Dimanche 13 avril, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en visite à Slaviansk, une ville de la région de Donetsk, ont été pris à partie par des habitants. Nous publions le résumé de cet échange.
La première femme : Pulvériser à l’arme atomique les habitants du Sud-Ouest ukrainien ? Nous tuer, nous, civils ? [Allusion aux propos de Ioulia Timochenko lors d'une conversation téléphonique, interceptée et publiée le 24 mars, ndlr] Mais regardez-nous : nous sommes des femmes, nous ne sommes pas armées, nous sommes ici pour défendre nos droits. Nous n’en voulons pas, de l’UE. Nous ne sommes opposés ni à la Russie, ni à aucun autre peuple. Nous voulons simplement vivre en paix et être libres ! Ne nous imposez rien !
Le représentant de l’OSCE : C’est très important pour nous…
La première femme : Nous devons gérer notre terre nous-mêmes ! Nous en sommes maîtres !
La deuxième femme : Pourquoi Yaroch ordonne-t-il au Secteur droit de tuer nos enfants ?
Pourquoi Iatseniouk, Tiagnibok, Klitschko et les autres de la junte [l’actuel gouvernement de Kiev, ndlr]… Ce sont eux qui ont commencé les premiers à s’emparer du pouvoir. Ils ont assassiné les jeunes Berkout, des appelés de 18 ans, ils leur ont pissé dessus… Pourquoi ? Ils ont tué des policiers aussi, et personne n’a été jugé coupable ! Les secouristes ramassaient les Berkout blessés et les amenaient au centre de Maïdan où ils étaient abattus…
Vous qui êtes là depuis plusieurs semaines, je vous le demande – personnellement : pourquoi ne donnez-vous pas une appréciation objective des faits ? Pourquoi les chaînes de télévision russes ont-elles été coupées ?
Le représentant de l’OSCE : Laissez-moi parler. Nous représentons l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Il s’agit de la plus grande organisation chargée de veiller à la sécurité sur le continent européen. Tous les pays-membres, incluant la Russie, la Biélorussie, les États-Unis, la Slovaquie, la Pologne et l’Ukraine, nous ont demandé – à moi, Slovaque, et à mon collègue polonais – de venir en Ukraine et de donner une représentation objective de ce qui se passe ici, puisque les médias se livrent une guerre de l’information à outrance. Notre but est d’obtenir des informations objectives. C’est pourquoi je vous remercie de nous avoir dit tout cela, car il est important pour nous de tout entendre.
La troisième femme : Et dites, s’il vous plaît : pourquoi Loukachenko, quand il y a eu les mêmes désordres dans son pays, a-t-il préféré ne laisser personne s’en mêler ? Et il avait raison ! Notre pays a ses propres droits et lois et nous n’avons besoin de personne.
La deuxième femme : Nous avons besoin de l’OSCE, puisque la junte a pris le pouvoir de manière illégitime !
La troisième femme : Les filles, une autre question, est-ce que nous voulons vivre sous cette junte ou non ?
Plusieurs voix : Non !
La deuxième femme : Nous sommes pour notre république démocratique à nous !
L’homme : Une autre question que nous nous posons – c’est qui ce Yaroch ?
Le représentant de l’OSCE : Je peux répondre ? L’OSCE n’accepte aucune forme de violence… Des actes de violence, malheureusement, ont lieu en Ukraine et ailleurs. En ce qui concerne Yaroch, je ne commenterai pas ses actes, mais nous sommes opposés à l’usage de la violence.
La deuxième femme : Pourquoi est-il toujours en liberté alors ? Pourquoi le Secteur droit n’a-t-il pas été condamné ?
L’homme : À quoi bon avoir un État, si ce n’est pas lui qui veille à la sécurité mais des bandits armés ?
Plusieurs voix : Comment vous appelez-vous ?
Le représentant de l’OSCE : Je suis le représentant du bureau de l’OSCE à Donetsk. Nous surveillons cette région.
La première femme : Le pouvoir illégitime a donné aux fascistes les rênes du pays ! Nous nous souvenons tous de l’année 1945, quand les fascistes ont marché sur la moitié de l’Europe. Et nous sommes là aujourd’hui pour nous opposer au fascisme, pour que l’ennemi ne passe pas ! Si nous nous couchons maintenant, ils vont tout envahir, et vous le savez très bien.
La quatrième femme : La preuve : si vous avez un moment de libre, allez visiter l’aérodrome de Slaviansk, vous y verrez deux hélicoptères et deux véhicules blindés !
Le représentant de l’OSCE : Merci pour le conseil, nous irons.
La troisième femme : Et que pensez-vous du fait que nous, habitants de la région de Donetsk, nous nous rassemblons dans le calme afin d’exprimer notre volonté de créer notre propre république démocratique ? Nous ne voulons pas dépendre d’individus à qui nous ne faisons pas confiance. En 23 ans, ils nous ont dépouillés, ils nous ont tout pris !
Le représentant de l’OSCE : Tous les pays-membres de l’OSCE soutiennent le fait que des personnes s’expriment lors de manifestations pacifiques.
Plusieurs voix : Mais on a en marre de manifester !
Source : Slaviansk : « On en a marre de manifester ! » — Le Courrier de Russie
Voir aussi :
Slaviansk : « Nous sommes des gens ordinaires » — Le Courrier de Russie
Publié le avr 18, 2014