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Le blog de Lucien PONS

Les travailleurs détachés enchaînés à la demande du PS. Jean-Luc Mélenchon.

2 Mai 2014 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Les élections européennes de mai 2014.

Les travailleurs détachés enchaînés à la demande du PS

L’hypocrisie des solfériniens n’a décidément aucune limite. Et surtout pas celle de la décence. Jeudi 17 avril, le meeting à Paris de lancement de la campagne européenne du PS fut un moment psychédélique ! Seuls pouvaient écouter sans rire les gens qui avaient sérieusement fumé la moquette ! Quand même : un meeting contre l’austérité en Europe par ceux qui l’organisent en Europe et en France ! C’est à peine croyable, mais c’est possible. Et ce n’est pas sur ce seul sujet que ces gens mentaient, les yeux brillant d’enthousiasme pour leurs mensonges. Il y a eu un moment spécialement révulsif pour moi. Ce fut celui où la tête de liste du PS en Ile-de-France, Pervenche Bérés, et le candidat du Parti Socialiste Européen à la présidence de la Commission européenne, le social-démocrate allemand Martin Schulz, ont osé affirmer qu’ils voulaient « remettre à plat la directive sur le détachement des travailleurs » en Europe. Ah, les braves gens ! Pourtant, à peine 36 heures plus tôt, au Parlement européen, les socialistes européens ont tous voté pour la poursuite du système de détachement. Ecoeurant.

Ce système de détachement est une honte pour l’Europe. Il organise un dumping social légal qui s’apparente à de véritables délocalisations à domicile. En effet, il permet à un employeur d’envoyer ses salariés travailler dans un autre pays de l’Union européenne tout en ne respectant pas la totalité du droit social de ce pays d’accueil. Ainsi, les cotisations sociales, salariales comme patronales, sont payées dans le pays d’origine. Tout cela est légal, organisé, même, par une directive européenne de 1996. Ce système a donné lieu, en plus, à de très nombreux abus où la malhonnêteté des employeurs concernés n’a d’égal que l’exploitation bestiale des salariés.

Le PS a voté pour que ce système continue d’exister. Tous les députés européens du PS français ont approuvé une directive qui ne modifie ce système qu’à la marge. Et, ce faisant, ils ont légitimé tout le reste du système. Aussitôt, quelques singes savants sont venus glapir en cadence que ces améliorations « valaient la peine d’être soutenues ». Beau prétexte ! En fait, la directive approuvée par le Parlement européen n’est qu’une directive d’exécution. Elle ne change rien à la directive cadre de 1996. Le dumping sur les cotisations sociales continuera donc en toute légalité grâce à la complicité du Parti Socialiste Européen. J’ajoute que les députés européens Europe Ecologie Les Verts, dont José Bové et Daniel Cohn-Bendit, ont eux aussi voté pour la poursuite de ce système scandaleux. Au final, 474 députés européens ont voté pour la poursuite du dumping dont tous les socialistes français, tous les députés d’Europe Ecologie Les Verts et la droite. Pendant ce temps, Marine Le Pen, après avoir bien aboyé sur ce ton inimitable de fureur blanche qui est le sien… s’abstenait lâchement, en pleine complicité avec les bonimenteurs qui veulent faire croire qu’il y avait du bon « malgré tout » dans cette nouvelle directive.

Mais, sérieusement, la nouvelle directive apporte-t-elle quelques améliorations, comme le prétendent les eurobéats ? C’est de la poudre aux yeux. La principale supposée amélioration consisterait en ceci : le donneur d’ordre aurait dorénavant une responsabilité si un sous-traitant vient à manquer aux obligations légales. La belle affaire ! C’est un faux-semblant de première catégorie ! Car cela ne concerne que le premier sous-traitant. Mais aucun des sous-traitants du premier sous-traitant ! Or, l’expérience montre que, dans ce domaine, on peut avoir une chaîne de nombreux sous-traitants. De plus, cette nouveauté ne concerne que le secteur du bâtiment et travaux public. Or, le BTP n’emploie que 40% des travailleurs détachés. Pour les 60% restants, le texte n’apporte aucune amélioration, par exemple dans l’intérim, l’agriculture ou l’industrie. La Commission des affaires sociales et de l’emploi du Parlement européen avait adopté cet automne une position plus exigeante : que la « responsabilité solidaire » s’applique à tous les sous-traitants et à tous les secteurs d’activité. Voila qui aurait été « une avancée ». Et voila bien ce qui permet de souligner la reculade quasi-totale du texte final !

En fait, le PS a saboté la lutte contre le dumping. François Hollande lui-même a accepté que seul un sous-traitant et seul le BTP soient concernés. Puis Pervenche Bérès a saboté le travail de la Commission des Affaires sociales du Parlement. Elle est la présidente de cette Commission. Son devoir était de défendre l’extension de la responsabilité solidaire à tous les sous-traitants et tous les secteurs comme l’avaient exigé ses collègues. Mais dans les négociations obscures avec la Commission européenne et les chefs d’Etats, elle a abandonné cette position pour se rallier à François Hollande. Puis tous les députés européens du Parti socialiste européen, dont ceux du PS français, ont capitulé dans la foulée de leur chef de file, Pervenche Bérès.

N’allez pas croire que ces gens se soient contentés comme d’habitude de peu sous le prétexte qu’on ne pouvait faire autrement. C’est bien de propos délibérés et de manière combattante que le PS et les Verts se sont exprimés sur le sujet. Car ils ont fait obstacle à tout renforcement de la législation lors de l’examen du texte en séance plénière à Strasbourg mercredi 16 avril. Mon groupe de la Gauche Unitaire Européenne a déposé un amendement pour étendre la « responsabilité solidaire » à d’autres secteurs que le bâtiment. Ils auraient pu voter pour cet amendement. C’est le contraire qui s’est passé. Les députés du PS et d’Europe Ecologie ont mêlé leurs voix à celles de la droite pour repousser notre amendement ! Ils se sont comportés en défenseurs de la nouvelle version contre le vœu des députés de la commission concernés. Dit plus crûment : ils ont sacrifié les droits des travailleurs européens pour ne pas déplaire à François Hollande !

La Confédération Européen des Syndicats est très dure : « Au mieux, le Parlement européen a échoué à renforcer la mise en œuvre de droits minimums et faibles pour ceux qui travaillent temporairement dans d’autres Etats membres. Au pire, il réduit la capacité de ces Etats qui essaient de renforcer cette directive de le faire dans le futur ». Envoyez ça a votre député socialiste local ! Le PS n’a-t-il pas que le « dialogue social » à la bouche, d’habitude ? Mais c’est seulement quand ça lui permet d’habiller ses cadeaux aux Medef. En l’occurrence, le PS a foulé aux pieds la position des syndicats européens.

Tout cela, vous n’en sauriez rien si vous lisez le Monde. Le journal de révérence n’a pas écrit une ligne dans ses éditions papiers sur ce vote au Parlement européen la semaine dernière. Sur son site internet, on trouve un seul article sur le sujet. Il traite du sujet essentiellement à partir de la position de Madame Le Pen. Le titre, raccoleur comme d’habitude, est centré sur elle : « Le Pen dénonce un texte européen « criminel » sur les travailleurs détachés ». A la toute fin, la journaliste explique que « Reste que dans cette bataille la présidente du FN, s'est trouvée des alliés dans les rangs de la gauche et de la gauche de la gauche, soucieux de rendre le texte plus protecteur pour les travailleurs. Parmi eux : Jean-Luc Mélenchon. Tout aussi peu familier de Strasbourg, le co-président du Parti de Gauche a fustigé une directive qui n'assure pas l'égalité entre les travailleurs. « Il n'y a pas de liberté sans égalité qui puisse produire la fraternité », s'est-il exclamé ». Mais l’article a été mis en ligne le 16 avril à 11h55. Juste avant le vote sur le texte. Du coup, une dernière phrase a dû être ajoutée après la publication, une fois le résultat du vote connu. Mais les lecteurs du Monde ne sauront pas que Le Pen s’est finalement abstenue. Que font les décodeurs ? A part les pitreries sur ma présence à Strasbourg, colportage de ragots, on voit que ce journal n’a même pas la décence de donner une information complète sur le sujet qu’il traite. C’est du journalisme ça ?

Au final, j’ai voté contre ce texte comme mes camarades de la GUE. Cette mascarade est insupportable. Le travail de désinformation des eurolâtres est écoeurant. Finissons avec cet aveu du gouvernement français sur le sujet. Dans un document du Secrétariat Général aux Affaires européennes, le gouvernement Valls affirme qu’il « il n’y a pas d’autres voies possibles dans le contexte actuel de l’Union européenne » que le compromis pourri adopté mercredi dernier. C’est un aveu de taille : ces gens là ont cessé le combat. Reddition unilatérale. Il est donc logique que toute l’Europe libérale s’essuie les pieds sur eux !

 

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