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Le blog de Lucien PONS

Face à l'Europe, l’action syndicale ne saurait se dissocier des autres dimensions de l’action citoyenne dans le cadre de la République.

13 Janvier 2013 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Le syndicalisme

Face à l'Europe

 

 

Anticasse1-copie-1.jpgL’Anti-Casse, le nouveau journal de la CGT Cochin, ne s’adresse pas seulement à nos syndiqués, mais aussi à tous nos collègues de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), et au-delà à toutes celles et tous ceux qui nous rejoignent dans les luttes. Il a pour but de vous informer non seulement sur la situation locale, mais s'ouvrira aux questions sociales et politiques, aussi bien nationales qu'internationales.

Pour la CGT Cochin, l’un des syndicats les plus forts et les plus actifs de l’AP-HP, l’action syndicale ne saurait se dissocier des autres dimensions de l’action citoyenne dans le cadre de la République : l’action syndicale se doit d’être tout à la fois sociale, économique, politique, culturelle et idéologique. C’est pourquoi les articles de l’Anti-Casse, quel que soit le sujet, sont généralement mis en relation avec un contexte plus général dans lequel ils prennent toute leur signification.

Cela veut dire que ce que nous avons à subir quotidiennement sur notre lieu de travail: les sous-effectifs, les pressions continuelles, les décisions iniques prises à tous les niveaux de l’administration, la dégradation de nos conditions de travail et la baisse continue de notre pouvoir d’achat..., tout cela ne peut s’analyser et se comprendre que si on le rapporte aux politiques mises en place par les gouvernements, et plus exactement aux choix politiques de nos gouvernants. Un système économique et ses conséquences (et notamment la « crise » dont on nous rebat les oreilles) sont toujours le résultat de choix faits par les hommes politiques, ils en sont directement responsables et nous ne devons pas accepter qu’ils se dédouanent en invoquant de quelconques « nécessités économiques » nationales ou internationales. C’est toujours au nom d’un prétendu « réalisme » qu’ils nous dépouillent chaque jour un peu plus…

 

Nous essaierons de faire en sorte que l’éventail des articles de l’Anti-Casse soit aussi large que possible, et que les sujets en soient variés, malgré la place restreinte dont nous disposons. L’Anti-Casse en effet se doit de refléter la CGT Cochin : multiculturelle et diverse, mais unie autour d’un même objectif, la lutte contre un système qui s’attaque chaque jour un peu plus à l’immense majorité des citoyens. Mes camarades m’ayant fait l’honneur de me confier la direction de ce journal, il m’a aussi semblé nécessaire de l’ouvrir à des intervenants extérieurs à notre communauté hospitalière : militants politiques et syndicaux, bien sûr, mais aussi artistes, écrivains, poètes, bref à tous ceux qui nous rejoignent dans notre combat.

Nous subissons depuis plusieurs décennies l’assaut violent du patronat contre les populations européennes, dont entre autres les travailleurs font les frais en France. A travers l’Union Européenne, véritable machine de guerre mise en place par le patronat, ils s’attaquent à tous les droits et les acquis, gagnés jadis de haute lutte par les travailleurs et qui avaient été instaurés par le Conseil National de la Résistance (CNR). Ils prétendent que les citoyens doivent « faire des sacrifices » parce que, disent-ils, « c’est la crise ». En vérité, si c’est bien la crise pour nous, ça n’est pas la crise pour eux ! Lorsque le CNR avait - pour ne citer que ce seul exemple - établi la Sécurité Sociale avec la prise en charge des soins pour tous selon les besoins, la situation économique de la France était autrement plus inquiétante qu’aujourd’hui, car au sortir de la guerre notre pays était entièrement ravagé. La grande différence, c’est qu’à l’époque le grand patronat n’avait pas eu son mot à dire parce qu’il avait honteusement collaboré avec l’ennemi nazi.

Aujourd’hui, nos gouvernements libéraux s’agenouillent devant ce même patronat, devant les banquiers et les financiers, et on voit le résultat ! L’organisation récente par le gouvernement Hollande d’une « conférence sociale » est significative à cet égard puisque le thème en était de savoir « comment baisser le coût du travail ». Baisser le coût du travail, ça n’a qu’une signification : comment payer moins ceux qui produisent les richesses et augmenter les profits des patrons. Pour la CGT Cochin, aucun responsable syndical n’aurait dû accepter de participer à cette farce démagogique…

Evidemment, ça fait désordre de baisser directement nos salaires, alors nos gouvernants libéraux ont toujours recours aux mêmes méthodes : augmenter les taxes et impôts indirects (TVA, impôts « sociaux », retrait d’un jour de RTT donc nous faire travailler gratuitement toute une journée...). C’est ce qu’ont fait les gouvernements depuis des décennies, et c’est ce que continue à faire Hollande. Ceci revient en réalité à diminuer notre pouvoir d’achat : avec un même salaire, on achète moins de choses. Autrement dit, notre salaire réel diminue.

Mais les patrons, dont l’humanité s’arrête à leur portefeuille, sont insatiables ! Dans le même temps, une ristourne de 30 milliards d’euros a été accordée aux entreprises, sous prétexte, nous dit-on, de favoriser des maintiens et des créations d’emplois. C’est dire qu’on prend les citoyens pour des imbéciles ! Tous les gouvernements ont fait des ristournes aux patrons avec toujours ce même objectif officiel de favoriser l’emploi, et à chaque fois, sans exception, le résultat a été le même : les patrons se sont enrichis, le chômage a augmenté…

De plus, ce sont nous, les citoyens, qui paierons la note d’une façon ou d’une autre, avec bien sûr des impôts et taxes indirects… Il est à parier par exemple que dans peu de temps on nous annoncera que le déficit de la Sécurité Sociale s’est accru, que des soins et des médicaments seront moins ou plus du tout remboursés, avec à la clef une augmentation des cotisations des mutuelles. Que par conséquent nous prendrons toujours plus en charge nous-mêmes notre santé. Pour nous baisse de pouvoir d’achat, donc baisse de salaire réel; pour les laboratoires pharmaceutiques et les mutuelles privées augmentation des profits, pour le gouvernement couverture de ces 30 milliards payés aux patrons avec nos impôts.

 

Nous ne devons jamais oublier une chose : c’est que le but des patrons, des financiers et des banquiers, est toujours le même quelle que soit l’époque : engranger un maximum de profits, donc nous faire travailler le plus possible pour les salaires les plus bas possibles.C’était le cas des patrons qui ont jadis collaboré sans état d’âme avec les nazis, c’est le cas aujourd’hui avec ceux qui pillent les nations en s’appuyant sur l’Union Européenne.

La France est particulièrement visée, car ses institutions, issues de la Révolution française, sont incompatibles avec cette Union Européenne capitaliste. D’où la nécessité pour l’Union Européenne de s’attaquer par exemple à nos services publics, qui sont les moyens mis à la disposition de notre République pour assurer l’égalité entre les citoyens. En effet, le service public républicain doit permettre à tout citoyen, où qu’il se trouve sur le territoire de la République, de bénéficier de services de qualité égale financés par nos impôts. Aujourd’hui cette notion républicaine a complètement été dévoyée par les libéraux, de droite comme de gauche, qui privatisent à tout va. Ils privatisent ce que nous avons payé, ce qui appartient en fait à tous les citoyens. Quand ils privatisent tout ou partie des hôpitaux, ce sont nos hôpitaux qu’ils offrent aux patrons. Quand ils privatisent tout ou partie des transports, ce sont nos trains et nos bus qu’ils bradent au plus offrant. Car Les patrons n’ont pas besoin d’égalité. D’ailleurs que signifient pour eux et pour les gouvernements à leur solde la devise « liberté, égalité, fraternité » ?

Liberté : liberté d’entreprendre et d’exploiter pour eux, réduction des libertés individuelles pour  nous…

Egalité : égalité des travailleurs devant les fins de mois difficiles (il n’y a jamais eu autant de pauvres en France depuis la dernière guerre), devant l’avenir incertain, la soumission aux gardes chiourmes dans les entreprises, etc., tandis qu’eux se gobergent et accroissent leurs profits…

Fraternité : ils divisent les citoyens en favorisant le communautarisme et le racisme, en laissant de plus en plus les plus démunis se débrouiller seuls, etc.

 

En France, les gouvernements se sont engagés les uns après les autres dans la voie de la collaboration et de la trahison. Ils trahissent les citoyens et la nation en engageant toujours plus notre pays dans cette Union Européenne capitaliste et perverse.

Pour la CGT Cochin, et pour un grand nombre de syndicalistes, ce n’est pas de cette Europe-là, ce n’est pas de ce système-là que nous voulons. Nous voyons tous les jours, dans notre hôpital Cochin et ailleurs, les ravages causés par cette politique libérale. Nous voyons et défendons tous les jours des travailleurs atteints dans leur vie familiale et professionnelle et parfois même, trop souvent, dans leurs chairs, par les méfaits causés directement ou indirectement par les politiques mises en place au nom du seul accroissement des profits.

Les nouvelles organisations de travail, les horaires qu’on nous impose, les surcharges de travail dans les services, la dégradation des conditions de travail, tout cela découle d’une façon ou d’une autre de ces choix politiques décidés au niveau de l’Europe libérale et relayés avec la complicité de nos gouvernements.

 

La CGT Cochin est aujourd’hui assez forte (et comme telle attaquée de toutes parts) pour défendre efficacement nos collègues de l’hôpital Cochin. Elle met en échec le credo libéral qui prône la réduction de personnel, puisqu’au cours des dernières années c’est la seule organisation syndicale qui ait obtenu par la lutte des créations de postes à Cochin !

 

Pour la CGT Cochin, il est hors de question de collaborer à cette Union Européenne, si contraire aux intérêts de tous les travailleurs. La CGT Cochin milite pour l’instauration d’une société plus juste et plus égalitaire, pour la défense de nos libertés, pour la répartition équitable des richesses - que nous produisons avec notre travail et qui nous sont confisquées par le patronat et la finance, avec la complicité active de l’establishment politique.

La CGT Cochin combat cette Europe-là, parce que sous couvert « d’unir l’Europe pour éviter le retour des guerres », c’est en réalité à une véritable guerre, économique, sociale, idéologique, qu’elle se livre contre tous les citoyens européens.

 

Bernard Giusti

http://www.frontsyndical-classe.org/article-face-a-l-europe-114327244.html

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