Grèce : massacre à la tronçonneuse.
Cette nuit Parlement grec a adopté le budget 2013, prévoyant des économies de 9,4 milliards d'euros, réclamées par l'UE et le FMI, selon un comptage de l'AFP.
Le leader de l'opposition Alexis Tsipras, qui dirige le parti de gauche radicale Syriza, a raillé un gouvernement dont la crédibilité "s'écroulera" le 16 novembre, quand les bailleurs de fonds internationaux auront laissé tomber la Grèce, selon lui.
Il s'est aussi inquiété de la situation de la dette. "La dette n'est pas soutenable, seule Mme (Angela) Merkel le croit", a-t-il lancé, réitérant sa proposition d'"un effacement de dettes avec clause de croissance" comme cela avait été fait pour l'Allemagne en 1953 après la deuxième guerre mondiale.
A quelques jours d'un mouvement pan-européen de grèves et de protestations contre l'austérité (le 14), qui va surtout toucher les pays du sud de l'Europe, M. Tsipras a appelé à une "solution globale pour l'effacement d'une grande partie de la dette des pays du sud de l'Europe".
La Bundesbank est opposé à un effacement de la dette:
"Un effacement de la dette seule ne résoudra rien. A qui cela servirait-il d'effacer les dettes d'Athènes si le pays se retrouve dans 10 ans au même point qu'aujourd'hui ? La Grèce doit se réformer de fond en comble", estime le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, dans un entretien paru aujourd'hui au quotidien Rheinische Post.
Il se dit en tout cas opposé à ce que la Banque centrale européenne (BCE), dont il est membre du directoire, participe à une éventuelle opération de ce type, car "cela équivaudrait à financer directement un Etat, ce qui est interdit", a-t-il rappelé.
18,1 milliards d’euros de coupes budgétaires ont été votés mercredi par le Parlement grec, malgré une immense manifestation à Athènes sur la place Syntagma.
«Bats-toi ! Ils boivent notre sang ! » Voilà l’un des slogans scandés sur une place Syntagma noire de monde sous la pluie, mercredi soir. Plus de 100 000 manifestants s’étaient rassemblés devant le Parlement, au terme de deux jours de grève générale, contre le plan d’austérité que s’apprêtaient à voter les députés. La police a chargé les manifestants.
Le plan d’austérité est censé permettre à l’Union européenne de débloquer une nouvelle tranche de prêt de 31 milliards d’euros. Sur les 299 députés présents, 153 ont voté pour, 128 contre. Quinze membres de la Gauche démocratique, pourtant au gouvernement, se sont abstenus.
Six parlementaires sociaux-démocrates du Pasok, et un autre de Nouvelle Démocratie, principale force de la majorité, qui n’ont pas voté le texte, ont été exclus de leur groupe parlementaire. Pour éviter tout débat démocratique, le plan d’austérité a été limité à un seul article de 400 pages !
Celui-ci comprend 18,1 milliards d’euros de coupes budgétaires d’ici à 2016. Il s’attaque aux salaires des fonctionnaires, aux prestations sociales, et prévoit une hausse de certaines taxes. Il comprend également ces « réformes structurelles » tant attendues par la Commission européenne. L’âge de départ en retraite passera de 65 ans à 67 ans, le licenciement des fonctionnaires sera facilité. Des mesures dans la lignée de celles qui ont amené le taux de chômage à grimper à 25,4 % en août. C’est le 39e mois de hausse consécutif de cet indice ! « Personne ne sera exclu des coupes », a prévenu Aleka Papariga, secrétaire du Parti communiste de Grèce.
Le principal parti d’opposition, la Coalition de la gauche radicale (Syriza), a été violemment critiqué par la majorité. Son président, Alexis Tsipras, qui réclame des élections anticipées, a été accusé par le chef du Pasok, Evangelos Venizelos, d’« utiliser les groupes sociaux heurtés par la crise, en pensant que cela l’amènerai directement au pouvoir ». Pendant le débat, le ministre de l’Intérieur, Nikolaos Dendias, a même accusé Syriza de publier des photos de policiers sur Internet.
Mercredi soir, Antonis Samaras, chef du gouvernement, annonçait que la Grèce avait « franchi un pas déterminant ». Un espoir douché dès le lendemain par le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schauble, qui a dit que l’accord sur le déblocage de l’aide ne sera pas trouvé « dans les semaines qui viennent ».
9 Novembre 2012
http://www.mleray.info/article-grece-massacre-112354505.html