LE JOUR OU JM AYRAULT A DEFINITIVEMENT PERDU
LA CONFIANCE DES TRAVAILLEURS ?
Le premier gouvernement de l'ère Hollande devait marquer la rupture avec la désindustrialisation de la France organisée depuis des décennies. Plus rien ne serait comme avant avec le nouveau ministère « du redressement productif » et le ministre à sa tête, Arnaud Montebourg, pourfendeur des patrons voyous. L'illusion n'aura duré que peu de mois. Le candidat François Hollande avait promis que « quand une grande firme ne veut plus d'une unité de production, elle soit obligée de la céder à un repreneur afin qu'elle ne soit pas démantelée ». « Je ne veux pas me retrouver dans la situation d'être élu un jour sur une promesse et ensuite de ne pas revenir parce qu'elle n'aurait pas été tenue ». Aujourd'hui, les travailleurs se rendent compte qu'après Gandrange qui ne devait pas fermer sous Sarkozy, Florange va s'arrêter sous Hollande. Après avoir posé une stèle en 2009 à l'entrée de l'usine ArcelorMittal de Gandrange rappelant les promesses "non tenues" de Nicolas Sarkozy, la CFDT va devoir maintenant en ériger une à l'entrée de l'usine de Florange « Ici reposent les promesses de François Hollande faites le 24 février 2012».
Les syndicats étaient méfiants et ils avaient raison. La publication de l'accord par le journal Le Monde a démontré l'interprétation mensongère donnée par le premier ministre. On découvre ainsi que les soi-disant investissements de 180 millions d’euros consentis par Mittal se réduisent en fait à 53 millions d'euros, le reste relevant de la maintenance de toute façon nécessaire pour maintenir l'outil industriel. Bien loin des 600 millions estimés nécessaires. On apprend que ArcelorMittal ne croit pas vraiment au projet européen Ulcos, programme de recherche sur la captation du CO2. En l'état, c'est bien l'arrêt des hauts-fourneaux qui est prévu avec 759 suppressions de postes qui vont avec et à terme de fait des licenciements pour les salariés qui ne seront pas reclassés ainsi que pour les intérimaires et les salariés des entreprises sous-traitantes qui risquent de mettre la clé sous la porte. En refusant la nationalisation, ce gouvernement vient de démontrer, une nouvelle fois, qu'il n'était pas question pour lui de s'opposer au Medef qui avait évidement immédiatement hurlé. « Ébranler le principe du droit de propriété, c'est très grave » avait dit Madame Parisot. Mais fouler aux pieds le droit à l'emploi, le droit d'un pays à maîtriser son approvisionnement en acier, ne gêne visiblement pas la patronne du Medef du moment que perdurent les intérêts des patrons. Malgré un accord en trompe l'œil, Jean-Marc Ayrault a annoncé qu'il était hors de question de revenir sur ce qu'il a osé appelé un compromis. C'est un compromis pourri ! Sous ce gouvernement, la loi continue à protéger les patrons au lieu de protéger les travailleurs.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche