Le sommet de mercredi 18 janvier 2012. Ce que prépare Sarközy
Sommet de crise : Ce que prépare Sarkozy
Nicolas Sarkozy réunit mercredi les partenaires sociaux pour un "sommet de crise" qui doit apporter des réponses à la progression du chômage et à la perte du "triple A" français. Voici les principales pistes de travail.
À moins de 100 jours du premier tour de l'élection présidentielle, des « décisions importantes » devraient être prises dans la foulée du « sommet de crise », a promis le chef de l'Etat, qui ira ensuite les présenter lui-même aux Français à la fin du mois. Mais déjà, les principales pistes de travail se dessinent.
C'est certainement la décision la plus périlleuse que pourrait prendre Nicolas Sarkozy. Le gouvernement souhaite baisser le coût du travail et compenser le manque à gagner en augmentant la TVA. Le patronat y est favorable, la majorité des syndicats y sont farouchement opposés et les Français y sont franchement hostiles, à en croire les sondages. « Si le gouvernement augmente de 2 ou 3% la TVA, c'est un plan de rigueur » qui aura comme conséquence une diminution du pouvoir d'achat des salariés, a averti dimanche le patron de la CFDT François Chérèque. Très remonté, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a prévenu qu'il enverrait « bouler » Nicolas Sarkozy s'il voulait lui parler de TVA sociale lors du sommet.
Pour l'heure, les modalités de cette réforme, qui devrait être soumise au Parlement dès février, ne sont pas arrêtées. S'agit-il de baisser les charges salariales et patronales, ou seulement ces dernières ce qui signifierait une perte de pouvoir d'achat pour les Français ? Quelle hausse de la TVA et sur quels produits ? La CSG (Contribution sociale généralisée) va-t-elle aussi être relevée permettant une hausse moindre de la TVA ? Autant de questions brûlantes que doit encore trancher le chef de l'Etat.
C'est le retour du « travailler plus » de 2007, mais sans le « gagner plus ». Accusées de tous les maux par Nicolas Sarkozy, les 35 heures devraient une nouvelle fois se retrouver en ligne de mire, via l'idée d'un « pacte compétitivité-emploi ». Le principe est de permettre à chaque entreprise en difficulté de négocier avec ses employés une nouvelle durée du temps de travail ou une baisse des salaires, en échange d'une garantie de maintien des emplois. La mesure fait bondir la gauche comme les syndicats qui rappellent que le site Continental de Clairoix (Oise) a fermé en 2010 malgré un accord sur le retour aux 40 heures par semaine qui devait pourtant assurer sa survie jusqu'en 2012.
C'est le sujet le plus consensuel. Face à la crise de 2008, Sarkozy avait déjà eu recours au chômage partiel pour tenter d'amortir les effets sur l'emploi de la tempête économique. A l'heure actuelle, toute entreprise qui subit une baisse conjoncturelle de son activité peut y recourir pour éviter des licenciements. Le gouvernement veut simplifier davantage ce dispositif. Ainsi, alors qu'aujourd'hui les entreprises qui souhaitent l'utiliser doivent déposer une demande auprès de l'administration qui dispose de 20 jours pour notifier sa décision, ce délai pourrait être réduit.
Là aussi, le sujet devrait faire consensus. Selon le Premier ministre François Fillon, il s'agit de « passer d’un système où une personne au chômage doit accepter un emploi à un système où elle doit accepter une formation et, à l’issue de celle-ci, un emploi ».
La CGT compte exiger la fin des exonérations - de 30 milliards d'euros- concédées aux entreprises « sans contre partie », et en particulier la suppression des heures supplémentaires défiscalisées. C'est une demande unanime des syndicats, mais aussi une mesure symbole du mandat de Sarkozy, seule concrétisation du « travail plus pour gagner plus » de 2007. La défiscalisation des heures supplémentaires coûte autour de 4,5 milliards d'euros par an à l'Etat. Mais le chef de l'Etat refuse de la remettre en cause, au nom de la défense du pouvoir d'achat.
Après avoir défendu son entrée en vigueur au niveau européen, le chef de l'Etat est aujourd'hui résolu, malgré les critiques, à faire cavalier seul en instaurant une taxation des transactions financières en France, pour « montrer l'exemple ».