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Le blog de Lucien PONS

La Grèce, le peuple contre la troïka.

12 Février 2012 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Politique étrangère

Samedi 11 février 2012

C’est entendu, les hommes passent leur vie à exploiter les hommes, les êtres humains à exploiter les autres espèces animales, les êtres vivants à se nourrir de la matière inanimée, c’est la condition humaine, c’est la vie, ce sont les lois de l’univers. La justice, la morale, l’éthique ne sont que des paravents ou des lots de consolation pour les faibles abusés par les forts.

heros-grec-copie-1.jpg Si vous n’êtes pas d’accord avec cet avant-propos, j’attends de votre part une intéressante explication à propos du cas grec. Le gouvernement grec vient d’accepter les conditions posées par le FMI, l’Union Européenne et la BCE pour que ces derniers condescendent à lui prêter de l’argent afin de rembourser les dettes que l’État grec a contractées.

J’écris « le gouvernement grec a accepté », ce serait plus réaliste d’écrire qu’il a cédé sous l’énorme pression qu’a exercée sur lui la « Troïka » au prix de la démission de quatre ministres et de violentes manifestations devant le Parlement.

La suite est connue, le temps que je publie ce texte, elle sera déjà en marche : au prix de quelques protestations, démissions et votes hostiles, le Parlement grec finira par approuver le principe des mesures exigées par les bailleurs de fond. Puis les crédits seront débloqués progressivement tandis que le Parlement votera les textes d’application qui ne seront que très imparfaitement administrés. Aussi ne donneront-ils que des résultats décevants pour les bailleurs de fond qui en feront peser la faute sur le mauvais état d’esprit du peuple grec, fainéant et tricheur. Entretemps, des élections auront eu lieu, la coalition actuelle aura été battue, un nouveau gouvernement grec amorcera des négociations avec les préteurs qui refuseront dans un premier temps de discuter, des manifestations de plus en plus violentes auront lieu à Athènes et dans toutes les villes grecques, le niveau de vie de la population grecque continuera à baisser, les jeunes fuiront le pays, les plus faibles se suicideront…

Mais le petit monde des financiers sera content. Un peu inquiet, parce qu’un financier tranquille est un financier mort, mais content en fin de compte. Bon, les Grecs ont du mal à rembourser, mais enfin ils parviennent quand même à payer une partie de leurs dettes, qui sont d’ailleurs composées en grande partie d’intérêts accumulés, avec des taux usuraires imposés par des créanciers « effrayés » par le risque grec. Mais surtout, puisque la digue grecque n’a pas cédé, les autres digues européennes et mondiales ne céderont pas, ni la digue portugaise ou irlandaise, ni la digue espagnole ou italienne, ni la digue française, ni la digue des pays en voie de développement. Les financiers continueront à recevoir les intérêts qu’ils ont eux-mêmes déterminé en fonction des risques dont le « marché », c’est-à-dire un arbitrage qu’ils opèrent entre eux, a évalué le prix.

Le temps sera alors celui de la rigueur pour les citoyens européens. Ils verront leurs revenus disponibles diminuer avec l’augmentation des impôts et la réduction des dépenses imposées pour rembourser les emprunts et en souscrire d’autres. À leurs protestations, on opposera l’exemple grec, puisqu’ils ont supporté et supportent bien pire. C’est ainsi que se maintiendra le transfert de revenus entre le monde de la finance et ceux qui produisent des services et des biens avec leur travail et leur argent.

Juste, injuste ? inégal en tout cas avec sa masse d’individus qui souffrent physiquement de leurs conditions de vie comparé au petit nombre de ceux qui jouissent du pouvoir financier. Le plus fort est que ces Grecs ne se rendent même pas compte qu’ils sont des héros pour les financiers du monde entier. Tant qu’ils négocient et réempruntent, c’est parfait, ils servent de bouclier à la finance internationale. Si jamais l’État grec s’avisait de se déclarer en cessation de paiement, ce serait une catastrophe pour cette dernière car cette décision entraînerait des décisions analogues chez d’autres débiteurs, ce qui obligerait les prêteurs à renégocier toutes les créances et à baisser les taux, sous peine de tout perdre. Le rapport de force changerait de camp.

 

Si j’ai une prière à adresser aux Grecs, pour leur bien et pour le nôtre qui sommes des emprunteurs comme eux, c’est de reprendre leur destin en main le plus vite possible en refusant de payer pour négocier ensuite. C’est le b.a.-ba de la négociation que de prendre un gage avant de marchander, non ?

 

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