Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Lucien PONS

L’ultime façon de faire peur au monde : La Grèce

13 Mai 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Grèce

L’ultime façon de faire peur au monde : La Grèce
LÉO-PAUL LAUZON - 10 MAI 2012

Maintenant, le nec plus ultra pour effrayer le peuple, c’est de répéter et de scander que le Québec de demain sera la Grèce, si l’on ne tarifie pas davantage tous les services publics (incluant l’éducation), si l’on ne coupe pas généreusement dans les services sociaux, si l’on ne privatise pas rapidement nos instruments collectifs à des affairistes, si l’on augmente pas drastiquement les taxes à la consommation et si l’on ne réduit pas l’impôt des riches et des compagnies. Voilà, un seul mot et la peur s’installe. Vous n’en faites pas des cauchemars la nuit ?

 

Être cinéaste, j’en ferais un film d’horreur et d’épouvante qui ferait passer Freddy Krueger pour Coco lapin… Les «zalarmistes» ne font pas dans la dentelle et ce n’est pas la nuance qui les étouffe. Bang ! La Grèce, et tout est dit, Plus aucun argument n’est possible.

 

Tiens, en janvier 2012, Flaherty (le ministre fédéral conservateur, pour ceux qui ne le connaissent pas encore…), a largué cette perle d’absurdité : «Le ministre des finances évoque le scénario «grec» pour réaffirmer la nécessité de juguler la hausse des coûts en santé». Pas juguler la hausse des coûts en s’attaquant simplement aux prix prohibitifs des médicaments pratiqués par les transnationales pharmaceutiques. Mais non, surtout pas des mesures semblables qui irriteraient ses amis. Et comme le chantait George Brassens «Les copains d’abord».

 

Harper qui a fait passer le taux d’impôt fédéral des compagnies de 23% à 15%, ce qui prive l’État de plusieurs milliards de dollars chaque année et qui a fait exploser les dépenses militaires doit bien couper quelque part. Alors la santé, l’éducation, les pensions de vieillesse, l’assurance-emploi, la culture, etc. y passent. Pas grave, c’est juste le monde ordinaire qui en fera les frais. Les services sociaux représentent que de vulgaires et inutiles dépenses d’épicerie pour Harper alors que le militaire constitue un investissement.

 

Puis, il y a eu le moralisateur Jean St-Gelais, président de Revenu Québec, qui vient nous faire la leçon sur le travail au noir. Une facture svp., afin de payer votre «juste part» de TPS et de TVQ et non pas payer en dessous de la table. Il a clamé haut et fort : «Québec doit éduquer les contribuables s’il veut éviter le sort de la Grèce» (17 avril 2012). Vous m’en direz tant ! Il faudrait peut-être commencer par éduquer les riches qui font que le Québec ressemble pas mal plus aux Iles Caïmans, un paradis fiscal notoire, qu’à la Grèce. C’est à rester «pantoite», non ?

 

Enfin, il y a Jean-Paul Gagné, chroniqueur au journal Les Affaires, qui a dit dans son texte du 10 mars 2012 : «Le Québec n’est pas dans la situation de la Grèce, mais notre endettement collectif a pris une vitesse de croisière inquiétante». Ce qu’il ne dit pas, c’est que si les riches et les compagnies payaient leur «juste part» d’impôt et de taxes, utilisaient un peu moins les paradis fiscaux et quémandaient moins de fonds publics en subventions, il n’y en aurait pas de dette publique.

 

Dire que l’institution pour laquelle j’enseigne depuis 36 ans, l’Université du Québec à Montréal, vient de décerner un doctorat honorifique à ce «journaliste» qui, avouons-le, n’a pas éduquer les gens sur l’économie et les finances, mais les a plutôt intoxiqués. Voilà ce qui arrive quand nos universités sont menées par des représentants du privé comme Isabelle Hudon, de la Sun Life, qui est présidente du conseil d’administration de l’UQAM depuis plusieurs années. Pas de doctorat honorifique à Michel Chartrand ou à Richard Desjardins, mais à Jean-Paul Gagné pour son «beau travail» dans Les Affaires ? À ce rythme, les prochains à recevoir un tel honneur seront probablement Richard Martineau et Éric Duhaime. Qu’en penses-vous ?

 

C’est drôle, mais ces humoristes qui se méconnaissent prennent toujours comme modèle de fiasco la Grèce, mais jamais l’Irlande, l’Islande ou la Grande-Bretagne qui sont aussi vulnérables sur le plan économique. Faut surtout pas prendre ces trois pays car… ils ont adopté les politiques économiques que ces apprentis-sorciers préconisent et qui les ont conduit tout droit à la banqueroute ou presque.

 

http://blogues.journaldemontreal.com/lauzon/actualites/lultime-facon-de-faire-peur-au-monde-la-grece/

 


 


-- Liens utiles --
Site national : http://www.audit-citoyen.org/

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article