Pour les quelques ermites lecteurs de ce blog, je rappelle que, ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé de 1986 à 1988, il a été le PDG de la Société Générale de 1997 à 2009, qu’il a lancée à corps perdu dans le trading, qui a donc failli couler sa banque au vu des contreparties en défaut d’AIG en 2009. Et il a également oublié – c’est balot, mais qui n’a jamais fait de petite boulette au taf, hein ? – de mettre en place un contrôle sérieux de ses traders, d’où la petite paume de 5 milliards d’euros de Jérôme de Kerviel - mais là aussi qui n’a jamais fait de petite boulette au taf, hein ?
=> Oh, je ne vais pas dire ce que je pense en public non plus… Et puis, n’insultons pas l’avenir, on ne sait jamais…
Absolument pas. Une fois cela réalisé, on aura à peine accompli un vingtième de la tâche nécessaire pour remettre le pays en marche. Comme l’Italie ou le Portugal, la France souffre d’un excès de dépenses publiques.On les a laissées enfler pendant trop longtemps.
=> Pur rhétorique néolibérale sans fondement, classique. J’ai déjà montré que le niveau des pures dépenses publiques est dans la norme européenne. La différence vient de la Sécurité sociale, où nous sommes champions, mais c’est simplement une cotisation d’assurance mutualisée. Si on veut comparer aux autres pays, il faut leur rajouter leurs dépenses d’assurance privée, et là-encore, l’écart n’est pas très grand.
Résultat, leur rendement est devenu négatif. Au lieu de soutenir l’activité, elles la brident. Il faut donc très rapidement engager les mesures nécessaires à leur réduction.
=> genre, en plus sauver les incompétents qui sévissent dans certaines banques ? Ah, au fait, je rappelle que les 5 Md€ de pertes de Kerviel ont été en bonne partie imputées sur le résultat de la banque, et a donc privé scandaleusement l’État de plusieurs centaines de millions d’euros d’impôts. À rembourser ?
Cela passe par deux leviers : une remise à plat des dépenses de transfert, y compris de santé
=> rôôôôô trop d’humanisme tue l’humanisme là…
, et le début d’une diminution raisonnable des dépenses des collectivités locales. Ce sont les deux voies d’eau qu’il faut colmater d’urgence, sachant qu’une nouvelle étape de rééquilibrage des régimes de retraite doit être entreprise au plus vite.
=> en piquant certaines retraites chapeau totalement imméritées par exemple ?
Il est immense. Nous avons devant nous quinze ans d’efforts. Pour retrouver des marges de manoeuvre, il faut en gros ramener la dépense publique autour de 45 à 50 % du PIB, soit une baisse de 7 à 12 points.
=> Niveau calculé par l’économiste Jean-Paul Pifomètre, j’imagine ?
Pour éviter que cela ne crée un choc insupportable, il faudra une dizaine d’années au minimum. Mais les Français y sont prêts.
=>Non.
Il s’agit d’un changement fondamental. Pendant des années, la croissance, l’inflation et l’augmentation de la dette ont permis aux hommes politiques de tenir une partie de leurs promesses. Aujourd’hui, il n’y a plus que des décisions douloureuses à prendre.
=> niark niark, vous allez tous souffrir terriblement !!!!
Vous avez raison, nous avons eu ces derniers mois une chance extraordinaire : les marchés nous ont laissés du temps, celui de la campagne présidentielle. Mais le temps file et l’heure des choix approche. Les créanciers du premier emprunteur de la zone euro attendent des signaux témoignant d’une prise de conscience, car le problème de la France est moins comptable que structurel. Nous n’avons plus que quelques semaines devant nous pour engager les réformes structurelles nécessaires à la restauration de notre compétitivité à moyen et long terme.
Deux, en fait. Le premier serait une dégradation de notre note de crédit par Moody’s, ce qui reste possible. Si, après Standard & Poor’s, une seconde agence nous dégradait, c’en serait fini de notre AAA. Dès lors, les acheteurs non européens de notre dette se détourneraient massivement. Ce qui augmenterait automatiquement nos coûts d’emprunt. Le second ne dépend que de nous. Ce serait, comme je le disais, de ne pas engager les mesures indispensables à notre redressement. Si, par exemple, les annonces consécutives au rapport Gallois ne sont pas suivies d’effet ou si le nouvel acte de la décentralisation ne prévoit pas une réduction sensible des dépenses des collectivités locales, alors nous irons dans le mur.
=> je partage pour les collectivités locales…
Pas un, mais plusieurs. On pourrait s’inspirer du Canada ou de la Suède pour la réduction de la dépense publique,
=>oui, c’est sûr que c’est comparable… Le Lichtenstein aussi peut-être aussi, non ?
de l’Allemagne pour l’évolution du marché du travail
=> oui, baisser les salaires, c’est l’avenir d’une économie capitaliste ça, c’est évident. Bah, j’imagine que certains cours de base d’économie ont été manqués à l’ENA…
et de l’Espagne ou de l’Italie pour la réforme des collectivités locales. Chaque expérience sera utile pour s’adapter à la nouvelle donne. Ce qui est sûr, c’est que sans adaptation, la croissance ne reviendra pas,
=> “vous nous fatiguez avec votre croissance. Si vous ne comprenez pas qu’elle ne reviendra pas et qu’il faut adapter l’économie à ça, par pitié, mais partez à la retraite et laissez la place à des gens qui ont quelques idées, capables de penser autre chose que les recettes d’il y a 40 ans…”
car nous ne traversons pas une crise, mais une grande mutation. Certains pays européens ont déjà commencé à s’y adapter.
=> oui, le Lichtenstein surtout, je dirais…
En France, nous en sommes toujours à nous demander si nous pouvons différer les choix,
=> oui, on est cons en France, c’est sûr. Ca marche tellement mieux aux USA, au Japon, en Angleterre, en Espagne…
alors que le risque d’appauvrissement irrémédiable de notre pays et de ses citoyens est aujourd’hui réel.
=> relire plus haut. “ l’évolution du marché du travail” = appauvrissement irrémédiable des citoyens, en français…
Notre tissu économique va mal. Si l’on excepte d’un côté les très grands groupes, de l’autre les TPE adaptées à la demande locale, entre les deux, la situation est très difficile pour les entreprises françaises. Leurs marges se contractent et leur compétitivité s’érode. Les PME, notamment, souffrent énormément. D’autant plus qu’on les dissuade de grandir à travers la mise en place de tout un tas de seuils. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir grossir le nombre de jeunes diplômés qui s’expatrient. Le risque de voir Paris perdre toute activité économique non liée au territoire et devenir une Venise du XXI e siècle est réel.
C’est une réalité. Et cet exode est bien plus grave que celui de 1981-1982. A l’époque, c’était des rentiers ou des gens qui avaient fait fortune qui s’expatriaient. Aujourd’hui, ce sont des actifs. Il n’y aura bientôt plus de volontaires pour venir travailler à Paris pour les métiers les plus rémunérateurs.
=> euh, les traders vont partir ???? Vous ne dites pas ça pour me faire plaisir, dites, dites ??
C’est le résultat d’une politique fiscale aberrante.
=> bah oui, vouloir faire payer un peu les riches pour rembourser 1 800 Md€, quelle idiotie…
Nous serions aujourd’hui dans une situation beaucoup plus grave si nous n’avions pas l’euro.
=> OUAHHHHHHHHH, 2 minutes, il faut que je me remette face à un argument d’une telle force, aussi puissant, une folle quintessence d’intelligence…. Bon allez, je réplique par une autre brève de comptoir alors : “Bah oui, Nous serions aujourd’hui dans une situation beaucoup plus grave si cela avait été pire…”
Je me réjouis donc des efforts fournis ces derniers mois pour éviter un éclatement de notre zone monétaire. Mais l’Europe fait désormais face à deux questions majeures : une question de périmètre, d’abord. On ne peut pas prétendre faire avancer du même pas 27 pays aussi différents. Des coopérations renforcées dans certains domaines me semblent indispensables.
=> merci pour votre avis éclairé. Bon, à l’évidence, banquier, ce n’est pas trop votre truc, j’imagine donc que vous avez acheté la méthode Assimil pour parler le diplomate… ?
A commencer par la plus emblématique d’entre elles : un gouvernement économique et bancaire de la zone euro.
=>hmmm “un gouvernement bancaire”, qu’est-ce que ça sonne bien, j’en bave d’envie, comme tout le monde… Enfin un gouvernement, qui s’occupera des vraies priorités…
La deuxième question qui se pose est celle de la gouvernance, car les seuls organes démocratiques dont nous disposons relèvent de l’Union européenne. Il nous faut adapter nos modes de décisions et de représentation pour les champs qui ne concerneront pas forcément les Vingt-Sept…
Rien ne peut se faire en Europe sans le couple franco-allemand. Et le fait que la France aille mal n’y change rien.
=>oui, parce que l’Allemagne (et ses 2100 Md€ de dette) va super super bien…
Pendant longtemps, l’Allemagne était un nain politique dans le sillage de la France. Les rapports de force se sont inversés, et pendant le temps que prendra le redressement de notre pays, il va falloir apprendre à fonctionner avec une France plus faible. Mais ne perdons pas de vue qu’au terme de cette période, nous retrouverons un avantage comparatif : le déficit démographique allemand rééquilibrera le couple.
L’industrie de la finance subit les tsunamis les uns après les autres : les excès des banquiers ont conduit à la crise de 2008, la gestion chaotique de la banqueroute de la Grèce a conduit à l’éclatement de la crise de la dette souveraine, la grande panique de 2011 a failli faire sauter le système bancaire européen tout entier par disparition de la liquidité en dollars
=>le tsunami Kerviel/Bouton aussi, vous l’avez oublié…
; comme après chaque grande crise, la finance et les banquiers sont les boucs émissaires chargés de tous les maux.
=>ben oui, alors que tout est de ma seule faute en vrai…
Au prix d’un prélèvement sur la croissance probablement plus élevé qu’on ne le pensait, les régulateurs,
=> Note du rédacteur : “régulateur” = “enfoiré” dans ce contexte, bien évidemment. On appréciera aussi l’affirmation niveau CM1 : “régulation = moins de croissance”, car il est bien entendu que la chute du système financier ne génère aucun problème de croissance, bien entendu…
faute d’avoir pu prévenir,
=> ah oui, j’oubliais “la crise est due aux régulateurs, pas aux banquiers incompétents”
imposent a posteriori aux banques la construction de digues de plus en plus coûteuses, tant en fonds propres qu’en réserves de liquidité. Beaucoup de métiers qui reposaient sur une liquidité élevée ont disparu ou vont disparaître.
=> RIP. Et champagne !!!!!!!!!!!!
Pour alléger leurs besoins de fonds propres, les grandes banques européennes sont contraintes de disperser à plus ou moins vil prix les actifs patiemment construits pendant les deux décennies précédentes.
=> rôôôô mauh oui, on sait qu’on a des banquiers super prudents, qui ne spéculent jamais, et ne vendent jamais “à vil prix” des milliards de positions spéculatives prises par certains traders par exemple…
Un énorme chantier de redéfinition des « business models » s’ouvre. Dans ce contexte, les grandes banques françaises, qui ont traversé cette période agitée sans dommage majeur,
=> Là, c’est plus que ce que je ne peux en supporter…
vont devoir abandonner des pans entiers d’activité. Les banques de détail elles-mêmes, réputées si sûres, par opposition aux vilaines banques d’investissement
=> Oui, “vilaines”, car ce sont des machins où des traders font n’importe quoi, non surveillés par des dirigeants encore plus incompétents qu’eux, c’est dire… Mais j’avoue qu’on m’aurait dit qu’un jour je verrais Daniel Bouton persifler sur la sûreté des banques d’investissement, je ne l’aurais pas crû. Mais…
, vont avoir du mal à gagner plus que le coût du capital. Des restructurations de réseaux vont devoir être entamées…
=> et on finit donc en beauté sur le classique chantage à l’emploi…
Source : Les Echos, 19 novembre 2012.
Dédicace à Michel Audiard :