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Le blog de Lucien PONS

La LDH section de Nice a organisé les 10 et 11 février 2012 un colloque sur la guerre d'Algérie.

12 Février 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Histoire

La LDH Nice organise les 10 et 11 février un colloque à l'occasion du cinquantenaire de la Guerre d'Algérie.
DSCN2687Au nom d'une prétendue mémoire unique des Français d'Algérie, dans une démarche sans précédent, le maire Nice s'érige en détenteur de la vérité historique et somme la LDH d'annuler le colloque. Il suggère une faute de la maison des associations qui accueille l'initiative, instrumentalise la souffrance, les sentiments et les émotions des rapatriés et des harkis. Enfin, sur un mode particulièrement menaçant il agite la menace d'une opposition physique à la tenue du colloque.
La LDH de Nice ne reculera pas devant une telle intimidation ; elle ne pliera pas devant un maire qui démontre une fois de plus qu'il n'est pas le garant qu'il devrait pourtant être du pluralisme et de la démocratie.
La LDH de Nice, en plein accord avec la direction nationale de la Ligue des droits de l'Homme, maintient l'initiative prévue dans son intégralité. Face à la menace et à la peur, elle en appelle à l'opinion publique et aux citoyens pour que vive la démocratie.
 Vous trouverez en pièces jointes les courriers du président de la LDH, Pierre Tartakowsky, adressés à Christian Estrosi, maire de Nice, et Claude Guéant, ministre de l’Intérieur.

 

   

 

LE PRÉSIDENT

Réf: 44/12/PT/VP

Monsieur Claude Guéant

Ministre de l’Intérieur,

de l’Outre-mer, des collectivités territoriales

et de l’Immigration

Place Beauvau

75008 Paris

Paris, le 9 février 2012

Par fax : 01 42 66 92 34

Monsieur le Ministre,

Dans un communiqué de ce jour, le maire de Nice a cru devoir exprimer en des termes dont la

violence est parfaitement claire, son opposition au colloque que la section de Nice de la Ligue des

droits de l'Homme organise les 10 et 11 février à l'occasion du cinquantième anniversaire de la fin

de la Guerre d'Algérie.

M. Estrosi demande l'annulation du colloque pour respecter une prétendue mémoire des rapatriés et

des harkis dont il se sent l'unique dépositaire.

La LDH, en parfait accord avec la conception qu'elle a de la démocratie, est attachée à l'expression

de l'histoire dans sa complexité et ses contradictions. Elle ne fait donc pas de la Guerre d'Algérie,

l'occasion d'une manoeuvre électoraliste et clientéliste. Elle est partie prenante du colloque organisé

à Nice, comme elle participera en mars prochain à celui d'Evian, qui analysera dans une

perspective historique les accords qui pont mis fin à la Guerre d'Algérie.

La LDH considère, Monsieur le Ministre, que le maire de Nice porte l'entière responsabilité des

événements qui pourraient avoir été suscités par sa démarche. Il sera comptable de fait s'il se

trouvait que des personnes se sentent autorisées à s'opposer par la force à la tenue d'un colloque

que lui-même sait ne pas pouvoir interdire par la loi.

Comptant que vous prendrez toutes les dispositions pour que la liberté d'expression ne soit pas

entravée à Nice, veuillez croire, Monsieur le Ministre, en notre respect des principes

démocratiques.

Pierre Tartakowsky

Président de la Ligue des droits de l’Homme

 

 

Voici le compte-rendu dans le quotidien local Nice-Matin.

Rapatriés : colloque sous tension à Cimiez
Publié le dimanche 12 février 2012 à 08h45
     De vifs échanges ont opposé les militants de la LDH aux anciens partisans de l’Algérie française. Photo Iannis Benahmed Colloque-sur-la-guerre-d-Algerie-jpg
Des historiens, invités par la Ligue des droits de l’Homme, ont été apostrophés par des nostalgiques de l’Algérie française

On ne pourra plus prétendre que les nostalgiques de l'Algérie française manquent d'humour. Hier matin, dans la salle du Claj (1) où la Ligue des droits de l'Homme (LDH) organisait un colloque sur la fin de la guerre en 1962, ils s'étaient tous regroupés… à l'extrême gauche.

Dans le coin opposé, à portée d'invectives, des dizaines de militants de la LDH, du Mrap (2), des élus communistes et des délégués syndicaux parés à la joute verbale.

Un cocktail détonant - garant d'un débat sous tension.

Et tension il y a eu !

Denise Vanel, présidente de la section niçoise de la Ligue des droits de l'Homme, n'a que le temps de remercier les« associations » et les« historiens présents ». Déjà, une silhouette se dresse et éructe :« Et l'association des égorgeurs ? Historiens de mes couilles ! »La présidente s'étrangle. « Vous pourrez vous exprimer plus tard. Pour l'instant, je vous demande de vous taire !»

« Les fachos, dehors ! »

Un premier intervenant, Gilles Manceron, tente d'expliquer « pourquoi une issue pacifique comme en Afrique du Sud n'a pas été possible. » Il met en cause « l'attitude de l'OAS. » Ses propos suscitent un tollé.

« Vous racontez n'importe quoi,s'indigne un retraité au regard noir. L'agresseur, c'était le FLN. Ses membres n'étaient pas des enfants de chœur ! »

« Comparer avec l'Afrique du Sud, c'est n'importe quoi, vocifère un autre. En Algérie, c'était une guerre de religion ! »

Dans la salle, des voix exigent le silence. Une dame s'exclame : « Les fachos, dehors ! »Un homme s'étonne : « Pourquoi fachos ? On est des fachos parce qu'on n'est pas d'accord avec vous ? »L'arrivée d'Abdelmadjid Merdaci, maître de conférence à l'université de Constantine, est saluée par des sarcasmes. « Manquait plus que les fellaghas, grince un vieillard.Pensez à nos parents qui ont été égorgés par le FLN… » Réplique du tac-au-tac de l'universitaire algérien : « Le monopole de la douleur n'appartient à personne ! » « Toute cette haine, un demi-siècle après, ce n'est pas croyable,soupire Denise Vanel. Et dire que le maire de Nice les soutient(3). C'est pitoyable. »Les débats se sont ensuite poursuivis, dans un climat plus appaisé, jusqu'en fin d'après-midi.

1. Club de loisirs et d'action de la jeunesse de Cimiez.

2. Mrap : mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples. 3. Christian Estrosi a demandé à la LDH « de surseoir, dans un esprit [...] d'apaisement, à la tenue de ce colloque. »La LDH a répondu qu'elle ne reculerait pas « devant une telle intimidation ». (Lire notre édition de vendredi)

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