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Le blog de Lucien PONS

Dans les accords de dupes sur la "fléxisécurité", seule une mobilisation massive des salariés pourrait espérer obtenir des concessions significatives.

13 Janvier 2013 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Le syndicalisme

Seule une mobilisation massive des salariés pourrait espérer obtenir des concessions significatives.
 
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Pour le MEDEF, la meilleure façon de réduire le chômage, c’est de faciliter les licenciements. L’idée, derrière cette formule contradictoire, est que le travailleur pleinement « flexible », que l’on peut embaucher et renvoyer à volonté, qui ne peut rien revendiquer de peur de perdre sa place, est beaucoup plus « intéressant » pour le capitaliste. L’attitude implacable du MEDEF dans la soi-disant « négociation » en cours avec les syndicats, sur le « marché du travail », montre le vrai visage – totalement réactionnaire – des capitalistes qu’il représente.
 
Si le patronat parvenait à réduire l’ensemble des salariés à cet état de précarité absolue, il est en effet possible – mais non certain – que le nombre de « chômeurs » à strictement parler, c’est-à-dire ne travaillant pas du tout, serait moins élevé ou en tout cas augmenterait moins vite. Mais ce serait au prix de voir exploser le nombre des salariés ne trouvant pas assez de travail. Quoi qu’il en soit, l’objectif du MEDEF est clair : en finir avec le CDI et lever toutes les dispositions légales du CDD qu’il juge « contraignantes ».
 
Scandaleusement, le gouvernement a accepté l’argument du MEDEF selon lequel le « coût du travail » est trop élevé en France. En sommant le MEDEF et les syndicats de trouver un accord « gagnant-gagnant » pour réduire ce « coût », il demande l’impossible. Les intérêts des salariés et des employeurs sont diamétralement opposés. La CGT exige plus de sécurité d’emploi pour les salariés. Le MEDEF veut le contraire. Hollande misait sur l’extrême « modération » de la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC pour faire aboutir un accord. La direction de la CFDT, par exemple, serait tout à fait disposée à capituler – une fois de plus – face aux exigences du patronat. Tout ce qu’elle demande, c’est un petit geste, en retour, lui permettant de sauver la face. En vain. Le MEDEF est implacable. Parisot déclare que sans une réforme du marché du travail, le chômage augmentera davantage. Bernard Thibault a raison de rejeter ce chantage patronal. « Nous n’accepterons pas […] plus de flexibilité, plus de sacrifices pour les salariés au nom d’hypothétiques créations d’emplois futurs ».

 
Il doit être évident qu’aucune « négociation » avec le MEDEF ne débouchera sur des créations d’emploi, une amélioration des conditions de travail ou de meilleurs salaires. Surtout, à ce stade, il faudra éviter de gaspiller l’énergie des militants dans l’organisation de « journées d’action » ou de « grèves générales » à répétition n’impliquant qu’une petite minorité des syndiqués. Cette méthode ne sert à rien. Elle est même contre-productive, à bien des égards.
 
La classe capitaliste et ses représentants politiques se moquent de telles « journées ». Seule une mobilisation massive des salariés pourrait espérer obtenir des concessions significatives. C’est une mobilisation véritablement générale autour d’un programme général qui est nécessaire. Mais une mobilisation de grande ampleur ne peut pas être décrétée d’en haut. Elle a besoin d’être préparée sérieusement par une campagne expliquant – aux travailleurs de tous les secteurs de l’économie – à la fois les objectifs communs et les méthodes de lutte nécessaires. Cela prendra du temps. Mais il n’y a pas de raccourci possible.

 
La CGT, en particulier, a un rôle crucial à jouer dans la période à venir. Il faut dire la dure vérité aux travailleurs. Dans le contexte actuel, les capitalistes ne seront jamais convaincus par la force des arguments. Aucun défilé ne les forcera à renoncer à leurs intérêts fondamentaux. La CGT et l’ensemble du mouvement syndical doivent donc se doter d’un programme offensif qui frappe au cœur du système. Parmi les points clés de ce programme devraient figurer une augmentation importante des salaires et des allocations chômage, des embauches et titularisations massives dans la Fonction Publique, la transformation des emplois précaires en emplois stables, la nationalisation – sans indemnisation des gros actionnaires – de l’intégralité du secteur bancaire, ainsi que de toutes les entreprises menacées de fermeture, de délocalisation ou dans lesquelles des suppressions d’emplois importantes sont envisagées, que ce soit Petroplus, ArcelorMittal ou PSA.

 
La CGT a besoin d’une direction nationale qui s’efforce de convaincre de larges masses de travailleurs du bien-fondé de ce programme – et qui s’efforce de préparer des actions de masse pour l’imposer. Cela signifie convaincre les travailleurs d’EDF, de GDF, de la SNCF, des aéroports, des ports, des transports routiers, de France Télécom, des administrations et services publics, etc. Nous devons parvenir à impliquer les travailleurs de ces secteurs clés de l’économie dans une action concertée sur une plateforme commune militante et offensive. La peur doit changer de camp.
 
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