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Le blog de Lucien PONS

Grèce : chronique d’un système de santé en chute libre.

5 Décembre 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Grèce

Bonjour.

 

La résistance du peuple grec est exemplaire et pourtant la troïka ne pense qu'à lui imposer de nombreux sacrifices. La santé publique pose un problème sérieux dans ce pays volontairement ruiné et pillé par la ploutocratie européiste qui prétend imposer ses recettes ultralibérales à tous les pays européens.

 

 L'ONG "Médecins du Monde" autrefois intervenait en Grèce seulement auprès de la population immigrée ultra pauvre, aujourd’hui la moitié de ses interventions sont destinées à la population grecque.

 

Il est clair pour tout le monde que la barbarie imposée à la Grèce constitue le laboratoire ultralibéral en Europe et particulièrement dans la zone euro. Lors du premier "plan de sauvetage" en 2010 le déficit public grec représentait 120% du PIB. Aujourd'hui, après je ne sais combien de mesures visant à améliorer la compétitivité de ce pays et après avoir fait des coupes sombres dans les salaires, les retraites, les services publics, etc...,  afin de réduire le coût du travail, le déficit représente environ 180% du PIB. La richesse produite a reculé de 20% par rapport à 2010.

 

Les gangsters en col blanc, la mafia encravatée de Bruxelles, osent affirmer qu'il faut continuer les "réformes structurelles " afin de ramener le déficit public à 120% du PIB en 2015 ou peut-être en 2020! Pour ces surdiplômés, tous sortis des grandes écoles ou des grandes universités, une question se pose: Soit ils sont complètement idiots, Soit ils mettent au point un plan coordonné afin de réduire la population européenne à l'esclavage.

 

Je ne pense pas personnellement qu'ils soient devenus spontanément idiots. La deuxième solution doit donc être envisagée. Dans la course folle au niveau mondial pour les profits maximums, il faut toujours qu'ils abaissent le coût du travail afin d'affecter la richesse produite prioritairement aux détenteurs de capitaux, leurs maîtres.

 

Dans certains pays de l'Union Européenne, je pense à la Bulgarie et à la Roumanie, le salaire horaire est de quelques euros, je crois que dans certains cas il est de 1 euros de l'heure. Dans la Grande Allemagne que l'on nous cite toujours en exemple, il y  a aussi des salariés à temps partiel et sans contrat, payés 1 euro de l'heure, ce sont souvent des femmes seules!  

 

Les firmes françaises Renault et Peugeot, ont délocalisé leur production dans les deux pays précédemment cités. Elles peuvent à nouveau être plus compétitives sans toucher aux marges bénéficiaires versées aux actionnaires. Je crois même qu'en Bulgarie un projet d'usine intégrée est prévu. Les ouvriers seront logés sur le lieu de travail dans des baraquements aménagés à cet effet afin qu'ils soient disponibles et corvéables à merci pour quelques euros mensuels. Ces camps de travail vont permettre d'améliorer la compétitivité de ces géants de l'automobile.

 

Les travailleurs grecs devant le désastre imposé à leur pays sont obligés d'émigrer vers des cieux plus cléments. En France, à l'aéroport de Nice, une compagnie aérienne Low Coast emploie déjà des travailleurs grecs au tiers du salaire négocié pour la profession. Cette merveille européenne est possible grâce à la fameuse directive Bolkestein. Cette dernière bien que rejetée au parlement européen en séance plénière à Strasbourg en mai 2006, est réapparue sous un autre nom, "La directive service", et n'a plus posé de problème car elle n'a plus été négociée globalement au parlement. La fameuse méthode "des petits pas" a réussi à faire accepter sans encombre, en plusieurs fois, cette directive honnie rejetée par les peuples.

 

La Résistance en Grèce, en Europe, en France est plus que jamais vitale afin d'échapper aux mâchoires de ce monstre froid qui s'appelle "Mondialisation libérale".

 

Bien cordialement.

 

Lucien PONS                                              

 

 

 

Mardi 4 décembre 2012 http://www.resistance-politique.fr/

Helena Dimitriadis est dans une position intéressante. Sept mois. Des jumeaux. Elle avoue, tristement : « les neuf cents euros à payer pour les examens et l’accouchement, je ne les ai pas ». Elle s’est levée ce matin à six heures et demie, a pris le tramway et est désormais en pole-position dans la queue qui s’étale devant la porte de l’hôpital tenu par Médecins du monde. Le serpent humain, derrière elle, est long et coloré. Deux cents personnes sont en attente d’une visite ou d’une vaccination… gratuite. C’est l’avant-garde de ce million et deux cent mille damnés qui, fautifs d’avant été privés d’emploi depuis plus d’un an en Grèce (et en Europe) ont perdu le plus élémentaire des droits : celui de se soigner.

« Vous voyez tous ces gens ? », demande, amère, Nikita Kasaris, investie bénévolement à Médecins du monde. « C’est une catastrophe humanitaire. Chaque jour qui passe, la queue est plus longue ». La troïka a allumé le feu du dramatique déficit grec. Mais à l’écart de la lumière faite sur la crise financière se consume une tragédie silencieuse où les dommages ne se comptent pas en euros mais en vies humaines. De l’argent, en Grèce, il n’y en a plus. « Et être pauvre et malade est aujourd’hui en Grèce une Odyssée », assène Benédiktos.

L’austérité a contraint le gouvernement à réduire de 15 à 11,5 milliards sur trois ans les fonds destinés à la santé. Objectifofficiel : réduire les gaspillages dans un système où se faire opérer nécessite un pot-de-vin (fakelaki) allant de 150 à 7.000 euros (données Transparency International) quand les fournitures hospitalières coûtent près du double du reste de l’Europe. Mais les résultats n’ont pas été au rendez-vous. « Nous avons déclenché une véritable bombe à retardement », assure Katerina Kanziki, infirmière volontaire à l’hôpital de Psiri. « Nos pharmacies ont épuisé les stocks d’une centaine de médicaments de première nécessité, parmi lesquels l’insuline et les antihypertenseurs. Les antiviraux, indispensables aux malades atteints du sida, vont commencer à manquer et nous n’avons pas les moyens d’en commander ». La situation a fait l’objet de comptes rendus au ministère de la santé. Thomas Zelznitas, représentant du personnel de l’hôpital Geniko Kratico, ajoute : « nous sommes sans seringues, ni gants chirurgicaux, ni coton pour opérer les gens ».

Des appels voués à tomber à l’eau. L’État verse avec retard les salaires des médecins et de nombreuses multinationales ont suspendu ou ralenti les approvisionnements de pharmacies car la Grèce n’honore pas ses dettes sanitaires (les laboratoires Merck l’ont fait même avec un anti-cancer…). Les résultats sont prévisibles : on assiste à la recrudescence de virus et de maladies qui touchent les plus faibles (dans l’est de l’Attique est même réapparue après des décennies une forme endémique de malaria). « Il y a trois ans, nous ne voyions que les immigrés », constate Kasiris. « Aujourd’hui, une bonne moitié des patients de Médecins du monde est grecque ». Christos Kasirs, appuyé sur sa canne de cyprès devant la pharmacie de la place Dragatsaniou à Athènes, est une des victimes collatérales de ce désastre : « regarde, marmonne-t-il en fronçant ses sourcils blancs, soixante-quinze euros pour douze comprimés ». Il ne peut pas se passer d’antiarthritiques. « Sans eux, je ne peux même pas me lever du canapé ». Le problème est que son ordonnance ne vaut pas grand-chose  le gouvernement ne rembourse pas les pharmacies. Ces dernières font alors payer le prix fort au patient.

« Je n’ai pas le choix ! », s’écrit Maria Hatzidimitriou, pharmacienne, la soixantaine, qui vient de faire payer les antiarthritiques à Christos. « Qu’est-ce que vous croyez ? Cette situation ne me convient pas. Ceux qui en ont vraiment besoin peuvent faire crédit. Mais l’État me doit 40.000 euros. Si les choses ne s’arrangent pas, je mettrai la clé sous le paillasson ». C’est arrivé à nombre de ses confrères qui ont vu ces derniers mois leur officine saisie par les banques.

« C’est vrai, les choses vont mal. Mais nous essayons de remettre sur pied un système qui était en passe de s’effondrer », dit de son bureau avec vue sur la mer Égée Michael Theodorou, numéro un d’Evangelismos, le plus grand hôpital du pays. « Regardez nos comptes : en 2009, nous dépensions 157 millions. Aujourd’hui, nous sommes descendus à 113, sans avoir empiété sur les services et la qualité des soins. Un miracle ? Non. Il suffit de donner du bistouri là où les gaspillages sont le plus visibles. Il y a trois ans seulement, le corps médical prescrivait les médicaments les plus coûteux. Aujourd’hui, le choix se fait systématiquement parmi les génériques. Et les résultats ne tardent pas à se faire sentir : le coût des médicaments est passé en deux ans de 39 à 26 millions d’euros, malgré l’augmentation de 20 % du nombre de patients ».   

Dommage que ça n’ait pas suffi à éradiquer les dépassements illégaux d’honoraires. « Que dois-je faire ? Ils m’ont réduit mon salaire de 1.300 à 900 euros, admet un pédiatre de l’hôpital.  Et j’ai un prêt à rembourser. Alors, je soigne au noir de nombreux patients… ». 

Une vieille histoire… Lorsque les agents du fisc d’Athènes ont passé aux rayons X les 150 médecins du quartier de Kolonaki, l’un des plus huppés de la capitale, ils ont découvert, sans surprise à vrai dire, que plus de la moitié d’entre eux déclarait moins de 30.000 euros annuels.

En Grèce, le système de santé est en chute libre. Son niveau d’endettement en fait un cas emblématique au niveau européen. C’est en son nom que le capital exige de la part des travailleurs d’énormes sacrifices. À Athènes comme ailleurs en Europe, le gouvernement promet de faire payer au plus grand nombre la dette publique, qu’il a pourtant délibérément creusée par ses cadeaux fiscaux aux plus riches et le renflouement inconditionnel de banques aux abois. La crise, loin d’être jugulée, sert d’alibi pour amplifier les coupes sombres. Certains, par opportunisme, par défaut de clairvoyance ou tout simplement par intérêt de classe, préconisent d’avoir recours à l’Union européenne ou à la banque centrale européenne pour sortir de la crise… alors que ces organismes sont des facteurs aggravants. On ne sort pas des malheurs du capitalisme avec davantage de capitalisme.

 

Capitaine Martin

 

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