons aucune importance à nos propres votes et que nous acceptons d'avance toutes les fraudes et tous les dénis de démocratie.
Et les communistes qui utilisent des arguments moralisants qui font du suffrage universel un fétiche montrent par là qu'ils se contentent d'un rôle d'opposant platonique, pur faire valoir et alibi démocratique pour le capital. Il faut participer aux campagnes électorales, oui, mais pas forcément voter; Jacques Duclos n'a pas eu ces pudeurs en 1969 quand il a appelé à l'abstention au deuxième tour.
Certains partis euro-critiques (grecs, portugais) présentent des listes; mais outre le fait que ces partis ne sont pas au PGE qui a fait allégeance à l'UE dans ses statuts en échange de subventions, on ne peut pas dire que l'envoi d'une poignée de députés à Strasbourg ait fait faire boule de neige à leur position. Elle semble au contraire avoir contribué à les paralyser au moment décisif.
Bref, il ne faut pas voter pour le parlement de l'UE parce qu'ici et maintenant en France c'est la ligne juste.
Gilles QUESTIAUX
Sur le blog Réveil Communiste