Nationalisation, socialistes et national-socialisme. Un excellent texte d'Yves.
Bonjour.
Excellent texte! Le rappel à l'histoire est particulièrement pertinent. Il faudrait le diffuser massivement, Il pourrait aider certains d'entre nous à ouvrir les yeux.
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Lucien PONS
Nationalisation, socialistes et national-socialisme
Après de multiples coups de théâtre, et le désaveu d’un de ses ministres, le gouvernement socialiste fidèle aux principes du PS, a fini par écarter la solution de la nationalisation de Florange.
Pour l’histoire, je tiens à rappeler qu'en 1946 ce sont les nationalisations menées par les ministres communistes nommés par le général De Gaulle, en cohérence avec les propositions du Conseil National de la Résistance, qui ont permis à la France de se sortir formidablement d'une situation difficile d'après-guerre. Déjà les socialistes en la personne de Robert Lacoste alors ministre de la production industrielle étaient opposés au programme de nationalisation de l’électricité proposé par le CNR. En mars les socialistes déposèrent à l’assemblée une proposition dite de ‘’socialisation de l’électricité’’.
Ce plan qui avait pour but de contrer celui du CNR, ne concernait que les secteurs de la production et du transport de l’électricité. Il ne comprenait pas ceux de la distribution et du gaz qui étaient pourtant des secteurs juteux.
Grace à la pugnacité des membres du CNR et de Marcel Paul qui sortait à peine de Buchenwald, les Industries Electriques et Gazières étaient finalement nationalisées, distribution et gaz compris, avec succès.
Comment se fait-il que ce qui était possible alors qu’il fallait tout reconstruire, ne le serait plus aujourd'hui ?
Lorsqu’EDF-GDF étaient nationalisés les tarifs de l’énergie étaient parmi les plus faibles d’Europe avec une qualité de fourniture hors pair. En 2004 après la privatisation de ces deux entreprises, les tarifs du gaz ont explosé et la qualité de fourniture et de service à l’abonné, devenu client, n’a fait que se détériorer.
Pour info : le prix du gaz a augmenté de 70% de 2005 à 2012, grâce aux ‘’bienfaits’’ du libre-échange et de la libre concurrence.
Comment des ministres socialistes peuvent-ils saborder les espoirs, des salariés de Florange et des salariés en général, en déclarant que l'état n'est pas un bon gestionnaire, alors qu’ils disaient le contraire pendant la campagne électorale, et qu’ils savent très bien que l’histoire a démontré l’inverse ? Est-ce l’ivresse ?
En 1946 on a confisqué les biens des entreprises scélérates pourquoi ne pas en faire autant aujourd’hui ?
Il est vrai que dernièrement les socialistes ont adopté main dans la main et avec la droite, le TSCG (Traité sur la Stabilité la Coordination et la gouvernance) Ce traité qui est une vraie fumisterie, une remise en cause sans précédent de nos institutions démocratiques, limite les moyens d’action d’une nation, notamment en lui interdisant toute intervention du type nationalisation.
Pour autant, je tiens à insister sur le fait qu’un état à condition qu’il le décide est souverain, et qu’à l’instar de plusieurs pays d’Amérique latine qui ont envoyé dans les roses le FMI et la Banque mondiale, ce qui leur a permis de sortir la tête de l’eau, la France pourrait lorsque son intégrité est mise en cause, faire agir sa souveraineté cesser d’être le vassal de l’Union Européenne, et sortir….. Sa tête de veau.
Drôle de logique que celle de l’UE, qui permet à certains états membres de refuser l’euro, mais qui ne permet pas à la France de sauver sa sidérurgie en nationalisant.
Pourquoi laisser tomber la sidérurgie en France alors que nous sommes considérés comme étant à la pointe de cette technique ?
La réponse à toutes ces questions est que nos dirigeants sont tous asservis à la politique ultralibérale imposée par l’Europe, voire même si l’on regarde un peu plus loin, à celle des USA qui souhaitent réaliser le GMT (Grand Marché Transatlantique) le pendant Européen de L’ALENA (Accord de Libre Echange des Etats Nord-Américains). Le GMT leur permettrait notamment, de noyer l’Europe de leur camelote grâce à une facilité d’échange accrue par une réglementation simplifiée….à leur avantage ! Car après avoir démolis à coup de normes et de directives nos élevages, notre agriculture, notre pêche, notre viticulture, nos industries, etc., etc. La voie du libre-échange à sens unique leur serait grande ouverte.
Paradoxalement, si cette politique ultralibérale du libre-échange et de la libre concurrence, n’oppose aucun problème à un état lorsqu’il intervient pour aider les grandes entreprises et les banques privées avec les deniers publics, elle ne supporte pas qu’un état intervienne en nationalisant une entreprise, qui après avoir gâché les aides publiques largement consenties, et après avoir bien enrichi ses actionnaires et son PDG, se contente de délocaliser, envoyant ses salariés à la pêche….activité qui d’ailleurs, ne se porte pas au mieux.
Pour résumer, cette politique permet à un état de renflouer les finances d’une grande entreprise ou d’une grande banque, mais elle ne lui permet pas de leur demander des comptes et encore moins de les sanctionner.
Pour ce qui est de la sidérurgie Française, compte tenu du savoir-faire reconnu, de l’autonomie qu’elle peut donner à la France en matière d’acier (une des matières premières la plus utilisée) et du bassin d’emplois qu’elle génère en tenant compte des sous-traitants, l’état Français aurait tout à gagner de son maintien voire de son développement.
Le problème, c’est que le capitalisme est mondialisé et que le maintien de la sidérurgie Française dont la technicité est reconnue, peut créer une sérieuse concurrence néfaste à ses intérêts, cela même en exploitant une main d’œuvre pas chère dans des pays où le droit des salariés est parfois réduit à néant. Le danger serait encore plus évident si la sidérurgie Française était nationalisée.
D’ailleurs les Etats Unis ne s’y trompent pas. Ils interviennent beaucoup plus qu’on ne le croit dans nos affaires et notamment grâce à la construction européenne qu’ils encouragent (Il est plus aisé d’influer sur une union de nations que sur plusieurs nations séparées) Pour eux la nationalisation est associée à une forme de protectionnisme et au-delà du problème idéologique, contraire à leurs intérêts économiques.
Si on regarde un peu l’histoire, l’idée d’une union européenne a même été initiée par l’oncle SAM. Voir le 3eme des ‘’14 points de WILSON’’, prononcés devant le congrès des états Unis le 8 janvier 1918 par le président Woodrow WILSON.
‘’ Retrait, autant que possible de toutes les barrières économiques, et établissement d’une égalité des conditions de commerce parmi toutes les nations désirant la paix et s’associant pour la maintenir’’
C’était en 1918, mais avouez qu’il y a pas mal de ressemblance avec certains passages du Traité de Constitution Européenne que nous avions rejeté en mai 2005, et l’idée destructrice pour la classe ouvrière du ‘’marché libre non faussé et de la libre concurrence’’. Il y avait déjà la petite dose de paix pour que ça passe mieux.
Les USA ont d’ailleurs fortement influencé, afin que l’Allemagne instigatrice et grande perdante de la 1ere guerre mondiale, n’ait pas à payer les dégâts qu’elle avait causés et pour lesquels elle avait été condamnée. Ceci eut pour effet, un réarmement plus rapide de celle-ci, en vue de préparer la seconde guerre mondiale…..Quelques années plus tard donc, après avoir ôté la pointe des casques de ses soldats et avoir transformé ses aimables Sections d’Assaut (S.A) en délicates mais non moins actives Schutzstaffel (S.S), sa frénésie de tourisme la conduisit à nouveau dans nos frontières, qu’elle franchit avec une aisance plutôt suspecte.
Drôles d’alliés ces Américains ! Drôle de guerre……
Pour en revenir à nos moutons, je pense que le gouvernement actuel joue avec le feu en laissant une bonne tribune à un Front National qui profite de l'aubaine, et qui dans un rôle de ‘’décomposition’’ opportuniste, défend corps et âme le principe de la nationalisation de Florange. On aura tout vu !
Je remercie l'extrême droite voire la droite, d’évoquer la nationalisation comme possibilité, mais pour autant que je sache elles ont toujours été au service du grand capitalisme et des grands patrons, et les nationalisations n'ont jamais été leur tasse de thé !
Il est vrai toutefois, que l’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et que désirant attirer les pauvres marins perdus, les sirènes déguisent parfois leur voix pour mieux chanter.
Une petite dose de xénophobie en plus sur le principe du bouc émissaire, et ça marche....sur les pas d'un certain Parti National Socialiste des Travailleurs....plus connu comme parti Nazi....vous vous zouvenez ?...........
1933….En Allemagne !
Un certain Adolph, promettait le bonheur aux travailleurs, mais je crois qu’en matière de nationalisation, il n’a pas nationalisé grand-chose……….. À part peut-être les camps de concentration.
La situation actuelle présente pas mal d’analogies avec la phase qui précéda la période noire. La monté de l’extrême droite européenne est réelle, voir l’exemple de la Hongrie, mais aussi l’Autriche, la Hollande etc...
Cette évolution inquiétante s’appuie sur l’abandon par tous les gouvernements de l’intérêt des populations à l’avantage des gros intérêts financiers. Les peuples n’en peuvent plus, et la tentation simpliste de l’extrême droite fait son travail.
Enfin je me permets un petit conseil :
Méfiez-vous des apparences. Même lorsqu’elle n’a pas de moustache, et même lorsqu’elle a un physique de Miss France (je parle de la petite fille bien sûr), l’extrême droite est toujours l’extrême droite.
Bien sûr il faut défendre Florange, mais surtout, il faut défendre les travailleurs de partout où ils sont mis en difficulté, et leur faire prendre conscience des dangers de certaines dérives opportunistes dont ils feront les frais.
Faisons agir notre mémoire collective, elle est le meilleur vaccin contre la peste brune qui se développe dès que la misère et l’ignorance pointent le bout de leur nez.
Yves Cimbolini.
Le 08 Janvier 2013