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Le blog de Lucien PONS

FAUT-IL FAIRE SAUTER BRUXELLES...? [petit compte rendu de la réunion publique du 30 avril 2014]

3 Mai 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Les élections européennes de mai 2014.

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FAUT-IL FAIRE SAUTER BRUXELLES...? (petit compte rendu de la réunion publique du 30 avril 2014, à l'ENS, avec Jacques Généreux, François Ruffin, et Emmanuel Todd)

Dans une salle de l'Ecole Normale Supérieure pleine à craquer, des gens assis par terre, d'autres debout, d'autres aussi écoutant à l'extérieur de l'amphi (500 personnes au total), les 3 intervenants -Jacques Généreux, François Ruffin et Emmanuel Todd, étaient réunis en principe pour répondre à la question : « Faut-il faire sauter Bruxelles » ? Mais, disons-le tout de suite, la réponse a été d'entrée de jeu : « C' EST ÉVIDENT ! » Et donc, tout le débat a tourné « sur la façon » de dynamiter Bruxelles, ce qui, évidemment, déplace le sujet, pour notre plus grand plaisir...

D'emblée, je précise qu'il n'y avait pas de caméras, et qu'il n'existe donc aucune vidéo de cette réunion : voilà pourquoi j'ai pris un maximum de notes, afin de rendre compte fidèlement de ces 3 interventions.

1°) François RUFFIN [Fakir] :

François RUFFIN a parlé le premier : selon lui, oui, il faut faire sauter Bruxelles. Mais comment remettre l'Histoire en marche, arrêtée, un beau jour de 1983, avec le tournant de la rigueur et le refus du protectionnisme national. Depuis 30 ans, on ne fait que s'adapter à la mondialisation. On aurait pu espérer que la crise de 2008 montre que la mondialisation, ça ne marche pas. Mais, comme a dit élégamment Trichet, interviewé un jour par François Ruffin, « L'Europe, c'est une fenêtre d'opportunité pour avoir plus de pouvoirs »...

Pour modifier les traités européens, il faut en principe la majorité des états membres. Or, comme chacun sait, aucune décision historique n'a été prise à la majorité des états européens : la prise de la Bastille, le Serment du jeu de paume, la Révolution Française...Sortir de la résignation, se révolter, est déjà un miracle : si on doit attendre que ce miracle se reproduise dans les 28 pays de la communauté européenne, on aura tous une longue barbe blanche...Ce miracle en peut pas se reproduire dans 28 pays : il faut donc donner l'exemple et agir individuellement, en espérant que son exemple fasse tache d'huile : il faut donc sortir de l'euro, en espérant que d'autres suivent...

2°) Jacques GÉNÉREUX [Parti de Gauche]:

Jacques GÉNÉREUX lui a répondu : « Pourquoi il faut faire sauter Bruxelles ? Parce que ça ne marche pas. Même les gouvernements conviennent que ça ne va pas. Il n'y aura pas d'issue sans un choc politique. Quand l'Europe fait le choix de la libre concurrence, les gouvernements ne peuvent plus pratiquer de politiques autonomes. Avec la décision de libéraliser le marché des capitaux, ce sont les marchés, qui dictent leur politique économique aux gouvernants. L'Allemagne fait le choix de la lutte contre l'inflation, ce qui nous oblige à pratiquer la même politique.

Afin d'interdire toute politique sociale, on a inventé l'obligation d'une stabilité budgétaire. La gauche, qui voulait en principe une Europe sociale, a cessé de livrer bataille, et s'est convertie au modèle libéral le plus dur. Ce sont les social-démocraties européennes qui ont installé l'Europe libérale. L'Europe libérale n'a pas réussi à détruire le modèle social européen, seulement des pans entiers. Elle n'y arrive pas, à la différence des Etats Unis, où c'est pire encore... ! En réalité, rien n'empêche un Etat de s'endetter. Dire qu'on va supprimer la souveraineté budgétaire de chaque pays est inapplicable, sauf à faire une dictature.

Il faut créer un choc politique, qu'un pays prenne l'initiative de tout bousculer, sans sortir formellement de l'euro, en désobéissant aux traités. Selon lui, l'euro ne supprime pas la souveraineté budgétaire, car, nonobstant les textes des traités, chaque état fait ce qu'il veut. Il peut donc ne pas appliquer ce qu'il y a dans un traité. La France peut mener une politique de déficit budgétaire. Si un Etat le veut, il peut dépenser 300 milliards pour nationaliser Alstom par exemple. Les gouvernements ne le veulent pas, à commencer par Valls et Hollande totalement incompétents. Désobéir à Bruxelles, c'est une façon de faire sauter Bruxelles, de sortir de l'euro, sans le faire formellement. C'est une façon d'envoyer un message à tous les autres états européens : « nous ne voulons pas de cette construction européenne libérale, nous voulons une remise à plat de tout », et donc, de réinventer une nouvelle Europe...

1°)- D'abord, parce qu'on s'expose à des sanctions du Conseil Constitutionnel, comme l'explique Jacques Sapir dans sa lettre ouverte à Guillaume Etiévant du 1er mai (à lire sur ce blog). Demander une modification des statuts de la BCE supposerait d'abord d'avoir l'accord des autres états. Et surtout de se confronter à la censure du Conseil Constitutionnel français, car certains points du traité ont été inscrits dans la Constitution de 1958. « Désobéir » relève du slogan, mais c'est impossible à faire sur le plan juridique, sauf à s'exposer à de graves sanctions de la part d'une instance juridique nationale, le Conseil Constitutionnel.

2°)- Au-delà du problème juridique, il existe un autre problème. Je fais de la politique depuis l'âge de 17 ans : j'ai appris, que pour convaincre, il faut proposer aux gens des choses simples : on est POUR ou on est CONTRE. Donc, si on est CONTRE l'Europe, on en sort, point barre. La position de Généreux, quand bien même elle serait juridiquement possible, est totalement incompréhensible pour le commun des mortels : voilà pourquoi je préfère la position de Frédéric LORDON, précisée dans "La Malfaçon" (et celle de François RUFFIN, dont les arguments sont excellents), consistant à sortir de l'euro et de l'Europe, en espérant que cette position fasse « tâche d'huile »...

Mais je pense que dans ce débat sur le sortie de l'euro, on avance : aujourd'hui, il existe un consensus général pour sortir de l'euro : tout le débat est sur la manière...

 

3°)- Emmanuel Todd :

Emmanuel TODD est parti de constats généraux, selon lequel le protectionnisme européen, c'était du pipeau. Qu'il n'y avait plus de pilote dans l'avion. Et que l'on observait un vieillissement de l'âge électoral peu favorable aux idées de la gauche critique. Le pouvoir n'est plus à Bruxelles mais à Berlin.

 

L'Europe est devenue un gigantesque cafard, par allusion au livre de KAFKA, « La métamorphose », où un homme ordinaire se réveille un matin, transformé en monstre. Comme il est loin l'idéal européen de « nations libres et égales entre elles », alors que la construction européenne est férocement hiérarchique.

 

L'Allemagne s'en sort, uniquement parce qu'elle ne joue pas totalement le jeu du libéralisme. Contrairement au grand rêve européen de « convergence », les états ne cessent de diverger.

 

Todd a trouvé Jacques Généreux « super mou », dans son refus de sortir de l'euro (sur ce point, ce dernier lui a répondu, voir première partie). Selon Todd, avec l'euro, il n'y a plus d'autonomie budgétaire des états. Pour lui, « l'idée selon laquelle on pourrait être radicaux sans sortir de l'euro, c'est du vent » (sic) : une phrase qui a été très applaudie dans la salle.

 

Todd a ensuite parlé de l'Ukraine et des pays de l'est, estimant qu'avec les Etats-Unis, la Russie avait encore la possibilité d'avoir une Histoire, un avenir intéressant. Le taux de chômage est de 4% an Russie. C'est la crise ukrainienne qui emportera le système européen...

 

Source : Brigitte Pascall - FACEBOOK

http://www.communcommune.com/article-faut-il-faire-sauter-bruxelles-petit-compte-rendu-de-la-reunion-publique-du-30-avril-2014-123508621.html


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