Grèce : « Le peuple n’oublie pas, les fascistes, il les pend ». Le Courrier des Balkans.
Par Ermal Bubullima.
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- Killah P.
La Grèce s’enflamme de nouveau. Dans la nuit de mardi à mercredi, cinq jours après l’attaque de colleurs d’affiches du parti communiste grec (KKE) par des militants du parti néonazi Aube dorée, Pavlos Fyssas, un musicien âgé de 34 ans connu pour son engagement dans le mouvement antifasciste, a été tué à coups de stylet par un membre d’Aube dorée.
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Plus tôt dans la journée, environ 20.000 fonctionnaires de la santé et de l’éducation défilaient pour protester contre une réforme brutale du secteur public.
Pavlos Fyssas, plus connu sous son nom de scène Killah P., était un rappeur antifasciste, membre du syndicat des ouvriers de la métallurgie. Mardi soir vers 23 heures, il regardait avec sa compagne et des amis le match Olympiakos-PSG dans un café de Kératsini, un quartier populaire du Pirée. Un commentaire sur Aube Dorée a suffi pour mettre le feu aux poudres. Peu après la fin du match, une vingtaine de personnes appelées en renfort ont pourchassé la victime et ses amis en les insultant. Poignardé au ventre et près du cœur, Pavlos Fyssas est décédé une vingtaine de minutes plus tard avant d’arriver à l’hôpital.
Ses proches accusent la police, qui était sur place, de n’avoir rien fait pour protéger la victime. Seule une jeune policière a eu le courage d’intervenir et d’arrêter l’agresseur que la victime a eu le temps de désigner avant de perdre conscience. L’homme, Yorgos Roupakias, 45 ans, a reconnu les faits et confirmé son appartenance à Aube dorée. Le parti, connu pour ses attaques racistes et dont plusieurs de ses députés sont poursuivis pour violence, a démenti dans un premier temps toute implication, mais il a fini par reconnaître l’affiliation du meurtrier au mouvement.
Mercredi, les manifestations à la mémoire du rappeur ont viré à l’émeute. À Athènes, Salonique et Patras, plusieurs milliers de militants d’extrême gauche se sont affrontés en lançant des pierres à la police, qui a tiré des grenades lacrymogènes, selon l’agence de presse grecque ANA.
Le gouvernement et le président de la République ont vivement condamné le meurtre du musicien. « J’en appelle à un réveil social et institutionnel, à la volonté politique de lutter contre cette ignominie. Nous avons tous le devoir de ne pas laisser les portes ouvertes au fascisme », a déclaré le Président Carolos Papoulias.
Heurts à Athènes et à Salonique le 18 septembre 2013 :
Morceau de Killah P. :