Grèce : santé, tout vole en éclat.
Grèce : santé, tout vole en éclat
Manifestation de médecins grecs à Athènes©Aristidis Vafeiadakis/ZUMA/REA, 2011
En France, le financement de notre protection sociale est à l’ordre du jour. L’occasion pour les équipes de Viva d’aller faire un tour du côté de nos voisins... Cette semaine : la Grèce où la crise économique est une véritable tragédie pour le système de santé aussi.
L’Institut des assurances sociales (IKA), régime obligatoire, couvre la grande majorité des salariés pour les risques maladie, maternité, vieillesse, invalidité, décès. De nombreux autres régimes spéciaux hérités du passé subsistaient pour les salariés de certaines professions (employés de banques journalistes...)...mais ils disparaissent avec la crise. D’autres régimes existent pour les agriculteurs (OGA), les fonctionnaires, les travailleurs indépendants (avocats, professions médicales, commerçants)...
A côté de cette protection sociale de base, il existe une protection sociale auxiliaire, mais peu de gens y souscrive. En ville, les assurés sociaux choisissent leur médecin référent (rémunéré par l’IKA) sur une liste alors qu’en zone rurale, le choix leur est imposé. Moyennant quoi ils ne font pas l’avance des frais. Idem s’ils vont dans un hôpital IKA. Les assurés sociaux peuvent également consulter les médecins spécialistes, sur rendez-vous, dans les dispensaires de l’institut local. Mais il y a une liste d’attente et, en cas d’urgence, on a guère le choix que de s’adresser aux spécialistes privés. Dans ce cas, il faut effectuer l’avance des frais et l’IKA rembourse...en application des tarifs fixés par l’État. Mais ce système est désormais obsolète faute de budgets publics !
La part des cotisations sociales est majoritaire (61,7 %) devant celle de l’Etat (29,2 %). L’employeur cotise le double de ce qui est prélevé sur le salaire brut de l’employé, ce qui correspond à du salaire différé. D’où les conséquences dramatiques de la baisse généralisée des salaires du secteur public, mais aussi privé, et des retraites, ainsi que de la hausse du chômage. Le budget santé du gouvernement a diminué de 13 % entre 2010 et 2012...
Le creusement des déficits s’est traduit par une baisse de la qualité des prestations et des services proposés, notamment dans les hôpitaux et les centres de soins publics. Les caisses de sécurité sociale grecques sont très inquiètes car elles détiennent, avec les fonds de pension, 21 milliards d’€ d’obligations d’Etat, soit plus de 10 % de la dette grecque !
Le système d’assurances sociales à l’allemande... mais il est battu en brèche ! On a beau chercher...tout a volé en éclat !!
Avec la crise, le système part à vau l’eau. Un forfait de cinq euros à la charge des patients a été instauré pour chaque consultation à l’hôpital public (les pensions de retraite sont en moyenne e 350 euros). Les médicaments étaient remboursés jusqu’à 75 %...ce n’est plus le cas. Plus de 300 médicaments importés ne seraient plus disponibles dans les pharmacie, y compris des traitements lourds (maladies chroniques, cancers...). Les médecins demandent aux patients d’acheter eux-mêmes pansements, seringues et gazes parce que certains hôpitaux sont en rupture de stock. Beaucoup de femmes enceintes ne bénéficiant d’aucun suivi de grossesse, d’enfants malades et/ou non vaccinés, de retraités qui n’ont plus de revenus, ou des fonctionnaires dont les salaires ont été réévalués à la baisse.
Témoignage
Stavros Kamaroudis, maître de conférence à la faculté de Thessalonique
“Le système de santé grec se dégrade depuis 2008. Les personnels soignants et les médecins qui partent à la retraite ne sont plus remplacés. Ceux qui restent travaillent sans relâche, même si les gardes et les heures supplémentaires ne sont pas payées ! Dans certains hôpitaux de province, certaines spécialités font défaut, faute de praticiens.
Beaucoup de médecins grecs partent à l’étranger car ils n’y a plus de salaires décents ni de postes. De leur côté, les assurances privées en profitent pour proposer des contrats à des prix ridiculement bas, mais ça ne dure qu’un temps ! Maintenant, il faut payer pour tout, même chez le médecin référent qui parfois en profite...
Certains n’hésitent pas à facturer 50 € ! Leurs économies déjà envolées, les gens qui en ont doivent maintenant vendre des biens pour se soigner.”
http://www.viva.presse.fr/Grece-sante-tout-vole-en-eclat_17417.html